Pourquoi l’Iran préfère la guerre des drones par procuration

Une photo publiée par le bureau de l’armée iranienne le 5 janvier 2021 montre des responsables militaires inspectant des drones exposés avant une opération militaire dans un endroit non divulgué au centre de l’Iran. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)
Une photo publiée par le bureau de l’armée iranienne le 5 janvier 2021 montre des responsables militaires inspectant des drones exposés avant une opération militaire dans un endroit non divulgué au centre de l’Iran. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)
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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

Pourquoi l’Iran préfère la guerre des drones par procuration

  • Les cibles comprennent les aéroports civils, les principaux sites de stockage de pétrole, les expéditions commerciales et les installations militaires et diplomatiques
  • Selon les experts, l’utilisation par le Corps des gardiens de la révolution islamique de mandataires comme les Houthis et les milices chiites irakiennes pour mener des frappes par drones lui accorde la possibilité du déni plausible

WASHINGTON: Au cours des derniers mois, des attaques par missile rôdeur – un genre de drone conçu par le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran – ont été lancées contre des établissements civils dans diverses parties de la péninsule Arabique.

Les Houthis, pions politiques de l’Iran au Yémen, ont acquis le savoir-faire et les éléments nécessaires pour utiliser la technologie dans le cadre d’une stratégie régionale qui a conduit à des attaques accrues de drones dans tout le Moyen-Orient.

Lors d’une attaque particulièrement dévastatrice qui a eu lieu le 14 septembre 2019, les installations pétrolières d’Abqaïq et de Khurais en Arabie saoudite ont été gravement endommagées par une combinaison de missiles et de drones, provoquant des ondes de choc sur le marché mondial du pétrole.

La fabrication des drones est relativement peu coûteuse. Ces derniers sont difficiles à contrer, en particulier les munitions vagabondes – ou drones suicides – utilisées de plus en plus par l’Iran et ses mandataires pour porter atteinte aux intérêts arabes, américains et israéliens au Moyen-Orient.

Les cibles comprennent les aéroports civils, les principaux sites de stockage de pétrole, les expéditions commerciales et les installations militaires et diplomatiques.

Les planificateurs des politiques de défense et les responsables militaires ont du mal à trouver une stratégie qui puisse contrer efficacement l’exploitation réussie par l’Iran de la guerre asymétrique pour renforcer ses capacités nationales en matière de production de drones.

Ali Bakir, chercheur adjoint au centre Ibn Khaldon pour les sciences humaines et sociales de l’Université du Qatar, affirme que Téhéran profite des frappes de drones menées par ses mandataires extrémistes pour renforcer sa position dans la région. Une réponse coordonnée des alliés régionaux est nécessaire pour éviter de nouvelles attaques, ajoute-t-il.

«Bien qu’ils ne soient pas sophistiqués, les drones de l’Iran constituent une menace croissante pour les pays voisins et compromettent la sécurité dans le Golfe», déclare M. Bakir dans un entretien à Arab News.

«Cette menace découle du fait que Téhéran utilise des drones dont la technologie est relativement primitive pour compenser le manque de munitions adéquates et de systèmes de ciblage perfectionnés. Équiper la franchise régionale du Corps des gardiens de la révolution islamique avec ces drones permet à l’Iran d’étendre sa portée et son pouvoir meurtrier.»

«Malgré les dégâts graves causés par les drones iraniens utilisés pour attaquer les installations pétrolières stratégiques de l’Arabie saoudite en 2019, il est surprenant de constater qu’aucune réponse adéquate et tactique n’a encore été mise en place pour contrer la menace des drones de Téhéran, que ce soit par les pays arabes ou les États-Unis.»

L’utilisation par le Corps des gardiens de la révolution islamique de mandataires comme les Houthis et les milices chiites irakiennes à l’image des Kataeb Hezbollah pour mener des frappes par drones lui accorde la possibilité du déni plausible. À ce jour, sa production en plein essor n’a jamais fait l’objet d’une intervention militaire.

