RIYAD: Il était surprenant de voir que les grands hommes d’affaires et les grands gestionnaires d’actifs soient si mécontents du rythme rapide de l’action environnementale au détriment de la reprise économique mondiale.
Depuis des années, les pays producteurs de pétrole comme l’Arabie saoudite avertissent que le monde va trop vite dans sa démarche de réduction des émissions de carbone, engendrant une baisse notable des fonds alloués aux projets d’hydrocarbures.
Ces inquiétudes ont été clairement exprimées par le prince Abdelaziz ben Salmane, ministre saoudien de l’Énergie, et d’autres hauts responsables saoudiens.
Les avertissements des producteurs de pétrole sont rarement les bienvenus, mais face à la réalité, les grands investisseurs font désormais savoir sans ambiguïté qu’une crise de l’approvisionnement énergétique pourrait être imminente si le sous-investissement dans les projets pétroliers et gaziers se poursuit.
Lors du Future Investment Initiative Forum à Riyad, les principales entreprises de Wall Street ont mis en garde contre le risque d’une augmentation durable des prix du pétrole.
Larry Fink de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, a révélé qu’il y a une «forte probabilité» que le pétrole atteigne 100 dollars (1 dollar américain = 0,86 euro) le baril.
Il a réitéré les préoccupations qu’il avait soulevées lors du récent Sommet de l’Initiative verte du Moyen-Orient, où il avait clairement indiqué qu’il soutenait les investissements dans les hydrocarbures car le monde a besoin de sources d’énergie abordables.
Des acteurs de premier du Fonds d’investissement public d’Arabie saoudite, de la société de gestion d’actifs Ninety One et de HSBC Holdings ont tous appelé à une augmentation du rythme des investissements dans les hydrocarbures.
Fahad al-Saif, responsable de Global Capital Finance au Fonds d’investissement public, a déclaré aux délégués: «L’essence de l’urgence n’est pas encore là. Il doit y avoir une collaboration entre les institutions mondiales; c’est un problème de confiance dans la livraison.» Il a ajouté: «Je m’inquiète de l’équilibre du rythme auquel nous avançons.»
Ses préoccupations ont été reprises par John Green, directeur commercial de Ninety One, qui a affirmé que 60 à 70% des conversations qu’il a avec ses clients portent sur l’énergie.
Le prince Abdelaziz ben Salmane a souligné que les plans ambitieux de l’Arabie saoudite visant à réduire les émissions de carbone à zéro net d’ici 2060 ne signifient pas qu’il y aura moins d’investissements dans le pétrole.
Malgré les promesses d’atteindre le zéro net et de devenir un leader mondial des énergies renouvelables, le pays souhaite rester l’un des principaux pays producteurs de pétrole au monde, selon une stratégie annoncée par le ministre.
Le plan «Claim and Retain Leadership» (Revendiquer et conserver le leadership) reflète le désir du Royaume de maintenir sa domination dans le secteur pétrolier, la «prééminence sur les marchés de l’énergie» étant l’un des principaux objectifs de ce plan.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com