Une société jordanienne fait florès sur le marché arabe des jeux sur smartphone

Les bureaux de Tamatem, le 30 septembre à Amman (Photo, AFP).
Les bureaux de Tamatem, le 30 septembre à Amman (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 24 octobre 2021

Une société jordanienne fait florès sur le marché arabe des jeux sur smartphone

  • Fondée en 2013, Tamatem -- tomate en arabe -- a été la première entreprise arabe à obtenir des investissements de la part du programme «500 Startups» basé dans la Silicon Valley
  • Avec des bureaux à Amman mais aussi aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite, Tamatem a sorti plus de 50 jeux qui ont été téléchargés plus de 100 millions de fois.

AMMAN, Jordanie: Pas de pomme pour logo mais une tomate. N'empêche qu'en seulement huit ans la société jordanienne Tamatem a déjà croqué une bonne part de marché dans le secteur lucratif des jeux, en arabe, sur smartphone.

"Il y a 400 millions d'utilisateurs arabes de téléphones portables, et pourtant moins de 1% du contenu sur internet est en arabe", observe Hussam Hammo, fondateur et directeur de Tamatem.

"Il existe ainsi un grand vide sur le marché qu'on tente de combler", ajoute l'entrepreneur de 38 ans, dans son bureau d'Amman. 

Fondée en 2013, Tamatem -- tomate en arabe -- a été la première entreprise arabe à obtenir des investissements de la part du programme "500 Startups" basé dans la Silicon Valley, en Californie.

Depuis, la compagnie s'est étoffée pour atteindre environ 80 salariés qui traduisent en arabe des jeux sur téléphone portable et adaptent aussi leur contenu à la culture de la région.

"La langue était une barrière à la croissance des jeux sur smartphone" au Moyen-Orient, explique Nour Khrais, fondateur et directeur de Maysalward, un développeur de jeux.

«Lien émotionnel»

"La langue arabe procure un lien émotionnel" avec le joueur, selon lui.

Avec des bureaux à Amman mais aussi aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite, Tamatem a sorti plus de 50 jeux qui ont été téléchargés plus de 100 millions de fois. 

"70% des utilisateurs de smartphone dans le monde arabe ont paramétré leur téléphone en arabe ce qui veut dire qu'ils aiment utiliser du contenu dans leur langue maternelle", constate M. Hammo.

"Vous trouvez des millions de jeux en anglais dans des app stores (boutique d'applications, NDLR), mais si vous en cherchez en arabe, vous n'en aurez que quelques milliers", ajoute-t-il.

La concurrence est rude, M. Khrais expliquant que le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord constituent "les régions avec la plus grande croissance en matière de jeux électroniques".

La société Mordor Intelligence, analyste marketing, a évalué le marché du jeu électronique international en 2020 à 174 milliards de dollars (environ 150 milliards d'euros), l'estimant à 314 milliards en 2026 (environ 270 milliards d'euros).

Tamatem -- notamment en relation avec des compagnies américaines, chinoises, françaises, sud-coréenne -- convertit les jeux en remplaçant les voix et les noms des personnages, en adaptant la musique et l'habillement ou en changeant même les plaques d'immatriculation des voitures. 

"On ne fait pas seulement de la traduction, on (...) rend le contenu pertinent pour la culture arabe", indique le chef d'exploitation de Tamatem, Eyad Al Basheer.

"Hollywood Story" de Nanobit.com, dans lequel les joueurs peuvent se prendre pour des stars de cinéma, marcher sur le tapis rouge ou côtoyer des fans, a été rebaptisé "Malekat al Moda", soit la "Reine de la mode" en arabe. Et à la place de New York ou Los Angeles, les avatars voyagent entre Dubaï, Beyrouth ou Le Caire. Le jeu en arabe a été déjà téléchargé plus de 15 millions de fois. 

Le jeu "Clash of Empire" de Leme Games a aussi lancé cette année sa version arabe "Tahadi Al-Molouk".

Pour se conformer au public local, la figure du célèbre roi Richard Coeur de Lion y a été remplacée par le guerrier et chef arabe, Salah al-Din al-Ayoubi.

«Quatrième révolution»

L'un des plus grands succès de Tamatem est "Shake the Metal" où le joueur fait des courses automobiles en faisant déraper sa voiture. Mettant en scène des modèles de voitures prisés dans le monde arabe, il a été téléchargé cinq millions de fois.

Le jeu le plus populaire reste cependant "VIP Belote", basé sur le jeu de carte français du même nom, téléchargé plus de 20 millions de fois. 

Dans un rapport de 2019 du Forum économique mondial, Tamatem a été distingué comme l'une des 100 meilleures compagnies arabes façonnant "la quatrième révolution industrielle". 

Et la pandémie de Covid-19 a cette fois constitué une véritable aubaine, avec le nombre de joueurs sur smartphones augmentant de 150%, selon M. Hammo.

"Tamatem a rendu les jeux plus simples" et compréhensibles pour les joueurs arabophones, témoigne le gamer Khader Hamid, un ingénieur de 28 ans.

Mona Rummaneh, qui travaille dans le e-marketing, est-elle aussi séduite car "confiante dans le fait que le contenu est approprié à la culture et à la morale" de la région.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com