PARIS: L'Algérie et la France sont "incontournables" l'une pour l'autre du fait de leur histoire commune, et deux historiens, un pour chaque pays, vont mener conjointement un travail mémoriel de "vérité" sous la tutelle des présidents des deux pays, a déclaré lundi le président algérien Abdelmadjid Tebboune dans un entretien au journal français L'Opinion.
Côté français, ce sera l'historien Benjamin Stora qui a été désigné, selon M. Tebboune. "Il est sincère et connaît l'Algérie et son histoire, de la période d'occupation jusqu'à aujourd'hui", a-t-il déclaré, ajoutant que son homologue algérien serait nommé "dans les 72 heures".
M. Tebboune et Emmanuel Macron ont parlé de ces questions mémorielles lors de leur entretien téléphonique jeudi, dernier d'une série d'échanges dessinant un rapprochement entre les deux pays aux relations intimes et compliquées, fruit de l'Histoire, de la colonisation et des flux migratoires.
L'entretien a eu lieu quelques jours après la remise par la France des restes de 24 combattants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle.
Les deux personnalités désignées "travailleront directement sous notre tutelle respective. Nous souhaitons qu'ils accomplissent leur travail dans la vérité, la sérénité et l'apaisement pour régler ces problèmes qui enveniment nos relations politiques, le climat des affaires et la bonne entente. L'Algérie est incontournable pour la France, et la France l'est pour l’Algérie. Il faut affronter ces évènements douloureux pour repartir sur des relations profitables aux deux pays, notamment au niveau économique", estime M. Tebboune.
"La remise récente des restes mortuaires des combattants qui se sont opposés, il y a un siècle et demi, à l'installation de l'armée coloniale constitue un grand pas", selon le président algérien, qui évoque d'autres épisodes de la période coloniale qu'il souhaite voir abordés>
Début juillet, il avait aussi déclaré à la chaîne de télévision France 24 attendre des excuses de la France pour la colonisation de l'Algérie afin "d'apaiser le climat et le rendre plus serein".
Le président algérien a par ailleurs déclaré dans l'Opinion que son pays n'attendait pas nécessairement une compensation matérielle pour la période coloniale, mais surtout "la reconnaissance de l'Etat français de ses actes" et, éventuellement, une compensation pour les "essais nucléaires" français sur le territoire algérien.