La monétisation des podcasts fait son chemin en France 

Spotify a lancé la première place de marché publicitaire audio. Elle permet aux annonceurs d’acheter des espaces publicitaires pour se connecter aux consommateurs d’audio numérique, et plus particulièrement aux auditeurs de podcasts. (AFP)
Spotify a lancé la première place de marché publicitaire audio. Elle permet aux annonceurs d’acheter des espaces publicitaires pour se connecter aux consommateurs d’audio numérique, et plus particulièrement aux auditeurs de podcasts. (AFP)
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Publié le Dimanche 10 octobre 2021

La monétisation des podcasts fait son chemin en France 

  • L'autre idée liée à la monétisation serait de développer davantage un système de «pourboire» en utilisant des outils comme Patreon ou Tipeee
  • Pour les habitués, «le podcast est devenu un véritable réflexe: près de 80% d'entre eux déclarent qu'il fait partie de leur quotidien, contre 74% en 2020», selon l'étude

 

PARIS: La monétisation est-elle l'avenir du podcast ? Alors qu'aux États-Unis plusieurs plateformes ont sauté le pas, les choses s'accélèrent en France où l'engouement pour ce nouveau média ne faiblit pas, actant la fin du tout gratuit.  


La monétisation ? "On y a beaucoup réfléchi et on pense que cela pourrait se mettre en place d’ici à la fin de l’année 2021 ou début 2022", a annoncé mi-septembre à l’AFP la directrice des studios de Spotify en France et au Benelux, Claire Hazan. 


Concrètement, les créateurs de podcasts, diffusés jusqu’à présent gratuitement sur la plateforme suédoise, pourront : proposer un abonnement payant  -- qui s'ajoutera à l'abonnement à la plateforme -- ou recourir à la publicité. 


Un modèle que la plateforme, leader mondial du streaming musical, a déjà mis en place aux États-Unis, où elle s'est engagée à ne toucher aucune commission jusqu'en 2023. A l'issue de cette date, elle prélèvera une commission qui n'excèdera pas plus de 5%, indique-t-elle.


Sollicité par l'AFP, le français Deezer explique "étudier les différentes manières de monétiser le contenu pour continuer à apporter plus de valeur aux ayants droit, aux créateurs et à l'industrie". Et de préciser qu'aucun scénario (pub, abonnement...) n'est, "pour l'heure, tranché".

Le podcast de plus en plus ancré dans les habitudes des Français

L'engouement des Français pour le podcast dit "natif" (qui n'est pas une rediffusion d'émission) continue de progresser, ce nouveau média appartenant de plus en plus à leur quotidien, selon une étude rendue publique dimanche à l'occasion de la 4e édition du Paris Podcast Festival.


Désormais 33% en écoutent contre 29% en 2020 et 23% en 2019, d'après cette étude réalisée par Havas Paris et l'institut CSA Research.


"Le profil de l'auditeur a aussi commencé à évoluer", selon Julie Gaillot, directrice du pole Society de l'Institut CSA Research, qui parle d'une "démocratisation" du podcast.


Certes, le portrait robot du noyau dur des adeptes (les auditeurs dits hebdomadaires) reste le même: un cadre supérieur de 35 ans, habitant d'une grande agglomération, avec enfants, ultra connecté et grand consommateur de biens culturels. Mais en prenant en compte les "auditeurs mensuels ou occasionnels, le profil est beaucoup moins typé: il ressemble à l'ensemble des Français, au niveau de l'âge et de la profession", note Mme Gaillot.


Les podcasts natifs, ou originaux, auxquels sont dédiés le Paris Podcast Festival qui se tient de jeudi à dimanche à la Gaîté Lyrique à Paris, sont conçus dès le départ pour une diffusion en ligne, par opposition aux rediffusions d'émissions de radio.


Plateformes, studios, médias, marques, entreprises comme institutions ont investi ce nouveau support de création.


L'enthousiasme des Français pour le podcast s'explique notamment par "l'explosion de l'offre de plus en plus diversifiée", souligne Chloé Tavitian, directrice des narrations audio chez HRCLS (groupe Havas), citant l'exemple de l'AFP qui réalise des podcasts disponibles sur Spotify, poids lourd de la musique en ligne.


