KHARTOUM: Les forces de sécurité soudanaises ont annoncé mercredi l'arrestation de 41 personnes en possession d'une quantité d'explosifs suffisante pour faire sauter la capitale, à quelques semaines de la signature d'un accord de paix entre le gouvernement et plusieurs groupes rebelles.
C'est la première fois depuis la chute de l'autocrate islamiste Omar el-Béchir, que les autorités soudanaises de transition font état d'un tel coup de filet et se targuent d'avoir réussi à empêcher une catastrophe qui aurait fait vaciller le jeune gouvernement qui essaie de sortir le Soudan de la liste noire des pays soutenant le terrorisme.
Selon le procureur général, Tagelsirr al-Hebr, qui tenait une conférence de presse à Khartoum, les 41 personnes arrêtées étaient en possession d'une telle quantité d'explosifs qu'elle aurait « pu faire sauter la capitale ». Il n'a pas précisé la nationalité des personnes écrouées ni où elles avaient été arrêtées.
Seule précision, « 12 postes de contrôle ont été disposés dans plusieurs zones de Khartoum pour arrêter les cellules terroristes ».
Pour sa part, le général Jamal Jomaa, porte-parole des Forces paramilitaires de soutien rapide (RSF), a indiqué que les personnes avaient été arrêtées à la suite de « filatures qui s'étaient poursuivies du 19 août au 13 septembre ».
« Matière ressemblant au nitrate »
Il a également révélé que parmi les explosifs saisis figurent « quatre conteneurs » d'une matière « ressemblant au nitrate (d'ammonium), celle qui a été à l'origine de l'énorme explosion au port de Beyrouth » en août.
« Ce qui vient de se produire est une menace pour la sécurité du Soudan (...) », a-t-il jugé, affichant sa crainte de voir se produire « des actes de sabotage et des attentats.
C'est la première fois depuis sa mise en place il y a un an que le nouveau pouvoir fait état de la préparation d'actes terroristes, sans toutefois en préciser les instigateurs.
Jusqu'à présent, il avait accusé le régime déchu de chercher à saboter l’économie, par une dévaluation massive de la monnaie et un inflation galopante.
Par ailleurs, les autorités craignaient que ces explosifs ne soient acheminés vers l'étranger alors qu'elles font tout leur possible pour sortir de la liste noire du terrorisme et pour indemniser les familles américaines de deux attentats perpétrés en 1998 contre des ambassades des Etats-Unis en Afrique, revendiqués par Al-Qaïda.
« Les quantités saisies sont inquiétantes et auraient pu causer des dommages aux pays voisins. Nous craignons d'être à nouveau enregistrés comme Etat soutenant le terrorisme », a souligné le général Jomaa.
L'annonce de la saisie de ces explosifs survient alors que le gouvernement et des mouvements rebelles au Darfour, dans les Etats méridionaux du Kordofan du sud et au Nil Bleu s'apprêtent à enterrer la hache de guerre après un conflit sanglant qui aura duré 17 ans et fait des centaines de milliers de morts.
Le 3 octobre à Juba, la capitale du Soudan du Sud, les autorités soudanaises de transition et le Front révolutionnaire de libération (FRS), une alliance de cinq groupes armés et quatre mouvements politiques, vont signer un accord de paix paraphé fin août.
Le texte prévoit notamment le démantèlement de ces mouvements armés et leur intégration dans les forces régulières soudanaises. Il aborde des questions aussi variées que la sécurité, la propriété foncière, la justice transitionnelle, les réparations et compensations, le développement du secteur nomade et pastoral, le partage des richesses et du pouvoir, ainsi que le retour des réfugiés et des déplacés.