LONDRES: Les mesures temporaires pour surveiller les activités nucléaires de l'Iran ne sont plus «intactes», a averti le chef de l'organisme de surveillance nucléaire de l'ONU.
Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a déclaré au Financial Times qu'il devait de toute urgence rencontrer le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères pour discuter des propositions de reprise de la surveillance.
«Je n'ai pas pu parler à Hossein Amir Abdollahian», a affirmé Grossi. «J'ai besoin d'avoir ce contact au niveau politique. C'est indispensable. Sans cela, nous ne pourrons pas nous comprendre.»
Jusqu'à une date récente, les caméras temporaires et autres dispositifs de surveillance avaient maintenu un statu quo précaire à la suite de l'échec du Plan d'action global conjoint de 2015 – largement connu sous le nom d'Accord iranien – qui a ralenti le programme nucléaire du pays en échange d'un allégement des sanctions.
L'administration Biden avait espéré renégocier l'accord avec l'Iran, mais après six séries de pourparlers indirects, la situation est au point mort depuis qu'Ebrahim Raïssi a été élu président en juin.
Le département d'État américain a déclaré qu'il espérait que l'Iran reprendrait les pourparlers en cours à Vienne «dès que possible», mais le président Joe Biden avait «clairement indiqué que si la diplomatie échouait, nous étions prêts à nous tourner vers d'autres options».
L'Iran a régulièrement dynamisé ses recherches et ses installations nucléaires ces dernières années, notamment en augmentant les niveaux d'uranium enrichi qu'il produit, le rapprochant ainsi de plus en plus du niveau hautement enrichi requis pour l'armement nucléaire. Grossi a déclaré que l'Iran était «à quelques mois» d'avoir suffisamment d’éléments pour l’arme nucléaire.
Le breakout time, c’est à-dire le temps nécessaire à l'Iran pour déployer l’arme nucléaire, «diminue continuellement» car le pays enrichit plus d'uranium avec des centrifugeuses plus efficaces, a précisé Grossi.
Il a ajouté qu'il avait besoin au plus tôt de caméras opérationnelles dans le complexe de fabrication iranien de Tessa Karaj, récemment remis en fonctionnement, qui construit des centrifugeuses.
Un compromis de dernière minute en février de cette année a mis en marche les caméras sur des sites clés, bien qu’accompagné d’un accord qui limite temporairement l'examen des images.
Le mois dernier, Grossi a protesté contre le refus de l'Iran d'autoriser la surveillance à Tessa Karaj, qu'il considère comme une installation «très importante» en raison de son rôle dans la fabrication des centrifugeuses.
«Ce problème avec Karaj existe et j'y travaille», a-t-il affirmé. «Nos mesures provisoires ont été sérieusement touchées et ne sont donc pas intactes. Mais ce n'est pas non plus sans effet.»
Grossi a précisé que Téhéran lui avait dit qu'il pourrait rencontrer Amir Abdollahian, «mais qu’ils prenaient leur temps».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com