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Un missile fabriqué en Iran est tiré par des Houthis sur l’Arabie saoudite en 2017. (AFP)

Un missile fabriqué en Iran est tiré par des Houthis sur l’Arabie saoudite en 2017. (AFP)

En conséquence, les attaques par drones se sont poursuivies, y compris la frappe de ce mois-ci contre l’aéroport du roi Abdallah dans la ville de Jazan, au sud de l’Arabie, qui a fait au moins dix blessés parmi les civils.

Les analystes ont également mis en évidence la capacité de l’Iran à contourner les sanctions mondiales en vue d’acquérir les composants et la technologie nécessaires pour produire en masse des drones chargés d’explosifs.

Cela a permis à des groupes terroristes désignés, entraînés et équipés par la force extraterritoriale Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique d’utiliser des drones, des hauteurs du Golan au détroit d’Ormuz.

Sans une stratégie régionale globale qui adopte une attitude proactive pour dissuader et affaiblir les capacités de l’Iran en matière de drones de combat, Téhéran et son réseau transnational de groupes militants pourraient conclure que les avantages l’emportent sur le coût de l’intensification des attaques.

«Je pense que la réponse à la menace croissante de l’Iran devrait être proactive, collective et multidimensionnelle», poursuit M. Bakir.

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Une photo fournie par le ministère saoudien des Médias le 10 février 2021 montre la coque endommagée d’un avion Flyadeal Airbus A320-214 sur le tarmac de l’aéroport international d’Abha, dans la province d’Asir, au sud de l’Arabie saoudite. (AFP/Ministère saoudien des Médias)

«En d’autres termes, contrer la menace des drones de Téhéran devrait intégrer des efforts de renseignement pour bloquer les composants étrangers introduits en contrebande d’Allemagne, de France, des États-Unis et d’autres pays en Iran pour être utilisés dans son programme de drones.»

«Sur le plan militaire, il est important de mettre en place des solutions dynamiques, technologiques et rentables pour relever ce défi, mais la réponse ne devrait pas reposer uniquement sur des mesures défensives. L’acquisition de compétences pointues de même nature peut s’avérer une dissuasion crédible et établir un équilibre de menace favorable.»

«Reste à régler le problème des milices armées iraniennes qui sont plus difficiles à dissuader et ont, pour la plupart, peu à perdre. Lorsque cela est nécessaire, les expéditions de drones doivent être ciblées avant qu’elles ne parviennent aux groupes concernés. Il faudrait mener des attaques furtives contre les milices iraniennes qui utilisent ces drones pour augmenter les coûts et, si nécessaire, en faire porter la responsabilité à l’Iran.»

Lors d’une conférence récente à Chicago, le Conseil national de la résistance iranienne – une organisation rassemblant des personnalités de l’opposition iranienne en exil – tente de souligner la nécessité de reconnaître la menace croissante posée par le programme de drones iranien pour la sécurité nationale devant un large public américain.

Alireza Jafarzadeh, directeur adjoint du bureau du Conseil national de la résistance iranienne à Washington, affirme que le cerveau derrière le programme de drones de Téhéran, le général de brigade Saeed Aghajani, a personnellement orchestré les attaques de 2019 contre les installations pétrolières saoudiennes.

«Il devrait y avoir une politique globale pour réussir à contenir la menace du régime iranien en ce qui concerne ses drones et le soutien à ses mandataires», confie M. Jafarzadeh à Arab News.

«L’élément central d’une bonne politique devrait être la responsabilité. Lorsque Téhéran se livre au terrorisme, prend des personnes en otage et fait appel aux services de mandataires, il les utilise comme un outil pour obtenir des concessions de ses homologues. En l’absence de responsabilité, le terrorisme de régime n’a jusqu’à présent été que renforcé.»

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Une photo fournie par l’agence de presse saoudienne (SPA) le 27 février 2021 montre des débris sur le toit d’un immeuble à Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite, à la suite d’une attaque par missile revendiquée par la milice houthie du Yémen. (AFP/SPA)

«Le comportement illégal et voyou du régime ne devrait pas demeurer impuni. Lorsque l’ancien commandant de la force Al-Qods, Qassem Soleimani, a été éliminé, le public iranien était très heureux. Cela a semé la peur parmi les commandants du Corps des gardiens de la révolution islamique et de la force Al-Qods, démoralisé les mandataires de l’Iran et réduit encore plus l’influence du régime dans la région.»

