BRASILIA : Le Sénat du Brésil a annoncé dimanche le report d'une journée, de mardi à mercredi, de la divulgation très attendue d'un rapport d'une commission d'enquête censé incriminer Jair Bolsonaro pour sa politique jugée irresponsable et "criminelle" durant la pandémie de coronavirus.
Les sénateurs souhaitaient avoir une journée supplémentaire pour débattre du contenu de ce rapport de 1.000 pages, qui sera finalement "lu mercredi par le rapporteur Renan Calheiros", a annoncé le président de la commission, Omar Aziz, sur Twitter.
Et le vote pour l'approbation de ce rapport par la commission, prévu initialement ce mercredi, aura lieu la semaine suivante, le 26 octobre, a-t-il ajouté.
Vendredi, Renan Calheiros avait annoncé au moins 11 chefs d'accusation contre le président, dont "homicide par omission", "charlatanisme" et "crime contre l'humanité". Plusieurs ministres et trois fils de Jair Bolsonaro devraient également être incriminés.
Les analystes estiment toutefois que ce rapport n'aura qu'un impact symbolique à court terme, le dirigeant d'extrême droite disposant encore du soutien nécessaire au Parlement pour faire barrage à une éventuelle procédure de destitution.
Mais les conséquences politiques pourraient s'avérer désastreuses pour celui qui est loin d'être assuré d'être réélu dans moins d'un an, car donné largement battu par l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Depuis cinq mois, la petite salle du Sénat où se sont déroulées les auditions de la commission d'enquête a été le théâtre d'échanges souvent houleux, avec parfois des insultes, des larmes - et même l'arrestation d'un témoin pour parjure.
«Pratiques effrayantes»
Ce grand déballage, diffusé en direct à la télévision des semaines durant, a mis au jour les principales "omissions" du gouvernement durant la crise sanitaire, qui a fait plus de 600.000 morts.
Les sénateurs ont notamment tenté d'établir les responsabilités dans des épisodes cauchemardesques comme la mort de dizaines de patients asphyxiés en janvier faute d'oxygène dans les hôpitaux de Manaus, en Amazonie.
En auditionnant des ministres, des parlementaires, mais aussi des représentants d'entreprises privées, la commission s'est aussi penchée sur d'autres faits connus, comme les retards dans l'acquisition de vaccins.
Mais au fil des auditions, des révélations explosives ont été faites, notamment sur des scandales de corruption.