En banlieue, un audacieux projet de «musée du logement populaire»

L'Amulop espère trouver un bâtiment qui compterait entre 10 et 40 logements et suffisamment ancien pour bénéficier d'une «profondeur historique», après s'être concentrée sur la seule seconde partie du XXe siècle avec la cité Émile-Dubois. (AFP)
L'Amulop espère trouver un bâtiment qui compterait entre 10 et 40 logements et suffisamment ancien pour bénéficier d'une «profondeur historique», après s'être concentrée sur la seule seconde partie du XXe siècle avec la cité Émile-Dubois. (AFP)
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Publié le Jeudi 28 octobre 2021

En banlieue, un audacieux projet de «musée du logement populaire»

  • Une fois certaines familles sélectionnées, le collectif se met à la recherche de survivants ou de témoins
  • L'idée de ce musée leur est venue il y a quelques années, en découvrant le Tenement Museum dans le Lower East Side de New York

AUBERVILLIERS: Créer un musée dans un immeuble de banlieue parisienne consacré à la vie quotidienne des habitants qui y ont vécu au fil du temps: c'est l'ambitieux projet d'histoire populaire porté par un collectif de professeurs et universitaires, qui testent actuellement leur dispositif dans un HLM de Seine-Saint-Denis.


Au milieu du va-et-vient des habitants de la cage d'escalier 10 de la cité Émile-Dubois d'Aubervilliers, une modeste barre de quatre étages inaugurée en 1958, la porte rouge d'un appartement s'ouvre sur un intérieur où le temps a rembobiné jusqu'aux années 1960.


Bienvenue chez les Croisille, une famille de deux parents et trois enfants qui a réellement vécu dans cet immeuble à l'époque et dont l'Association pour un musée du logement populaire (Amulop) a reconstitué le parcours et le quotidien grâce à un vertigineux travail de recherche documentaire.


Sur le buffet adjacent au téléviseur surmonté d'une authentique photo de famille, un poste de TSF côtoie une carafe publicitaire Ricard et un vide-poches où traîne un billet de cent francs. Un bleu de travail pend face au lit conjugal. Dans la chambre des enfants, des 45 tours de Johnny Hallyday et Salvatore Adamo s'empilent.


Déambulant à travers le petit trois-pièces, la guide raconte la journée du père de famille, Jacques, ouvrier qualifié qui embauche à 7h30 du matin chez Baccarat et aime écouter de la bourrée auvergnate pour se détendre. Puisant dans un scénario épais d'une trentaine de pages fruit de recherches historiques méticuleuses, chaque visite prend comme fil directeur la vie d'un membre différent de la fratrie.


C'est ainsi que l'Amulop étrenne, depuis mi-octobre, dans des appartements prêtés par l'office HLM d'Aubervilliers, son concept d'un "musée du logement populaire", qui ambitionne de raconter l'Histoire à travers des micro-histoires des classes populaires.


Pour la plupart travaillant en Seine-Saint-Denis, la quinzaine d'enseignants, chercheurs ou archivistes, qui forment le collectif fondé en 2014, font le constat d'un "manque" dans ce département pauvre. 


"Les élèves n'ont pas du tout le sentiment de faire partie de l'Histoire, ni parisienne, ni nationale, et ils ont l'idée que leur histoire n'est pas importante et ne mérite pas d'être racontée", explique à l'AFP Diane Chamboduc, médiéviste et professeure d'histoire-géographie à Aubervilliers.

De New York à Aubervilliers 
L'idée de ce musée leur est venue il y a quelques années, en découvrant le Tenement Museum dans le Lower East Side de New York, un quartier au riche passé migratoire, construit sur ce principe d'"histoire incarnée" racontant l'existence des anciens occupants des lieux.


"Les appartements sont reconstitués à des époques différentes depuis la fin du XIXe. Donc, il y a un appartement fin XIXe, un début XXe, un de l'entre-deux-guerres, un après la Seconde guerre mondiale... À travers un immeuble, vous avez toute l'histoire des couches populaires dans leur mode d'habiter", décrit l'historien Sébastien Radouan, maître de conférences à l'école d'architecture de Paris-La Villette.


Pour documenter la vie des habitants, les chercheurs de l'Amulop fouillent dans tous les fonds possibles et imaginables, des archives de l'Office Public de l'Habitat (OPH) aux dossiers militaires en passant par les fiches de recensement ou les documents judiciaires.


Une fois certaines familles sélectionnées, le collectif se met à la recherche de survivants ou de témoins. Ils ont ainsi retrouvé l'une des filles Croisille à l'autre bout de la France, qui a pu leur dessiner l'agencement de l'appartement en 1967, leur prêter des photos de famille ou leur préciser quel type de manteau portait son grand frère.


Pour recréer une atmosphère d'époque, les objets sont ensuite chinés un par un dans des brocantes, sur internet ou récupérés grâce à des donations, constituant ainsi un début de collection pour le futur musée.


Après cette exposition qui dure jusqu'en juin, l'association compte se mettre en quête d'un lieu en première couronne parisienne pour s'établir durablement. "L'objectif est un immeuble", idéalement en Seine-Saint-Denis, indique Sébastien Radouan.


L'Amulop espère trouver un bâtiment qui compterait entre 10 et 40 logements et suffisamment ancien pour bénéficier d'une "profondeur historique", après s'être concentrée sur la seule seconde partie du XXe siècle avec la cité Émile-Dubois.


Habitant de Seine-Saint-Denis et l'un des guides formés pour mener les visites, Samir Rouab voit dans ce projet un lien entre le passé et le présent: "j'ai trouvé qu'il y avait un écho avec l'histoire de ma famille, l'arrivée de l'Algérie, l'hôtel meublé..."


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.