PARIS : Après la relance, l'investissement: Emmanuel Macron dévoile mardi "France 2030", un plan de plusieurs dizaines de milliards d'euros pour créer des champions dans les technologies d'avenir capables de rivaliser avec les géants chinois et américains.
Avec ce discours, prononcé à l'Élysée devant des étudiants et des chefs d'entreprises, le chef de l'État va se projeter bien au-delà de la présidentielle de 2022, et chercher à cultiver son image de réformateur face à des candidats qui déplorent le "déclin" de la France.
Retardé par la crise du Covid-19, ce "plan d'investissement" a comme objectif de "bâtir la France de 2030 et de faire émerger dans notre pays et en Europe les champions de demain qui, dans les domaines du numérique, de l'industrie verte, des biotechnologies ou encore dans l'agriculture, dessineront notre avenir", a expliqué Emmanuel Macron en juillet.
Depuis, le projet s'est affiné et le chef de l'État annoncera "un chiffrage clair, précis et daté dans le temps" de son montant, indique son entourage. Il devrait concerner une trentaine de milliards d'euros sur cinq ans, selon les estimations.
Dans un contexte de forte reprise économique après la récession historique de 2020 engendrée par la crise sanitaire, "c'est le moment de préparer la France aux succès économiques des vingt ou trente prochaines années", a défendu le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, lors de la présentation du projet de budget 2022.
Il a notamment cité les secteurs de l'hydrogène - déjà en bonne place dans le plan de relance de 100 milliards d'euros mis en place l'an dernier -, des semi-conducteurs - victime d'importantes pénuries au niveau mondial -, ou encore de l'intelligence artificielle et de l'avion bas carbone. Avec l'objectif d'accompagner la transition écologique.
Le nucléaire, qui s'impose comme l'un des sujets de la campagne en raison de la flambée des prix de l'énergie, devrait aussi figurer en bonne place. Le gouvernement veut "investir dans l'outil nucléaire" et "les énergies renouvelables en même temps", a expliqué vendredi Stanilas Guerini, le délégué général de LREM. "Cela peut passer par la construction de nouvelles centrales, des modèles plus petits (SMR), plus rapides" tout en continuant le développement "des modèles EPR", selon lui.
- Éviter le déclassement -
Alors qu'en matière d'innovation les nouveaux acteurs sont parfois plus performants que les entreprises installées, Emmanuel Macron souhaite que "France 2030" permette de "réconcilier cette France des start-up et cette France de l'industrie".
L'objectif est de "retrouver le chemin de l'indépendance française et européenne", selon l'Élysée, au moment où la crise montre la forte dépendance de l'industrie à l'égard de l'Asie pour de nombreux produits et composants essentiels.
Il s'agit également "d'augmenter la productivité de la France, réindustrialiser le pays et nous permettre de reprendre des parts de marché à l'exportation", a détaillé Bruno Le Maire. D'éviter aussi le "déclassement" économique de la France, derrière la Chine et les Etats-Unis.
Le plan comprendra pour cela un volet "compétences et métiers" afin d'assurer la transmission des savoirs et l'engagement des jeunes.
L'annonce de ce plan devrait relancer les critiques de l'opposition sur "la frénésie" de dépenses, qui creusent un endettement record, à six mois de la présidentielle. Pour la droite, Emmanuel Macron fait "campagne avec le chéquier de la France", a dénoncé Xavier Bertrand, tandis que Valérie Pécresse l'accusait de "cramer la caisse".
"C'est le moment d'investir", leur a répliqué Bruno Le Maire, en expliquant que les taux d'intérêt bas permettaient un endettement à moindre coût.
Pour sa part, le Haut conseil des finances publiques, chargé d'évaluer la crédibilité budgétaire du gouvernement, a regretté que le plan ne soit pas intégré au projet de budget pour 2022. Il devrait l'être par amendement lors du débat parlementaire sur le texte.
Ces dernières semaines, le gouvernement a multiplié les réunions de "consultations" de différents secteurs économiques, d'élus et des partenaires sociaux pour finaliser "France 2030". Le ministre de l'Économie était encore vendredi matin sur le campus de l'université de technologie de Compiègne (Oise) pour échanger avec des étudiants.