WASHINGTON : La Chambre des représentants américaine doit voter mardi en faveur du relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis jusqu'en décembre, un répit attendu dans une saga interminable et emplie de tensions pour la première économie mondiale.
Les démocrates disposant d'une majorité relativement confortable à la chambre basse, le texte a toutes les chances d'être approuvé dans la journée, avant d'être transmis dans la foulée à Joe Biden qui signera le texte immédiatement, avait fait savoir la semaine dernière la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki.
Son entrée en vigueur relèvera la limite d'endettement des Etats-Unis de 480 milliards de dollars et permettra ainsi au pays d'honorer ses paiements jusque début décembre, voire au tout début de 2022, éloignant la perspective d'un défaut de paiement aux conséquences catastrophiques pour la méga-puissance et le reste du monde.
Ce saut de puce ne s'est pas effectué sans fracas, le texte ayant fait l'objet de palabres interminables au Sénat qui avait finalement approuvé un compromis jeudi dernier.
"Nous ne pouvons tolérer que la politique partisane prenne en otage notre économie, et nous ne pouvons permettre que la routine du paiement de nos factures vire à une épreuve de force politique, sapant la confiance, tous les deux ans ou tous les deux mois", avait fulminé Jen Psaki face à l'opposition des républicains.
Manœuvre «trop risquée»
Ces derniers refusent en effet d'approuver toute mesure à long terme pour relever le plafond de la dette, car ils affirment que cela reviendrait à donner un chèque en blanc à Joe Biden pour financer ses vastes plans d'investissements.
Ces plans n'ont toutefois pas encore été adoptés par le Congrès et relever la limite d'endettement sert donc à rembourser des sommes déjà empruntées, dont des milliers de milliards de dollars dépensés sous la présidence Trump.
Le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell, exhorte les démocrates à parvenir -- seuls -- à une solution durable d'ici décembre grâce à une voie législative complexe.
Mais le camp du président Joe Biden refuse jusqu'ici d'utiliser cette manoeuvre "trop risquée" pour la dette.
Le texte qui doit être approuvé mardi ne fait donc que repousser jusqu'à fin novembre une bataille parlementaire qui s'annonce épique sur les finances des Etats-Unis.
Et la forte probabilité de voir les Etats-Unis replongés dans le même problème en décembre est loin de rassurer les institutions ou les marchés.
Décembre "est un délai court" et "l'incertitude demeure à plus long terme", jugeait la semaine dernière la secrétaire au Trésor Janet Yellen sur CNN.
La cheffe des démocrates à la Chambre des représentants Nancy Pelosi a lancé une mise en garde mardi avant le vote: si à terme le plafond de la dette n'était pas relevé de manière conséquente, l'impact serait "énorme" et les Etats-Unis connaitraient notamment "une perte de six millions d'emplois".
"Un défaut de paiement provoquerait une onde de choc à travers les marchés financiers mondiaux", a-t-elle soutenu.
Nancy Pelosi a également exprimé son espoir de parvenir à une solution de long-terme avec "la participation des deux partis".
Mais entre-temps, a-t-elle ajouté, "nous allons voter une loi aujourd'hui qui nous amènera jusqu'en décembre, avec l'espoir que les gens se rendent compte alors des enjeux".