ALGER: Un tribunal algérien a annulé lundi une condamnation à un an de prison avec sursis à l'encontre de Karim Tabbou, figure du mouvement pro-démocratie Hirak, faisant valoir qu'il avait déjà été jugé par une autre Cour pour la même accusation.
"La Cour de Tipaza (ouest d'Alger) a décidé l'extinction des poursuites contre Karim Tabbou", car l'affaire a déjà été jugée pour le même chef d'accusation "d'atteinte à la sûreté nationale" par la Cour d'Alger, a indiqué le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook.
"Cette décision mérite d'être saluée", a réagi Said Salhi vice-président de la ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH).
M. Tabbou avait été condamné en première instance le 7 décembre 2020 à un an de prison avec sursis pour "atteinte à la sûreté nationale". Lors du procès en appel le 27 septembre devant la Cour de Tipaza, le procureur avait requis trois ans de prison ferme.
Mais les avocats de M. Tabbou ont dénoncé une "violation de la loi", arguant que leur client avait été condamné à la même peine et pour le même chef d'inculpation lors d'un précédent procès et ne pouvait donc pas, selon la loi algérienne, être jugé de nouveau sous la même accusation.
M. Tabbou, 47 ans, avait en effet été condamné en appel par la Cour d'Alger le 24 mars 2020 à un an de prison ferme pour le même chef d'"atteinte à la sûreté nationale", en raison d'une vidéo publiée sur la page Facebook de son parti dans laquelle il critiquait l'ingérence de l'armée dans les affaires politiques, peine qu'il a déjà purgée.
Chef d'un petit parti d'opposition non agréé par les autorités, l'Union démocratique et sociale (UDS), il est l'un des visages les plus populaires du Hirak, mouvement antisystème inédit né en février 2019.
Par ailleurs, Karim Tabbou a été placé le 29 avril sous contrôle judiciaire à la suite d'une altercation avec Bouzid Lazhari, le président du Conseil National des droits de l'Homme (CNDH), un organisme officiel. L'affaire n'a pas encore été jugée.
Plus de 200 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec la contestation et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées, pour beaucoup, sur des publications sur Facebook critiquant les autorités, d'après le CNLD.