«Téhéran a menacé de se venger, mais cela ne s’est pas produit au cours des vingt-deux derniers mois. De plus, le régime a perdu plusieurs autres personnes clés sans possibilité de représailles. C’est le meilleur moyen de prouver que Téhéran est beaucoup plus faible qu’il ne le prétend.»

Cependant, il semble peu probable que Washington se lance dans une politique plus proactive qui augmenterait les enjeux pour l’Iran et ses mandataires. L’administration Biden a déjà levé les sanctions contre un certain nombre de personnalités impliquées dans le programme iranien de missiles balistiques, tout en faisant part de sa volonté de reprendre les négociations sur le plan d’action conjoint, également connu sous le nom d’accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

Ces mesures suggèrent que la Maison Blanche n’est pas très encline à s’attaquer de front à la campagne de drones de faible intensité menée à travers le Moyen-Orient par le Corps des gardiens de la révolution islamique.

Ceux qui sont fortement en désaccord avec l’approche plus conciliante de l’administration américaine comme Alireza Jafarzadeh affirment que toute relance des négociations ne devrait pas exclure la responsabilité de l’Iran pour les attaques de drones.

«Téhéran doit payer le prix de chaque complot terroriste, de chaque missile qu’il tire, de chaque drone qu’il lance et de chaque personne qu’il tue dans la région ou en Iran», soutient M. Jafarzadeh.

Une photo publiée par le bureau de l’armée iranienne le 5 janvier 2021 montre des responsables militaires inspectant des drones exposés avant une opération militaire dans un endroit non divulgué au centre de l’Iran. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)

«Pour les nations musulmanes et arabes, il est très important de miser sur l’expérience des quarante dernières années. Le régime iranien veut faire une démonstration de force pour obliger les pays à lui accorder des concessions, mais seule la détermination porte ses fruits.»

«Le régime est surtout très faible et vulnérable et ses ressources stratégiques et régionales sont désormais très limitées.»

Que Téhéran se sente suffisamment enhardi pour mener des attaques de drones contre des pétroliers, des aéroports internationaux et d’autres cibles civiles, malgré une série de sanctions mises en place pour les empêcher, ainsi que leurs mandataires, de développer de telles capacités, montre que cette stratégie doit être repensée, selon les analystes.

«Nous sommes convaincus que les sanctions n’aideront pas», déclare à Arab News Tal Beeri, chef du département de recherche au Centre de recherche et d’éducation d’Alma en Israël.

«Les Iraniens savent comment agir militairement sous sanctions, à la fois en termes de renforcement et d’utilisation de la force. Ce qui s’est passé au cours des dernières années confirme bien cette théorie.»

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Une photo publiée par le bureau de l’armée iranienne le 5 janvier 2021 montre des responsables militaires inspectant des drones exposés avant une opération militaire dans un endroit non divulgué au centre de l’Iran. (AFP/Bureau de l’armée iranienne)

Si les sanctions s’avèrent insuffisantes, la neutralisation de la menace stratégique posée par le réseau iranien d’attaques de drones par procuration nécessitera probablement une certaine coopération et un partage des connaissances de la part des États de la région qui se sont retrouvés dans la ligne de mire des groupes militants iraniens.

L’Iran n’est pas le seul pays de la région à disposer d’un solide programme de drones. Une plus grande coopération régionale – y compris un meilleur partage de renseignements et l’acquisition de systèmes de drones – pourrait contrer les ambitions de Téhéran à grande échelle.

Les systèmes de défense aérienne statiques peuvent maintenir le cap jusqu’à un certain point contre les tactiques et la technologie de plus en plus sophistiquées des drones entre les mains des mandataires du Corps des gardiens de la révolution islamique.

«La menace réside surtout dans le vaste déploiement et l’accessibilité du programme de drones», insiste M. Beeri.