Pour les habitués, "le podcast est devenu un véritable réflexe: près de 80% d'entre eux déclarent qu'il fait partie de leur quotidien, contre 74% en 2020", selon l'étude. 


Fait notable: une montée en puissance très forte des contenus jeunesse, "une habitude probablement liée à la période pandémique, pendant laquelle les parents ont préféré l'écoute aux écrans", d'après les auteurs.


Malgré leur enthousiasme, la majorité des auditeurs hebdomadaires n'est pas prête à payer pour leur écoute: 63% d'entre eux préfèrent avoir des podcasts gratuits avec pub, contre 37% payants sans réclame.


L'étude a été réalisée en ligne du 16 au 27 août auprès de 1.007 personnes (dont un échantillon représentatif de la population nationale, plus un sur-échantillon de personnes écoutant régulièrement des podcasts natifs).


«Démocratisation»
Du côté de la firme à la pomme, les podcasts payants sont une réalité depuis juin. En France comme ailleurs. Les abonnements, qui se font à des tarifs fixés par les créateurs de contenus, donnent accès à des épisodes exclusifs, des avant-premières ou des programmes sans publicité.


Sur ces abonnements, Apple prend une commission de 30%. Une part qui passera à 15% après un an d'abonnement.


Si la monétisation semble actée, c'est parce que l'engouement des Français pour les podcasts ne faiblit pas. Selon l'étude du Paris Podcast Festival -- qui se tient du 14 au 17 octobre -- les Français sont de plus en plus nombreux à en écouter (33% en 2021 contre 29% en 2020).


Il y a "une vraie démocratisation du podcast" qui est parvenu à "s'ancrer dans les habitudes des Français", observe Nina Cohen, directrice adjointe du Festival.


Reste une question : les usagers seront-ils prêts à souscrire un deuxième abonnement (en plus de l'abonnement à la plateforme) pour écouter un podcast ?  Le même sondage montre que non, le modèle gratuit avec publicité est largement préféré (63%) contre un modèle avec abonnement mais sans pub (37%). 


"Il y a des gens qui ont l’impression de déjà payer car ils écoutent des podcasts via des plateformes sur lesquelles ils peuvent déjà avoir des abonnements", analyse auprès de l'AFP Chloé Tavitian, directrice des narrations audio chez HRCLS (groupe Havas). 


"Il n'y a peut être pas encore eu le podcast où on se dit: +tiens j’aimerais m'abonner+", poursuit-elle.


Marché publicitaire  
L'autre idée liée à la monétisation serait de développer davantage un système de "pourboire" en utilisant des outils comme Patreon ou Tipeee. Système qui a fait ses preuves chez les YouTubeurs.


Le principe est simple, détaille Julie Gaillot, directrice du pôle Society (qui regroupe les expertises opinion et tendances de société, ndlr) de l'institut d'études CSA: "les auditeurs choisissent de donner au créateur de contenu de leur choix un, deux, voire dix euros, en échange d'accès à son contenu". 


De son côté, Spotify a lancé la première place de marché publicitaire audio. Elle permet aux annonceurs d’acheter des espaces publicitaires pour se connecter aux consommateurs d’audio numérique, et plus particulièrement aux auditeurs de podcasts.


Annoncé en février, le réseau aujourd’hui existe aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et au Canada. Aucune date n'est prévue pour son arrivée en France.


Du côté des institutions, qui assistent au boom du marché, le ministère de la Culture a annoncé début septembre une enveloppe de 500.000 euros pour aider les auteurs et autrices à financer l’écriture de leurs podcasts et de leurs créations radiophoniques, via un appel à projets.


Le montant, certes symbolique, représente toutefois une première étape pour l'économie du podcast.


