Pourquoi l’Iran préfère la guerre des drones par procuration

Une photo publiée par le bureau de l’armée iranienne le 5 janvier 2021 montre des responsables militaires inspectant des drones exposés avant une opération militaire dans un endroit non divulgué au centre de l’Iran. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)
Une photo publiée par le bureau de l’armée iranienne le 5 janvier 2021 montre des responsables militaires inspectant des drones exposés avant une opération militaire dans un endroit non divulgué au centre de l’Iran. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)
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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

Pourquoi l’Iran préfère la guerre des drones par procuration

  • Les cibles comprennent les aéroports civils, les principaux sites de stockage de pétrole, les expéditions commerciales et les installations militaires et diplomatiques
  • Selon les experts, l’utilisation par le Corps des gardiens de la révolution islamique de mandataires comme les Houthis et les milices chiites irakiennes pour mener des frappes par drones lui accorde la possibilité du déni plausible

WASHINGTON: Au cours des derniers mois, des attaques par missile rôdeur – un genre de drone conçu par le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran – ont été lancées contre des établissements civils dans diverses parties de la péninsule Arabique.

Les Houthis, pions politiques de l’Iran au Yémen, ont acquis le savoir-faire et les éléments nécessaires pour utiliser la technologie dans le cadre d’une stratégie régionale qui a conduit à des attaques accrues de drones dans tout le Moyen-Orient.

Lors d’une attaque particulièrement dévastatrice qui a eu lieu le 14 septembre 2019, les installations pétrolières d’Abqaïq et de Khurais en Arabie saoudite ont été gravement endommagées par une combinaison de missiles et de drones, provoquant des ondes de choc sur le marché mondial du pétrole.

La fabrication des drones est relativement peu coûteuse. Ces derniers sont difficiles à contrer, en particulier les munitions vagabondes – ou drones suicides – utilisées de plus en plus par l’Iran et ses mandataires pour porter atteinte aux intérêts arabes, américains et israéliens au Moyen-Orient.

Les cibles comprennent les aéroports civils, les principaux sites de stockage de pétrole, les expéditions commerciales et les installations militaires et diplomatiques.

Les planificateurs des politiques de défense et les responsables militaires ont du mal à trouver une stratégie qui puisse contrer efficacement l’exploitation réussie par l’Iran de la guerre asymétrique pour renforcer ses capacités nationales en matière de production de drones.

Ali Bakir, chercheur adjoint au centre Ibn Khaldon pour les sciences humaines et sociales de l’Université du Qatar, affirme que Téhéran profite des frappes de drones menées par ses mandataires extrémistes pour renforcer sa position dans la région. Une réponse coordonnée des alliés régionaux est nécessaire pour éviter de nouvelles attaques, ajoute-t-il.

«Bien qu’ils ne soient pas sophistiqués, les drones de l’Iran constituent une menace croissante pour les pays voisins et compromettent la sécurité dans le Golfe», déclare M. Bakir dans un entretien à Arab News.

«Cette menace découle du fait que Téhéran utilise des drones dont la technologie est relativement primitive pour compenser le manque de munitions adéquates et de systèmes de ciblage perfectionnés. Équiper la franchise régionale du Corps des gardiens de la révolution islamique avec ces drones permet à l’Iran d’étendre sa portée et son pouvoir meurtrier.»

«Malgré les dégâts graves causés par les drones iraniens utilisés pour attaquer les installations pétrolières stratégiques de l’Arabie saoudite en 2019, il est surprenant de constater qu’aucune réponse adéquate et tactique n’a encore été mise en place pour contrer la menace des drones de Téhéran, que ce soit par les pays arabes ou les États-Unis.»

L’utilisation par le Corps des gardiens de la révolution islamique de mandataires comme les Houthis et les milices chiites irakiennes à l’image des Kataeb Hezbollah pour mener des frappes par drones lui accorde la possibilité du déni plausible. À ce jour, sa production en plein essor n’a jamais fait l’objet d’une intervention militaire.

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Un missile fabriqué en Iran est tiré par des Houthis sur l’Arabie saoudite en 2017. (AFP)

Un missile fabriqué en Iran est tiré par des Houthis sur l’Arabie saoudite en 2017. (AFP)

En conséquence, les attaques par drones se sont poursuivies, y compris la frappe de ce mois-ci contre l’aéroport du roi Abdallah dans la ville de Jazan, au sud de l’Arabie, qui a fait au moins dix blessés parmi les civils.

Les analystes ont également mis en évidence la capacité de l’Iran à contourner les sanctions mondiales en vue d’acquérir les composants et la technologie nécessaires pour produire en masse des drones chargés d’explosifs.

Cela a permis à des groupes terroristes désignés, entraînés et équipés par la force extraterritoriale Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique d’utiliser des drones, des hauteurs du Golan au détroit d’Ormuz.

Sans une stratégie régionale globale qui adopte une attitude proactive pour dissuader et affaiblir les capacités de l’Iran en matière de drones de combat, Téhéran et son réseau transnational de groupes militants pourraient conclure que les avantages l’emportent sur le coût de l’intensification des attaques.

«Je pense que la réponse à la menace croissante de l’Iran devrait être proactive, collective et multidimensionnelle», poursuit M. Bakir.

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Une photo fournie par le ministère saoudien des Médias le 10 février 2021 montre la coque endommagée d’un avion Flyadeal Airbus A320-214 sur le tarmac de l’aéroport international d’Abha, dans la province d’Asir, au sud de l’Arabie saoudite. (AFP/Ministère saoudien des Médias)

«En d’autres termes, contrer la menace des drones de Téhéran devrait intégrer des efforts de renseignement pour bloquer les composants étrangers introduits en contrebande d’Allemagne, de France, des États-Unis et d’autres pays en Iran pour être utilisés dans son programme de drones.»

«Sur le plan militaire, il est important de mettre en place des solutions dynamiques, technologiques et rentables pour relever ce défi, mais la réponse ne devrait pas reposer uniquement sur des mesures défensives. L’acquisition de compétences pointues de même nature peut s’avérer une dissuasion crédible et établir un équilibre de menace favorable.»

«Reste à régler le problème des milices armées iraniennes qui sont plus difficiles à dissuader et ont, pour la plupart, peu à perdre. Lorsque cela est nécessaire, les expéditions de drones doivent être ciblées avant qu’elles ne parviennent aux groupes concernés. Il faudrait mener des attaques furtives contre les milices iraniennes qui utilisent ces drones pour augmenter les coûts et, si nécessaire, en faire porter la responsabilité à l’Iran.»

Lors d’une conférence récente à Chicago, le Conseil national de la résistance iranienne – une organisation rassemblant des personnalités de l’opposition iranienne en exil – tente de souligner la nécessité de reconnaître la menace croissante posée par le programme de drones iranien pour la sécurité nationale devant un large public américain.

Alireza Jafarzadeh, directeur adjoint du bureau du Conseil national de la résistance iranienne à Washington, affirme que le cerveau derrière le programme de drones de Téhéran, le général de brigade Saeed Aghajani, a personnellement orchestré les attaques de 2019 contre les installations pétrolières saoudiennes.

«Il devrait y avoir une politique globale pour réussir à contenir la menace du régime iranien en ce qui concerne ses drones et le soutien à ses mandataires», confie M. Jafarzadeh à Arab News.

«L’élément central d’une bonne politique devrait être la responsabilité. Lorsque Téhéran se livre au terrorisme, prend des personnes en otage et fait appel aux services de mandataires, il les utilise comme un outil pour obtenir des concessions de ses homologues. En l’absence de responsabilité, le terrorisme de régime n’a jusqu’à présent été que renforcé.»

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Une photo fournie par l’agence de presse saoudienne (SPA) le 27 février 2021 montre des débris sur le toit d’un immeuble à Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite, à la suite d’une attaque par missile revendiquée par la milice houthie du Yémen. (AFP/SPA)

«Le comportement illégal et voyou du régime ne devrait pas demeurer impuni. Lorsque l’ancien commandant de la force Al-Qods, Qassem Soleimani, a été éliminé, le public iranien était très heureux. Cela a semé la peur parmi les commandants du Corps des gardiens de la révolution islamique et de la force Al-Qods, démoralisé les mandataires de l’Iran et réduit encore plus l’influence du régime dans la région.»

«Téhéran a menacé de se venger, mais cela ne s’est pas produit au cours des vingt-deux derniers mois. De plus, le régime a perdu plusieurs autres personnes clés sans possibilité de représailles. C’est le meilleur moyen de prouver que Téhéran est beaucoup plus faible qu’il ne le prétend.»

Cependant, il semble peu probable que Washington se lance dans une politique plus proactive qui augmenterait les enjeux pour l’Iran et ses mandataires. L’administration Biden a déjà levé les sanctions contre un certain nombre de personnalités impliquées dans le programme iranien de missiles balistiques, tout en faisant part de sa volonté de reprendre les négociations sur le plan d’action conjoint, également connu sous le nom d’accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

Ces mesures suggèrent que la Maison Blanche n’est pas très encline à s’attaquer de front à la campagne de drones de faible intensité menée à travers le Moyen-Orient par le Corps des gardiens de la révolution islamique.

Ceux qui sont fortement en désaccord avec l’approche plus conciliante de l’administration américaine comme Alireza Jafarzadeh affirment que toute relance des négociations ne devrait pas exclure la responsabilité de l’Iran pour les attaques de drones.

«Téhéran doit payer le prix de chaque complot terroriste, de chaque missile qu’il tire, de chaque drone qu’il lance et de chaque personne qu’il tue dans la région ou en Iran», soutient M. Jafarzadeh.

Une photo publiée par le bureau de l’armée iranienne le 5 janvier 2021 montre des responsables militaires inspectant des drones exposés avant une opération militaire dans un endroit non divulgué au centre de l’Iran. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)

«Pour les nations musulmanes et arabes, il est très important de miser sur l’expérience des quarante dernières années. Le régime iranien veut faire une démonstration de force pour obliger les pays à lui accorder des concessions, mais seule la détermination porte ses fruits.»

«Le régime est surtout très faible et vulnérable et ses ressources stratégiques et régionales sont désormais très limitées.»

Que Téhéran se sente suffisamment enhardi pour mener des attaques de drones contre des pétroliers, des aéroports internationaux et d’autres cibles civiles, malgré une série de sanctions mises en place pour les empêcher, ainsi que leurs mandataires, de développer de telles capacités, montre que cette stratégie doit être repensée, selon les analystes.

«Nous sommes convaincus que les sanctions n’aideront pas», déclare à Arab News Tal Beeri, chef du département de recherche au Centre de recherche et d’éducation d’Alma en Israël.

«Les Iraniens savent comment agir militairement sous sanctions, à la fois en termes de renforcement et d’utilisation de la force. Ce qui s’est passé au cours des dernières années confirme bien cette théorie.»

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Une photo publiée par le bureau de l’armée iranienne le 5 janvier 2021 montre des responsables militaires inspectant des drones exposés avant une opération militaire dans un endroit non divulgué au centre de l’Iran. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)

Si les sanctions s’avèrent insuffisantes, la neutralisation de la menace stratégique posée par le réseau iranien d’attaques de drones par procuration nécessitera probablement une certaine coopération et un partage des connaissances de la part des États de la région qui se sont retrouvés dans la ligne de mire des groupes militants iraniens.

L’Iran n’est pas le seul pays de la région à disposer d’un solide programme de drones. Une plus grande coopération régionale – y compris un meilleur partage de renseignements et l’acquisition de systèmes de drones – pourrait contrer les ambitions de Téhéran à grande échelle.

Les systèmes de défense aérienne statiques peuvent maintenir le cap jusqu’à un certain point contre les tactiques et la technologie de plus en plus sophistiquées des drones entre les mains des mandataires du Corps des gardiens de la révolution islamique.

«La menace réside surtout dans le vaste déploiement et l’accessibilité du programme de drones», insiste M. Beeri.

«Le programme est maintenant accessible à tous les mandataires iraniens au Moyen-Orient. Aujourd’hui, tous les mandataires ont des drones de collecte de renseignements et des drones d’attaque, et ils savent les manier avec un professionnalisme exemplaire.»

«Le programme des drones est désormais une réalité. Nous pensons qu’il ne peut être contrecarré, mais perturbé.»

 

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.