«Le programme est maintenant accessible à tous les mandataires iraniens au Moyen-Orient. Aujourd’hui, tous les mandataires ont des drones de collecte de renseignements et des drones d’attaque, et ils savent les manier avec un professionnalisme exemplaire.»

«Le programme des drones est désormais une réalité. Nous pensons qu’il ne peut être contrecarré, mais perturbé.»

 

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'émissaire américain Witkoff est en Russie, selon le Kremlin

Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine. (AFP)
Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine. (AFP)
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  • Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine
  • "Oui, je confirme, il est en effet arrivé en Russie", a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti qui le questionnait sur des informations de presse faisant état de la venue du responsable américain

MOSCOU: Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine.

"Oui, je confirme, il est en effet arrivé en Russie", a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti qui le questionnait sur des informations de presse faisant état de la venue du responsable américain.

Interrogé sur la possibilité d'une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, M. Peskov a répondu: "si c'est le cas, nous le dirons".

La raison de la visite de Steve Witkoff n'a pas été communiquée.

Cet ami proche de Donald Trump a été impliqué dans des discussions autour du conflit en Ukraine, mais il est aussi l'émissaire du président au Moyen-Orient.

Il est attendu samedi au sultanat d'Oman pour des pourparlers inédits avec l'Iran, pays proche de Moscou mais avec lequel Washington n'a plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Ces discussions visent à négocier un nouvel accord sur le nucléaire iranien.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces accusations.

La Russie est un proche partenaire de l'Iran, et le Kremlin s'était dit en avril favorable à des négociations directes entre Washington et Téhéran.

Trump "furieux" 

La visite de Steve Witkoff intervient également au lendemain d'un échange de prisonniers entre Washington et Moscou et d'un round de discussions sur le fonctionnement de leurs missions diplomatiques, pour la deuxième fois depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier.

Le président américain veut se rapprocher de la Russie, dont les Occidentaux se tiennent à l'écart depuis le début de l'attaque russe contre l'Ukraine en 2022.

Donald Trump cherche à mettre fin au plus vite à ce conflit qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts.

Cette détermination fait craindre à Kiev d'être contraint par son puissant allié à accepter d'âpres concessions. D'autant que le tempétueux Donald Trump envoie des signaux contradictoires.

Il a multiplié les piques à l'encontre du président ukrainien Volodymyr Zelensky, et critiqué l'aide que son pays a apportée à Kiev.

Mais Donald Trump a aussi menacé la Russie de nouvelles sanctions si elle ne consentait pas à la paix.

Il a dit fin mars à la chaîne NBC être "très énervé" et "furieux" contre Vladimir Poutine, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une "administration transitoire" en Ukraine, impliquant le départ du pouvoir de Volodymyr Zelensky.

Pas de cessez-le-feu 

Steve Witkoff a lui fait l'éloge de Vladimir Poutine. Il avait estimé dans une interview, le mois dernier, que le président russe n'était pas "un mauvais type".

L'émissaire américain l'a déjà rencontré à deux reprises. En mars, il s'était rendu en Russie pour discuter d'une proposition américaine d'un cessez-le-feu inconditionnel en Ukraine.

Mais Vladimir Poutine n'avait pas été convaincu, et cette proposition de trêve de 30 jours, acceptée par l'Ukraine, ne s'est pas concrétisée.

Donald Trump a seulement réussi à obtenir de son homologue russe un moratoire des frappes sur les infrastructures énergétiques, que l'Ukraine comme la Russie s'accusent depuis de violer.

Washington avait aussi annoncé fin mars une trêve limitée en mer Noire, aux contours flous.

Lundi, le Kremlin, accusé par Kiev et des capitales occidentales de faire traîner les discussions, avait estimé que de nombreuses questions restaient à régler en vue de conclure un accord de cessez-le-feu global avec l'Ukraine.

Le directeur du Service de renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a, lui, affirmé vendredi que les discussions entre Moscou et Washington allaient se poursuivre concernant "différentes thématiques", notamment celle de potentiels échanges de prisonniers.


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.