Entre Taïwan et la Chine, une rapide traversée en ferry pour faire du shopping

Des visiteurs prennent des photos de la ville chinoise de Xiamen depuis les îles Kinmen contrôlées par Taiwan, à Kinmen, le 17 mai 2024. (Photo par I-Hwa Cheng AFP)
Des visiteurs prennent des photos de la ville chinoise de Xiamen depuis les îles Kinmen contrôlées par Taiwan, à Kinmen, le 17 mai 2024. (Photo par I-Hwa Cheng AFP)
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  • En passant l'immigration, les voyageurs ne peuvent manquer un panneau où est inscrit: «Une famille de part et d'autre du détroit, travaillant ensemble pour réaliser nos rêves»
  • La mort en février de deux pêcheurs chinois, après le chavirage de leur embarcation poursuivie par les garde-côtes taïwanais, a donné lieu à une montée des tensions entre Pékin et Taipei

KINMEN, Taïwan : Avant de prendre le ferry qui les ramènera chez eux, les Taïwanais chargés de leurs emplettes faites sur les marchés animés de Xiamen, en Chine continentale, doivent passer au rayon X leurs bagages remplis de nourriture, d'alcool ou encore de matériaux de construction.

A peine cinq kilomètres séparent le continent de l'île taïwanaise de Kinmen, où ils débarqueront une demi-heure plus tard. Mais ils se retrouveront en réalité à mille lieux des centres commerciaux haut-de-gamme et des gratte-ciels modernes de la mégapole chinoise Xiamen.

En passant l'immigration, les voyageurs ne peuvent manquer un panneau où est inscrit: «Une famille de part et d'autre du détroit, travaillant ensemble pour réaliser nos rêves».

La Chine considère Taïwan comme l'une de ses provinces qu'elle a promis de reprendre par la force si nécessaire.

Les navires des garde-côtes chinois ont fait de fréquentes apparitions dans les eaux proches de Kinmen ces derniers mois, avant l'investiture lundi du nouveau président de Taïwan Lai Ching-te, que Pékin a qualifié de «dangereux séparatiste».

Pourtant, le fossé qui se creuse entre Pékin et Taipei et la menace d'un conflit si la Chine tient sa promesse de s'emparer de l'archipel de 23 millions d'habitants semblent être la dernière des préoccupations des passagers taïwanais.

«La Chine est un grand marché, elle offre plus de produits et une plus grande variété de choses, et les choses sont beaucoup moins chères», confie Huang Chuang-yuan, qui tient un restaurant de fruits de mer à Kinmen, et qui fait partie des nombreux habitués à faire la navette.

Huit ferries circulent chaque jour entre les deux rives, et l'année dernière, 700.000 personnes ont fait le voyage entre Kinmen et la Chine continentale.

«C'est très pratique de s'y rendre et le ferry ne dure que 30 minutes», explique à l'AFP le chef taïwanais Ji De-wei, qui a récemment ouvert un restaurant sur l'île taïwanaise, tandis que trois de ses employés chargent ses achats dans un petit camion.

Si «les choses ne sont pas moins chères», il y a «plus de choix», ajoute le cuisinier de 45 ans, qui déclare faire l'aller-retour tous les mois pour s'approvisionner en produits.

D'autres passagers, comme Gail Lin, font le trajet davantage pour la visite que pour faire des courses: en Chine, «les choses sont très modernes», s'exclame-t-elle, déplorant qu'à Kinmen «les choses soient un peu dépassées».

- «Rien ne peut arriver» -

Le président élu taïwanais, qui prendra ses fonctions lundi, s'est décrit par le passé comme un «artisan pragmatique de l'indépendance de Taïwan». Il a depuis adouci son discours, affirmant désormais qu'un processus d'indépendance n'est pas nécessaire car l'île a, selon lui, de facto ce statut.

Mais la mort en février de deux pêcheurs chinois, après le chavirage de leur embarcation poursuivie par les garde-côtes taïwanais, a donné lieu à une montée des tensions entre Pékin et Taipei.

Le 9 mai, une flotte chinoise de sept navires et cinq embarcations de garde-côtes chinois a été détectée autour de l'archipel par leurs homologues taïwanais.

Pourtant, Meng-hsuan Lin, une autre passagère âgée de 28 ans, espère que davantage de citoyens chinois pourront visiter Taïwan, et notamment Kinmen, après l'entrée en fonction de Lai Ching-te.

«Kinmen est l'endroit le plus sûr. Rien ne peut arriver», estime-t-elle.


Aramco : accords avec trois entreprises américaines pour des solutions énergétiques à faible émission de carbone

Les accords conclus avec Aeroseal, Spiritus et Rondo ont été signés en présence du ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, et de son homologue américaine, Jennifer Granholm. (Photo fournie)
Les accords conclus avec Aeroseal, Spiritus et Rondo ont été signés en présence du ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, et de son homologue américaine, Jennifer Granholm. (Photo fournie)
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  • Ces accords ont été conclus après que les deux responsables sont convenus d'une feuille de route pour la coopération entre les deux pays dans ce secteur
  • Aramco et Rondo ont décidé d'explorer le déploiement de batteries thermiques dans les installations mondiales de l’entreprise saoudienne afin de réduire les coûts opérationnels

RIYAD : Le géant de l'énergie Saudi Aramco a signé des protocoles d'accord avec trois entreprises américaines pour promouvoir le développement de solutions potentiellement à faible émission de carbone.

Les accords conclus avec Aeroseal, Spiritus et Rondo ont été signés en présence du ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, et de son homologue américaine, Jennifer Granholm.

Ces accords, conclus après que les deux responsables sont convenus d'une feuille de route pour la coopération entre les deux pays dans ce secteur, ont porté sur la gestion du carbone, l'hydrogène propre, l'énergie nucléaire, ainsi que l'électricité et les énergies renouvelables, l'innovation et la résilience de la chaîne d'approvisionnement du secteur de l'énergie.

Ali al-Meshari, vice-président principal de la technologie, de la supervision et de la coordination chez Aramco, a déclaré : «Aramco a exprimé son ambition d'atteindre la neutralité carbone pour les émissions de gaz à effet de serre de Scope 1 et Scope 2 sur l'ensemble de ses actifs exploités à 100% d'ici 2050. Nous voyons des opportunités pour potentiellement développer une nouvelle activité énergétique à faible émission de carbone. Les technologies innovantes déployées à grande échelle peuvent contribuer à réduire les coûts de réduction des émissions de carbone, et nous investissons dans leur développement à travers nos programmes de R&D, de capital-risque et de déploiement technologique. Nous estimons que les technologies d'Aeroseal, Spiritus et Rondo ont le potentiel de se déployer à l'échelle mondiale, en particulier au Moyen-Orient.»

Après une phase d'essai réussie de la technologie d'Aeroseal en Arabie saoudite, Aramco et l’entreprise sont convenus d'explorer des opportunités pour accélérer le déploiement de cette technologie dans le parc immobilier de l'entreprise et ailleurs. Ils prévoient également de mener des tests conjoints sur les conduits et les enveloppes des bâtiments à l'échelle nationale afin d'identifier les opportunités les plus prometteuses, ainsi que de commercialiser la technologie dans de nouveaux domaines d'application, tels que les gazoducs.

L'accord avec Spiritus a conduit Aramco à envisager des opportunités dans le domaine du captage direct de l'air, l'approche de la société américaine pouvant potentiellement résoudre d'importants défis en termes de coûts.

Aramco et Rondo ont décidé d'explorer le déploiement de batteries thermiques dans les installations mondiales de l’entreprise saoudienne afin de réduire les coûts opérationnels et de soutenir les initiatives de réduction des émissions.

Les sociétés ont entamé des études d'ingénierie en vue du premier déploiement à grande échelle des batteries thermiques de Rondo. Ce projet pourrait contribuer à la réduction des émissions provenant des installations d'Aramco. Par la suite, une expansion jusqu'à une capacité de 1 gigawatt par heure est envisagée.

 


Le secteur saoudien du ciment prochain leader mondial, entre maturité numérique et économie circulaire

Le marché saoudien du ciment blanc devrait enregistrer une croissance à un taux de 11,93 % en moyenne chaque année au cours de la période de prévision allant de 2024 à 2028. Shutterstock
Le marché saoudien du ciment blanc devrait enregistrer une croissance à un taux de 11,93 % en moyenne chaque année au cours de la période de prévision allant de 2024 à 2028. Shutterstock
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  • Le marché du ciment blanc en Arabie saoudite a atteint une valeur de 165,11 millions de dollars en 2022 et devrait enregistrer une croissance à un taux de 11,93 % en moyenne chaque année au cours de la période de prévision allant de 2024 à 2028
  • Des projets clés tels que NEOM et Qiddiya, ainsi que l'expansion des réseaux de transport et des centres de divertissements, ont généré une augmentation notable de la demande de ciment de haute qualité dans le Royaume

RIYAD : L'industrie du ciment en Arabie saoudite est sur le point de maintenir sa position en tant que leader sur le marché mondial, en s’appuyant sur des principes de l'économie circulaire et en surmontant les défis grâce à l'innovation numérique, selon un expert du secteur.

Amr Nader, PDG et co-fondateur du cabinet de conseil en ciment A3&Co, a déclaré à Arab News que la plupart des usines du Royaume dans le secteur disposent de technologies de pointe, ce qui leur permettra d'atteindre la maturité numérique pour réaliser l'excellence opérationnelle et les objectifs de décarbonisation.

Bien que certaines usines aient déjà lancé des initiatives stratégiques dans ce domaine, d'autres en sont encore aux premières étapes d'essais.

Cependant, Nader estime que la transition vers la maturité numérique figure sur la liste des priorités de la plupart des usines et devrait se concrétiser dans les 2 à 5 prochaines années.

Selon TechSCI Research, le marché du ciment blanc en Arabie saoudite a atteint une valeur de 165,11 millions de dollars en 2022 et devrait enregistrer une croissance à un taux de 11,93 % en moyenne chaque année au cours de la période de prévision allant de 2024 à 2028.

Des projets clés tels que NEOM et Qiddiya, ainsi que l'expansion des réseaux de transport et des centres de divertissements, ont généré une augmentation notable de la demande de ciment de haute qualité dans le Royaume.

Nader estime que cette croissance s'accompagnera de changements majeurs dans le secteur et a déclaré : « Nous anticipons une réduction des coûts et une amélioration de la valeur ajoutée, en tirant parti de l'économie circulaire, voire une transition nette zéro si les bonnes technologies aux tailles efficaces sont adoptées. »

Le PDG a souligné l'importance de l'adoption de la technologie de l’oxycombustion à des échelles adaptées, en mettant l'accent sur l’utilisation de l'oxygène et des gaz de combustion recyclés pour brûler les combustibles au lieu de l'air.

Cette approche, combinée à une dépendance accrue aux sources d'énergie renouvelable et à l'intégration prévue de l'hydrogène à faible teneur en carbone comme source de combustible, témoigne du potentiel de l'industrie du ciment en Arabie saoudite pour maintenir son avantage concurrentiel au-delà de 2030 selon M. Nader.

Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie globale de décarbonation visant à réduire l'impact écologique du secteur tout en préservant sa position sur le marché.

M. Nader a également souligné que l'avantage concurrentiel de l’Arabie saoudite en matière de prix est soutenu par des coûts de production plus faibles, même après avoir pris en compte les taxes frontalières d'ajustement du carbone, ce qui pourrait augmenter les exportations vers des régions où les réglementations en matière de carbone sont strictes.

« En ce qui concerne la taxe frontalière sur le carbone en Europe et d'autres taxes frontalières sur le carbone dans le monde, nous  voyons une opportunité pour exporter davantage à partir des usines du Moyen-Orient qui auront adopté rapidement des transitions proches de zéro dans un délai compris entre 2024 et 2028 », a-t-il déclaré.

Les taxes sur le carbone, également connues sous le nom de mécanismes d'ajustement aux frontières, sont des politiques mises en œuvre par les gouvernements pour lutter contre les fuites de carbone.

Elles garantissent la compétitivité des industries soumises à la tarification du carbone sur leur territoire par rapport aux industries étrangères non soumises à des prélèvements similaires.

Ces taxes visent à empêcher la délocalisation d'industries vers des pays dont les politiques climatiques sont moins contraignantes, tout en encourageant d'autres nations à adopter des mesures similaires de tarification du carbone.

