PARIS: La justice française a relaxé vendredi l'ex-président du Front national (FN) Jean-Marie Le Pen, qui était jugé pour provocation à la haine raciale, sept ans après des propos qui avaient suscité un tollé et semé la discorde dans son parti.
En 2014, alors qu'il s'en prenait à des artistes engagés contre l'extrême droite, dont le chanteur et acteur Patrick Bruel, d'origine juive, Jean-Marie Le Pen avait déclaré dans une vidéo: "Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois!"
Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu que les propos de M. Le Pen avaient pour cible la communauté juive, car "le mot fournée" renvoyait à "l'image quand bien même symbolique du processus d'extermination systématique des Juifs d'Europe", a expliqué la présidente du tribunal.
Cependant, le tribunal a jugé qu'il s'agissait, non pas d'un appel à la discrimination et à la violence, mais d'"une jubilation pour faire un bon mot face à un auditoire acquis" à Jean-Marie Le Pen.
L'ex-candidat à l'élection présidentielle, âgé de 93 ans, n'était pas présent à l'énoncé du jugement.
Mais Jean-Marie Le Pen a aussitôt déclaré: "Les faits l'ont emporté sur la malveillance. Je me réjouis que dans cette affaire qui était évidente le tribunal a jugé suivant le droit".
Lors du procès, le ministère public avait considéré que les propos de M. Le Pen constituaient une "grave faute morale", mais n'avait pas présenté de réquisitions.
Son coprévenu Jean-François Jalkh, ex-directeur de publication du site internet du FN, a lui aussi été relaxé.
Ces propos avaient à l'époque déclenché une pluie de condamnations et semé la discorde au sein du FN. Sa fille Marine Le Pen, alors présidente du parti d'extrême droite, rebaptisé depuis Rassemblement national, avait décrit "une faute politique".
Le cofondateur du parti avait été exclu du mouvement à l'été 2015, avant d'être déchu de sa présidence d'honneur au congrès de mars 2018.
Jean-Marie Le Pen a plusieurs fois été condamné par la justice. En 1993, il s'était vu infliger une amende pour son jeu de mots de 1988, "Durafour crématoire", visant le ministre de la Fonction publique de l'époque, Michel Durafour.
Il avait également été condamné pour "contestation de crime contre l'humanité", quand il avait qualifié à plusieurs reprises les chambres à gaz de "point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale".