Maires de France : la succession de Baroin prise dans la tourmente de la présidentielle

La succession de François Baroin prend l'allure d'un test à cinq mois de la présidentielle, avec deux candidats qui s'opposent sur le rôle à tenir face à Emmanuel Macron. (AFP)
La succession de François Baroin prend l'allure d'un test à cinq mois de la présidentielle, avec deux candidats qui s'opposent sur le rôle à tenir face à Emmanuel Macron. (AFP)
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Publié le Jeudi 28 octobre 2021

Maires de France : la succession de Baroin prise dans la tourmente de la présidentielle

  • Deux listes s'affronteront lors du congrès de l'AMF qui se tiendra du 16 au 18 novembre à Paris
  • Cette élection n'échappe pas aux calculs électoraux pour la présidentielle: le maire de St-Etienne dénonce des «intérêts malsains»

PARIS: La succession de François Baroin à la tête de la puissante Association des maires de France (AMF) prend l'allure d'un test à cinq mois de la présidentielle, avec deux candidats qui s'opposent sur le rôle à tenir face à Emmanuel Macron.


Deux listes s'affronteront lors du congrès de l'AMF qui se tiendra du 16 au 18 novembre à Paris: celle du maire LR de Cannes David Lisnard, adoubé par le président sortant, face à celle de l'élu de Sceaux (UDI) Philippe Laurent. 


Si les deux candidats s'engagent à défendre les intérêts des plus de 34 000 membres de l'association, ils divergent sur l'héritage de M. Baroin au terme d'un mandat marqué par des tensions avec l'exécutif.  


Secrétaire de l'AMF, M. Laurent, 67 ans, qui taxe toujours d'"erreur majeure" la suppression de la taxe d'habitation, déplore "un rayonnement de l'AMF moins important aujourd'hui". Un fait "peut-être lié à une préoccupation trop importante de se situer par rapport au gouvernement voire au président de la république", dit-il, laissant entendre que l'AMF est sortie de son rôle.


Face à lui, M. Lisnard, vice-président et porte-parole de l'association, s'inscrit dans la lignée de M. Baroin en dénonçant une "dévitalisation des communes qui s'est accentuée ces dernières années, au fur et à mesure des réformes fiscales qui ont dépouillé les communes de leur liberté de lever l'impôt".


Repoussée d'une année en raison de la crise sanitaire, cette élection n'échappe pas aux calculs électoraux pour la présidentielle: le maire de St-Etienne Gaël Perdriau, vice-président de LR et soutien de M. Laurent, dénonce des "intérêts malsains". 


A ses yeux, il y aurait eu un "troc" avec David Lisnard qui se serait "retiré de la course à l'investiture LR à l'Elysée en échange de la présidence de l'AMF", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse.


Une accusation rejetée avec virulence par le maire de Cannes: "C'est complètement faux et du dénigrement!", réagit-il auprès de l'AFP. "Il n'y a pas eu de marchandage!".

«Pas de tapis rouge»
Chez les Républicains, qui s'apprêtent à désigner leur candidat à l'Elysée le 4 décembre, Gaël Perdriau n'est pas le seul à soutenir Philippe Laurent, à l'image du président de la région PACA, Renaud Muselier, qui n'a pas digéré que M. Lisnard ne l'ait pas soutenu au printemps lors des régionales, après sa décision d'intégrer des LREM sur sa liste. 


"Ce n'est pas le Festival de Cannes avec le tapis rouge", s'est-il emporté sur BFM et RMC: "Aujourd'hui, il se marie avec les socialistes, les communistes et les Verts (...) qu'il a combattus toute sa vie. C'est un opportuniste", raille Renaud Muselier. 


Pour sa part, M. Lisnard se plaint "d'une volonté de victimisation" de la part de ses adversaires et contre-attaque en accusant son rival d'être soutenu par la majorité présidentielle et par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui a lancé récemment son parti Horizons.


"Au départ, ce n'était pas dans sa démarche. Mais c'est devenu une réalité par nécessité", explique M. Lisnard à l'AFP. "Il suffit de voir à quel point Thierry Solère (conseiller d'Emmanuel Macron) et Jacqueline Gourault (ministre de la Cohésion des territoires) et d'autres s'investissent dans cette campagne", assure-t-il.


André Laignel, maire PS d'Issoudun et premier vice-président sortant de l'AMF depuis 2008, renchérit en assurant que "l'indépendance de l'AMF est en jeu". "D'un côté, il y a une liste monocolore qui est très largement dominée par des proches du pouvoir et de l'autre une liste de rassemblement intégral", explique-t-il, précisant que la majorité présidentielle a "refusé" d'intégrer la liste de M. Lisnard.  


Du côté de l'exécutif, on rejette toute ingérence: "Philippe Laurent ne nous a pas demandé notre avis, il est parti en campagne tout seul", soutient une source gouvernementale. "Cherchez d'ailleurs une seule déclaration de sa part favorable au gouvernement !", ajoute-t-elle.


"Je n'ai été téléguidé par personne. Je ne suis pas le porte-voix de quelqu'un", se défend le maire de Vesoul, Alain Chrétien, soutien de M. Laurent et membre d'Agir, formation qui fait partie de la majorité présidentielle.


"Je n'ai reçu aucune marque de soutien d'Edouard Philippe", assure M. Laurent qui souligne, au passage, avoir obtenu celui du maire socialiste du Mans, Stéphane le Foll, malgré la présence de M. Laignel aux côtés de M. Lisnard.


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.