Yoshihide Suga a obtenu mercredi la majorité des voix au parlement japonais, devenant le 99ème Premier ministre de son pays. Le chef du Parti libéral démocrate (PLD), âgé de 71 ans, était depuis longtemps considéré comme le favori pour succéder à Shinzo Abe, Premier ministre depuis 2012. Abe a annoncé le mois dernier qu'il démissionnait en raison de problèmes de santé liés à la colite, une maladie inflammatoire de l'intestin avec laquelle il vit depuis un certain temps.
Suga, qui a été officiellement élu chef du PLD lundi, a été le bras droit d’Abe pendant près d’une décennie, en tant que secrétaire de son cabinet. Son rôle est devenu plus important en avril 2019 lorsqu'il a annoncé que le nom de la nouvelle ère impériale du Japon, qui a commencé le mois suivant, serait « Reiwa », qui signifie ordre et harmonie. En conséquence, il a gagné le surnom de « Oncle Reiwa » parmi le peuple japonais.
Il a également aidé Abe à mettre en œuvre « Abenomics », une série de politiques au cours des huit dernières années visant à améliorer l'économie japonaise. Il a tenu des conférences de presse deux fois par semaine et géré la bureaucratie complexe du Japon.
Suga hérite de plusieurs défis majeurs, notamment une crise économique et la pandémie de coronavirus en cours. Il devra également poursuivre le travail accompli par Abe pour développer la politique étrangère du Japon.
Au niveau international, Suga entretient peu de relations étroites avec d'autres leaders mondiaux. Il a admis lors d’une récente conférence de presse qu’il serait difficile d’égaler les progrès de son prédécesseur dans l’établissement de relations personnelles avec d’autres dirigeants, tout en insistant sur l’importance des relations fondées sur la confiance, nécessaires aux rapprochements entre nations.
Il devrait suivre l'exemple d'Abe en adoptant une vision objective de la politique étrangère et en cultivant de bonnes relations avec les voisins du Japon, notamment les deux Corées et la Chine. On estime aussi qu’il continuera à renforcer les relations du Japon avec les États-Unis.
Malgré le peu de contacts noués avec les dirigeants arabes, Suga devrait maintenir des liens étroits avec la région pour un certain nombre de raisons, la plus importante étant les importations de pétrole sur lesquelles le Japon compte énormément.
Cinq pays arabes ont fourni environ 95,2% du pétrole importé par le Japon en juin, l'Arabie saoudite ayant expédié à elle seule 22,9 millions de barils, soit 39,8% du total des importations nipponnes en hydrocarbures.
Suga, qui est le fils d'un cultivateur de fraises, est connu pour être pragmatique et un excellent négociateur en coulisses. Il est entré en politique peu de temps après avoir obtenu son diplôme de l'Université Hosei de Tokyo, lorsqu'il s'est présenté au conseil municipal de Yokohama, la capitale de la préfecture de Kanagawa. Selon les informations biographiques fournies par le PLD, le jeune Suga n’ayant pas assez de relations ou d'expérience politiques, faisait du porte-à-porte lors de campagne électorales, visitant environ 300 foyers par jour - 30 000 au total. Il aurait usé six paires de chaussures juste avant le jour du scrutin.
Contrairement à son prédécesseur dont le père était ministre des Affaires étrangères, Suga est un autodidacte. Son alliance avec Abe est intervenue grâce à la connivence de leurs points de vue sur le retour des citoyens japonais qui avaient été enlevés par la Corée du Nord dans les années 70 et 80. Suga a depuis soutenu Abe tout au long de son mandat de Premier ministre.
Suga a joué un rôle clé dans plusieurs accords commerciaux internationaux d’envergure, y compris avec l’UE, et a aidé Abe à ouvrir le marché alimentaire japonais à davantage de produits étrangers.
Il a également à son actif un bon nombre d’initiatives dont la restructuration des principales banques régionales pour les aider à alléger leur endettement et une réduction des frais de téléphonie mobile.
Selon le journal japonais Mainichi, Suga est un « bourreau de travail ». Sa routine quotidienne comprendrait un réveil à 5 heures du matin, suivi d'une heure à consulter les informations, puis d'une marche de 40 minutes. Il fait également 100 abdominaux chaque matin. Il est à son bureau à 9 heures du matin et y reste jusque tard dans la soirée. Il rencontre ensuite des politiciens ou des universitaires au cours d'un dîner pour discuter des politiques et obtenir leur point de vue.
En dehors du travail, il aime emmener ses collaborateurs pour des crêpes, étant un grand amateur de sucreries.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com