LONDRES : Les pourparlers ayant pour but de freiner le programme d'armement nucléaire iranien sont sur le point de s'effondrer, a déclaré à The Independent une source anonyme d'un gouvernement qui participe aux négociations.
Les négociations qui se poursuivaient à Vienne plus tôt cette année ont été interrompus lorsque Téhéran a élu son nouveau président, Ebrahim Raïssi, qui est un partisan de la ligne dure religieuse et politique et un proche allié du guide suprême, l'ayatollah Khamenei.
Depuis lors, l'Iran n'est pas revenu d’une manière sérieuse aux pourparlers et a plutôt augmenté la production d'uranium enrichi et pris d'autres mesures qui le rapprochent de plus en plus de la bombe nucléaire.
Le Plan d'action global conjoint (JCPOA), convenu en 2015 entre l'Iran, les États-Unis, la Chine, la Russie et d'autres puissances mondiales, a obligé Téhéran à suspendre son programme nucléaire militaire en échange d'un allégement des sanctions, mais l'accord s’est effondré après.
Présentement, les négociations pour un retour au JCPOA sont sur le point de s'effondrer, a rapporté The Independent.
«L'accord n'est pas totalement mort, mais il est entre la vie et la mort », a déclaré un responsable d'un gouvernement qui participe aux pourparlers. Ce responsable a parlé sous couvert d'anonymat.
Les États-Unis ont accusé la partie iranienne de traîner les pieds pour revenir à la table des pourparlers. Le porte-parole du département d'État, Ned Price, a déclaré aux journalistes «ce n'est pas une action qui peut se poursuivre indéfiniment».
Le ministre israélien des Finances, Avigdor Liberman, a averti cette semaine qu’«une confrontation avec l’Iran n’est qu’une question de temps, et surtout pas beaucoup de temps».
L'équipe de Raïssi a affirmé qu'elle avait besoin de temps pour installer son nouveau gouvernement, c'est pourquoi il y a des retards. Mais le responsable qui fait partie de l’équipe participant aux pourparlers a révélé : «S'ils ne font que gagner du temps tout en améliorant leur programme nucléaire, nous devrons changer notre approche».
Certains analystes soupçonnent l'Iran d'enrichir davantage d'uranium et d'augmenter sa capacité de production pour acquérir davantage d'influence s'il choisit de rejoindre les pourparlers.
Sanam Vakil, directrice adjointe du programme sur l’Iran au groupe de réflexion basé à Londres Chatham House, a déclaré à The Independent : «Les Iraniens ont du mal à élaborer une stratégie et à dégager un consensus. Leurs atermoiements peut être considérée comme une action pour accroître son influence, mais c'est aussi le reflet d'une paralysie interne».
Elle a poursuivi : «Ils pensent pouvoir survivre à toute sanction à venir car ils ont survécu au pire jusqu'à présent. Mais cela est un calcul dangereux. Ils sont toujours stratégiquement sur le fil du rasoir. Le résultat au niveau national pourrait être dangereux à long terme. Oui, ils ont le monopole de la violence. L'économie est paralysée, le niveau de pauvreté augmente et la dette augmente aussi».
La source interne a confié à The Independent : «Si les Iraniens voulaient vraiment prendre leur temps, pourquoi continuer à enrichir davantage de l’uranium et ainsi s’éloigner de l’accord nucléaire ?
«Pourquoi ne pas geler leurs opérations d’enrichissement d’uranium ? S'ils abandonnent les pourparlers, il n’ont certainement pas de bonnes options. Ce serait une erreur de calcul de croire que tout le monde serait simplement indifférent à la question nucléaire».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com