Georg Baselitz, le «peintre monstrueux» de l'envers du décor, s'expose à Paris

Après la chute du mur de Berlin, en 1989, Baselitz replonge dans ses souvenirs, revisite ses propres oeuvres et sans cesse son couple, avec son épouse, Elke (Photo, AFP)
Après la chute du mur de Berlin, en 1989, Baselitz replonge dans ses souvenirs, revisite ses propres oeuvres et sans cesse son couple, avec son épouse, Elke (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 18 octobre 2021

Georg Baselitz, le «peintre monstrueux» de l'envers du décor, s'expose à Paris

Après la chute du mur de Berlin, en 1989, Baselitz replonge dans ses souvenirs, revisite ses propres oeuvres et sans cesse son couple, avec son épouse, Elke (Photo, AFP)
  • L'œuvre de l'Allemand Georg Baselitz, artiste contemporain majeur, fait l'objet à Paris de la plus vaste rétrospective jamais organisée dans le monde
  • L'exposition retrace aussi les années 80 et la notoriété qui s'envole avec sa première sculpture pour la biennale de Venise

PARIS: Gigantesque, déformée, à l'envers, et comme expulsée d'un sombre vortex de matière et de couleurs: l'œuvre de l'Allemand Georg Baselitz, artiste contemporain majeur, fait l'objet à Paris de la plus vaste rétrospective jamais organisée dans le monde.  

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« Zero Doom », une œuvre du sculpteur allemand Georg Baselitz est présentée en avant-première de l'exposition « Baselitz, la rétrospective » devant l'Institut français, le 16 octobre 2021 à Paris (Photo, AFP)

Six décennies de création d'un peintre, dessinateur, graveur, sculpteur, né en 1938 dans l'Allemagne nazie à la veille de la Seconde guerre mondiale et qui a grandi au milieu des ruines, puis sous le régime totalitaire de la République démocratique allemande (RDA, ex-Allemagne de l'Est).  

De son vrai nom, Hans-Georg-Kern, l'artiste a adopté en 1961 le pseudonyme qu'on lui connaît en référence à son village natal, et a développé, très jeune, « une résistance au monde », explique-t-il dans un entretien.  

Il « a lutté, sa vie durant, contre les idéologies en cherchant dans l'histoire de l'art et les lectures, des complices », ajoute Bernard Blistène, commissaire, avec Pamela Sticht, de cette exposition, qui se tient de mercredi au 7 mars au Centre Pompidou, un des principaux musées européens d'art moderne et contemporain.  

Oscillant entre figuration, abstraction et approche conceptuelle, remplies de rappels à Goya, Picabia, Cranach, Courbet ou encore Schiele, Nolde, Soutine, De Kooning, Georg Baselitz joue de toutes les techniques sur très grands formats. 

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Le tableau « L'un voit ceci, l'autre cela »   ​de l'artiste allemand Georg Baselitz, lors du vernissage de son exposition au musée Unterlinden de Colmar le 9 juin 2018 (Photo, AFP)

« Peintre monstrueux »   

Ses corps déchirés, déformés par la guerre, vibrant de présence amoureuse ou ceux, plus évanescents, de l'âge mûr, ses paysages torturés, ses dessins, gravures et imposantes sculptures, volontairement inachevées, frappent celui qui les observe.  

« L'émotion est toujours la porte d'entrée », déclare Georg Baselitz. « Les artistes devraient (...) détester tout ce qui est officiel, transgresser tous les interdits, être méfiants, incrédules », ajoute celui qui quitta Berlin-Est pour sa partie occidentale en 1957. Il avait été décrété « immature socio-culturel » par ses professeurs d'art, pour s'être inspiré de Picasso.  

« Je suis un peintre monstrueux », dit-il avec sincérité mêlée d'ironie, assis devant « Les filles d'Olmo II », à dominance jaune vif et turquoise, et représentant deux femmes nues à vélo, la tête en bas, sa marque de fabrique depuis 1969 qui vise à affirmer la primauté du regard sur le sujet.  

« Il y a une peinture linéaire et des peintres avec des lignes multiples. Moi j'ai suivi beaucoup de lignes parce que je n'étais pas certain d'être sur le bon chemin (...). Je continue, ça marche bien », poursuit l'artiste, qui se réjouit de pouvoir encore peindre « deux à trois heures par jour, seulement par terre, plus rapidement qu'avant et avec plus de précision ».  

Un parcours chronologique met en lumière les périodes les plus marquantes de son oeuvre: de ses premières peintures, empreintes de sa passion pour Antonin Artaud ou Edvard Munch, dont certaines furent confisquées en 1963 à Berlin-Ouest pour leur « caractère pornographique », à son violent manifeste « Pandemonium » s'appuyant sur les Chants de Maldoror, oeuvre poétique de Lautréamont; de sa série « Héros » (fin des années 60) à ses peintures au doigt (années 70), aux « tableaux-fractures » et »tableaux russes ».  

L'exposition retrace aussi les années 80 et la notoriété qui s'envole avec sa première sculpture pour la biennale de Venise: un immense personnage assis levant le bras et la paume de la main vers le ciel en référence à l'art africain, immédiatement associé à l'époque par la presse et le public allemands au salut hitlérien.  

Couple, France  

Après la chute du mur de Berlin, en 1989, Baselitz replonge dans ses souvenirs, revisite ses propres oeuvres et sans cesse son couple, avec son épouse, Elke. Ses oeuvres les plus récentes évoquent les corps qui vieillissent, avec une épure et un éclat rappelant les icônes orthodoxes, comme « Or par-dessus-dessous ».  

« Et celui avec les bas? J'en suis très fier! », lance-t-il: une toile dans les verts et bruns clairs, peinte à l'huile en 2020, représentant le couple, têtes en bas et jambes recouvertes de vrais bas nylon collés sur la toile.  

« C'est vraiment incroyable », dit-il en évoquant la France, qui lui a déjà consacré nombre d'expositions et lui offre cette rétrospective sans égale. « Je ne lui ai rien donné, je n'ai que reçu », ajoute-t-il avec émotion.  

Il a été élu en 2019 membre associé étranger à l'Académie française des Beaux-Arts, une nouvelle reconnaissance qui sera officialisée mercredi.   


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants, tout comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte de nationalité libanaise et française dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tels que l'encre de Chine, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants tout comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (Regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes n’échappe pas à un regard averti.  Ses peintures, bien que légères, servent de canal à ses émotions. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent à Dubai où il occupe un poste de direction dans le retail.  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les 80 ans de Dave: «pour un beatnik, faire carrière est un gros mot!»

Le chanteur néerlandais francophone Wouter Otto Levenbach alias Dave, pose lors d'une séance photo à Paris le 29 avril 2024 (Photo, AFP).
Le chanteur néerlandais francophone Wouter Otto Levenbach alias Dave, pose lors d'une séance photo à Paris le 29 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Mardi, Dave fête ses 80 ans et ses 60 ans de scène au Grand Rex, à Paris
  • Débarqué des Pays-Bas, le jeune Wouter Otto Levenbach débute à Paris en 1965

PARIS: "A 20 ans, je rêvais de vivre en chantant, surtout pas faire carrière! Pour le beatnik que j'étais, c'était un gros mot!": à 80 ans, Dave, l'interprète des indémodables "Vanina" et "Du côté de chez Swann", n'en revient pas d'être devenu un chanteur populaire mais refuse de songer à des adieux.

"J'aimerais bien chanter jusqu’à la fin. La scène, c'est le nirvana et on nous paie pour ça, en plus!", confie à l'AFP le plus Français des Néerlandais, connu aussi pour son franc-parler.

Mardi, Dave fête ses 80 ans et ses 60 ans de scène au Grand Rex, à Paris, avant une nouvelle tournée qui passera par Amsterdam et Bruxelles.

"Quand je suis devenu chanteur populaire, je n'ai rien compris. En plus, je n'étais pas du tout branché +variétoche+...", ajoute celui qui est toujours fan de jazz.

Débarqué des Pays-Bas, le jeune Wouter Otto Levenbach débute à Paris en 1965: "je faisais la manche dans le Quartier latin. En m'accompagnant à la guitare, je reprenais les succès du moment", raconte Dave, qui vient de publier une autobiographie, "Comment ne pas être amoureux de vous" (Talent Editions).

"On m'a conseillé d'aller plutôt à Saint-Tropez. (...) Maintenant, j'y retourne, mais comme client!", ajoute le chanteur vite remarqué par le producteur Eddie Barclay.

En 1972, il est enrôlé dans l'opéra-rock "Godspell". Deux ans après, il perce enfin avec la reprise de "Sugar Baby Love" des Rubbets, adapté en français par son compagnon Patrick Loiseau, qui deviendra son parolier attitré. La même année, "Vanina" dépasse le million d'exemplaires.

Après "Dansez maintenant" et "Mon cœur est malade", deux autres tubes, Dave se maintient au sommet du hit-parade avec "Du côté de chez Swann", une ballade romantique signée encore Patrick Loiseau et devenue l'une des chansons emblématiques des seventies.

«Comme Henri Salvador»

"Quand Patrick m'a proposé ce texte, je lui ai demandé s’il n'était pas fou. Cela me semblait trop littéraire et je pensais que ça ne marcherait jamais... Finalement, le succès a été énorme. Ma seule chanson diffusée sur France Inter!", ironise-t-il.

"Sans prétention, les textes étaient plutôt intéressants à l'époque. Aujourd'hui, ils ont perdu un peu en qualité", juge-t-il. Dans la jeune génération, Zaho de Sagazan et Vianney sont toutefois ses préférés.

"Depuis toujours, j'aime amuser la galerie avec des blagues caustiques mais je suis un gentil avec un bon fond", assure le chanteur, victime d'une lourde chute en 2022 qui a entraîné quatre jours de coma, avec, pour seules séquelles, la perte de l'odorat et du goût.

A 80 ans, le chanteur rêve d'un album "à un million d’exemplaires, comme Henri Salvador à la fin de sa vie".

"Pour le plus tard possible", Dave a laissé des instructions pour qu'on grave sur son urne funéraire le mot "ouf": "parce que je serai probablement content que cela se termine et parce que +ouf+ en verlan, veut dire fou. Un bon résumé de ma vie".