DUBAÏ: Facebook a récemment fait l’objet de nouvelles critiques concernant ses politiques de modération de contenu inadéquates dans des langues autres que l’anglais.
La lanceuse d’alerte Frances Haugen, qui a divulgué des documents de recherche internes de Facebook au Wall Street Journal et s’est présentée devant un comité du Sénat américain, a expliqué que si seulement 9% des utilisateurs du géant des réseaux sociaux étaient anglophones, et que pourtant 87% de ses dépenses en matière de désinformation étaient consacrées à cette catégorie.
Selon les critiques, ce déséquilibre a entraîné une augmentation des discours de haine et de la violence dans la vie réelle dans les pays non anglophones où Facebook est largement utilisé, comme l’Inde, le Myanmar, l’Éthiopie, le Soudan et l’Iran.
Le 14 octobre, Facebook a accepté une recommandation de son conseil de surveillance consistant à «faire appel à une entité indépendante non associée à l’une ou l’autre des parties du conflit israélo-palestinien pour mener un examen approfondi afin de déterminer si la modération du contenu de Facebook en arabe et en hébreu, y compris son utilisation de l’automatisation, a été appliquée sans parti pris».
La société a l’intention de mettre pleinement en œuvre cette mesure et de diffuser le rapport et les conclusions qui en découlent. Cette décision fait suite aux demandes répétées de 7amleh (le Centre arabe pour l’avancement des médias sociaux) et de plusieurs autres organisations, coalitions et réseaux locaux, régionaux et internationaux de défense des droits de l’homme, pour que Facebook garantisse une politique transparente et équitable à l’égard du contenu palestinien.
Une enquête menée par l’ONG Human Rights Watch (HRW) a révélé que Facebook a injustement supprimé du contenu palestinien, y compris la documentation sur les violations des droits de l’homme par Israël, pendant le soulèvement qui a eu lieu en mai.
À la suite d’une enquête interne, Facebook a admis avoir commis des erreurs, mais HRW a déclaré que «la reconnaissance de ses erreurs par Facebook et les tentatives de correction de certaines d’entre elles étaient encore insuffisantes et ne répondaient pas à l’ampleur des restrictions de contenu signalées».
Les violences du mois de mai, suivies des actes discriminatoires de Facebook, ont accru la pression exercée sur la société pour qu’elle mette fin à toute forme de parti pris dans le conflit israélo-palestinien.
Le conseil de surveillance de Facebook a également formulé trois autres recommandations: une qui est partiellement mise en œuvre et deux dont la faisabilité est en cours d’évaluation. Facebook met partiellement en œuvre la recommandation de formaliser un processus transparent sur la manière dont il reçoit et répond à toutes les demandes gouvernementales de retrait de contenu et s’assurera qu’elles sont incluses dans les rapports de transparence.
La société étudie actuellement la faisabilité de deux autres recommandations qui consistent à assurer «la traduction rapide des mises à jour des normes communautaires dans toutes les langues disponibles» et à ajouter «des critères et des exemples illustratifs» à sa «politique relative aux personnes et organisations dangereuses» afin de faciliter la compréhension des exceptions relatives aux discussions neutres, aux condamnations et aux reportages de nouvelles».
7amleh a salué la décision «surprenante» de Facebook dans un communiqué, mais a cependant appelé la société à accepter les autres recommandations émises par le conseil de surveillance, notamment la nécessité de préciser des critères applicables aux personnes et organisations dangereuses ou aux parties dont le contenu a été automatiquement retiré de la plate-forme, ou encore l’importance de divulguer toute coopération avec les gouvernements et toute réponse positive aux demandes gouvernementales de retrait de contenu. Autre recommandation à prendre en compte: traduire les politiques de modération de contenu dans toutes les langues et les rendre plus accessibles.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com