LONDRES: L’ancien chef des opérations antiterroristes britanniques a averti qu’une «vague de terrorisme» se dirigeait de l’Europe vers le Royaume-Uni et que ce dernier devait remonter son niveau de menace en conséquence.
Nick Aldworth, ancien coordinateur national de la lutte contre le terrorisme au Royaume-Uni, a également déclaré à Sky News que les individus qui commettent des attaques de type «loup solitaire» après avoir été radicalisés dans leur chambre à coucher deviennent la nouvelle norme.
Ses propos sont intervenus quelques jours après qu’Ali Harbi Ali, qui serait un extrémiste islamiste radicalisé en ligne, a assassiné le député du parti conservateur David Amess.
Les autorités ont été confrontées à un «énorme défi» dans l’identification des assaillants potentiels, tels qu’Ali, qui ont été radicalisés chez eux, a indiqué M. Aldworth.
«La nouvelle norme en matière de terrorisme est la suivante: les gens se radicalisent eux-mêmes et décident ensuite d’agir.»
«Nous vivons dans une société démocratique, non dans une société de surveillance où les autorités peuvent, sans raison, mettre votre téléphone sur écoute et surveiller votre utilisation d’Internet. C’est un énorme défi qui demande énormément de ressources», poursuit-il.
«Je pense, d’après ce que nous voyons, qu’il existe des similitudes entre la situation de cette année et celle de 2016 et 2017, à savoir une vague de terrorisme qui se développe lentement en Europe et qui commence à se diriger vers le Royaume-Uni.»
«À mon avis, nous sommes à deux doigts de remonter le niveau de menace à “élevé” [ce qui signifie qu’une attaque est hautement probable]», a-t-il ajouté.
En 2016 et 2017, cinq attaques terroristes meurtrières ont eu lieu en Grande-Bretagne, parmi lesquelles l’attentat de la Manchester Arena qui a fait des dizaines de morts, dont de nombreux enfants, et le meurtre de la députée Jo Cox.
L’assassinat de David Amess a suscité un nouveau débat sur l’efficacité du programme britannique de lutte contre la radicalisation, Prevent, car Ali y avait déjà été orienté.
Selon les chiffres du Bureau de l’Intérieur, plus de 6 200 personnes ont été orientées vers le programme Prevent en Angleterre et au Pays de Galles au cours des douze mois précédant mars 2020.
M. Aldworth a souligné que le programme Prevent ne recevait pas suffisamment de recommandations de la part des amis et de la famille, qui sont les mieux placés pour remarquer les changements de comportement des personnes.
«En général, environ 30% des recommandations proviennent du secteur de l’éducation […], près de 30% de la police et quelque 30% de divers organismes, dont ceux du secteur de la santé.
«Ce qui est intéressant, c’est que seulement 2 à 5% proviennent de la famille et des amis, et du lieu de travail. Bien sûr, c’est là que l’on s’attendrait à ce que les changements de comportement soient les plus observables. C’est là que réside la lacune du marché», a-t-il expliqué.
«Prevent fait actuellement l’objet d'un examen indépendant. C’est le moment de le faire. Il est évident que nous devons constamment tirer des leçons, non seulement des incidents qui se sont produits mais aussi de la manière dont nous pouvons renforcer nos programmes», a déclaré la secrétaire d’État à l’Intérieur, Priti Patel.
«Nous voulons nous assurer qu’il est adapté à son objectif, qu’il est robuste et qu’il fait ce qu’il faut. Mais il est important de tirer des leçons, de toujours s’appuyer sur ce qui fonctionne et de combler les lacunes ou les problèmes qui nécessitent un renforcement du système», a-t-elle ajouté.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com