Des projets tels que OXAGON à NEOM ont stimulé le secteur du ciment. Dossier
Des projets tels que OXAGON à NEOM ont stimulé le secteur du ciment. Dossier

M. Nader a souligné les défis qui influent sur la demande dans le secteur du ciment, tels que l'augmentation des coûts du fret maritime, la disponibilité réduite des navires en raison des tensions géopolitiques et l'augmentation des prix pratiqués par les usines saoudiennes pour contrer la hausse des coûts de l'énergie d'Aramco.

« Malgré une augmentation moyenne de 100 % des prix des combustibles, les usines saoudiennes efficaces conservent toujours un coût de production inférieur d'environ 15 % à la moyenne mondiale. Il reste donc possible d'améliorer cette situation en adoptant des pratiques d'excellence opérationnelle », a-t-il ajouté.

Il a expliqué que les grandes entreprises du Royaume, dont les capacités de production dépassent 8 000 tonnes par jour, disposent de nombreuses possibilités d'amélioration en mettant en œuvre des stratégies d'excellence opérationnelle et en adoptant rapidement des initiatives prouvées visant des objectifs scientifiques proches de zéro.

Cela permettra non seulement de réduire davantage les coûts, mais aussi de les maintenir en dessous de la moyenne des coûts mondiaux de 15 %, même avec l'augmentation prévue des prix de l'énergie l'année prochaine, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, la diminution des investissements gouvernementaux a constitué un autre défi selon M. Nader, entraînant un ralentissement des projets à grande échelle et, par conséquent, une diminution de la demande de ciment.

Cette tendance s'est traduite par une baisse de 4 % des ventes intérieures et de 30 % des exportations pour les 17 cimentiers saoudiens au cours du premier trimestre 2024 par rapport à la même période de l'année dernière, comme l'indique Al-Yamama Cement.

En effet, 97 % des ventes de ciment ont été réalisées sur le marché intérieur, et seulement 3 % ont été exportées.

Malgré cette baisse des ventes, le Royaume reste le plus grand producteur de ciment de la région, accueillant plusieurs des plus importants cimentiers de la région, selon Global Cement.

Selon les données de Bloomberg, parmi les plus importantes entreprises d'Arabie saoudite, sur la base de leur capitalisation boursière, figurent Al Yamama Cement, avec une capitalisation boursière de 6,95 milliards de riyals saoudiens, suivie par Saudi Cement à 6,82 milliards de riyals saoudiens, Southern Province Cement à 5,5 milliards de riyals saoudiens, puis Qassim Cement, et Yanbu Cement.

M. Nader a lié le récent déclin des ventes nationales à certains mégaprojets dans le Royaume qui recourent au ciment vert, un produit rarement fabriqué dans la plupart des usines d'Arabie Saoudite.

« Néanmoins, il est important de noter que la consommation par habitant de l'Arabie saoudite demeure l'une des plus élevées au monde, atteignant environ 1,3 tonne par habitant. Cependant, l'utilisation du secteur reste inférieure à 60 % en raison de l’importante capacité installée entre 2013 et 2017 », a ajouté M. Nader.

Dans son rapport d'avril, Al-Jazira Capital a également attribué le déclin des ventes à l'impact accru du Ramadan sur les ventes, notant que le mois sacré s'est étendu sur 21 jours en mars 2024, contre seulement 9 jours l'année précédente.

M. Nader avait précédemment souligné dans une interview accordée en février à Aggregates Business que les cimenteries du Moyen-Orient, caractérisées par leur grande taille, bénéficient d'avantages en termes d'économies d'échelle et d'efficacité opérationnelle. La plupart de ces usines sont équipées de technologies modernes et de processus automatisés, les plaçant devant leurs homologues européennes, dont certaines remontent aux années 1950.

En outre, les abondantes ressources solaires, éoliennes et terrestres de la région offrent des possibilités d'adoption de sources d’énergie verte, ce qui place le secteur du ciment du Moyen-Orient en tête des initiatives de développement durable au niveau mondial.

À l'avenir, M. Nader prévoit que la région accordera une importance croissante à la durabilité et à la décarbonisation, ce qui se traduira par une augmentation de la production de produits verts.

En outre, il prévoit un doublement des exportations de ciment du Moyen-Orient dans les deux ou trois prochaines années, avec l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Algérie figurant actuellement parmi les principaux exportateurs.