PARIS: Moratoire sur les fermetures de lits pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), "faire sauter l'idée du numerus clausus" pour Anne Hidalgo (PS): deux des candidats de gauche à la présidentielle ont avancé jeudi leurs solutions pour remédier aux maux de l'hôpital public.
Après l'interminable épreuve pour les soignants de la crise de la Covid, et malgré une enveloppe de 19 milliards d'euros promise dans le cadre du Ségur de la Santé, la situation y reste critique: le dernier avis du Conseil scientifique, révélé mercredi par Libération, fait état d'"environ 20%" de lits fermés, malgré un "recours déjà important et en augmentation aux heures supplémentaires et à l'intérim".
Le ministre de la Santé Olivier Véran a reconnu une "situation compliquée": des chiffres extrapolés de données issues de 16 CHU montrent selon lui "une hausse de près d'un tiers des postes vacants chez les paramédicaux par rapport à l'automne 2019".
Un constat alarmant très commenté à six mois de la présidentielle, surtout à gauche.
La présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot a dénoncé jeudi sur franceinfo "la politique austéritaire menée sur la santé" depuis plusieurs dizaines d'années, tandis que son candidat, Jean-Luc Mélenchon, plaidait pour "des solutions concrètes", dont "un moratoire sur les fermetures de lits" et des augmentations de salaires.
"Mieux payer les gens, arrêter de fermer les lits. Faites autrement si vous voulez ; vous n'aurez plus de lits ni de soignants, voilà ce que vous aurez !", a-t-il lancé sur BFMTV, ajoutant la nécessité de "titulariser tous les contractuels, (...) qui vivent dans la précarité".
«Numerus clausus»
Au PS, la candidate Anne Hidalgo a redit sur BFMTV et RMC son intention de "travailler sur les conditions de travail et sur les salaires" des soignants si elle était élue.
Au lendemain d'un déplacement sur ce thème de l'hôpital public, où elle a promis "un plan de recrutement massif", elle a aussi expliqué vouloir "faire sauter complètement cette idée de numerus clausus (système qui limite le nombre d'étudiants, ndlr), qui nous a empêchés pendant très longtemps de recruter", et former "15 000 médecins par an" contre "moins de 10 000" aujourd'hui.
Une proposition qui lui a attiré les foudres de la majorité, alors que la réforme du numerus clausus votée en 2019 et mise en oeuvre en 2021 par le gouvernement y a mis fin à proprement parler - elle laisse toutefois les universités fixer elle-mêmes leurs capacités d'accueil.
"Supprimer le numerus clausus ? Nous l'avons fait. Il y a 2 ans. Former plus de 10 000 médecins par an ? C'est le cas. Former plus d'infirmiers et aide-soignants ? 6 000 places en plus cette année. Sans compter la revalorisation des carrières et rémunérations", a tweeté Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée nationale.
À droite, Philippe Juvin, candidat à la candidature LR à la présidentielle et chef du service des urgences de l'hôpital Pompidou à Paris, a aussi souhaité, jeudi sur LCI, la fin des fermetures de lits et le "doublement" du nombre d'infirmières, d'aide-soignants et de médecins "en formation dans les écoles".
Selon une étude de la Drees publiée fin septembre, les hôpitaux enregistraient fin décembre 2020 un total de 5 700 lits d'hospitalisation complète fermés de plus qu'à fin décembre 2019.
À cela s'ajoutent des lits non opérationnels par manque de soignants. Selon la Fédération hospitalière de France (FHF), le taux d'absentéisme est "de l'ordre de 10%" et celui des postes vacants de soignants de "2 à 5%" au sein des hôpitaux et des établissements médico-sociaux publics.