PARIS : «Ma joie vient de la manière dont je regarde le monde», confie l'artiste britannique David Hockney, 84 ans, l'un des peintres vivants les plus cotés au monde, qui expose sa dernière œuvre à Paris, une ode à la vie et aux quatre saisons en Normandie.
Le travail du célèbre octogénaire est réuni dans l'exposition «A year in Normandie» (Normandie en français dans le titre), exposé à la grande galerie du musée de l'Orangerie du 13 octobre au 14 février 2022, à deux pas des Nymphéas de Claude Monet, qui lui est cher.
L'hiver, le printemps, l'été et l'automne normands, transfigurés par couches successives de dessins «peints» sur i-pad et imprimés par le pionnier du pop art, illuminent tout au long d'une frise de 91 mètres de long sur un mètre de hauteur.
L'ensemble est une explosion de couleurs vives et une expérience quasi-sensorielle où l'on perçoit l'odeur des fleurs de pommiers et de cerisiers, des verts pâturages après la pluie, la rosée du matin et la noblesse de la campagne enneigée.
«La nature est source de tout ! Ma joie ? Elle vient de la façon dont je regarde le monde. Il est magnifique mais il faut savoir regarder avec attention et avec les idées claires», confie David Hockney.
Il explique avoir choisi la Normandie, région du nord de la France, où il a élu domicile en 2019, «juste après avoir terminé un vitrail pour la reine Elisabeth II à l'abbaye de Westminster» pour «quitter Londres» et sa frénésie, trois ans après le référendum sur le Brexit.
Dans sa monumentale frise, le printemps est évoqué au «plus près des fleurs d'arbres fruitiers et de leurs feuilles, à leur naissance, puis en prenant du recul à l'arrivée de l'été avec les arbres en entier», explique M. Hockney. «Ensuite arrive l'automne et la chute des feuilles, puis enfin l'hiver, avec un peu de neige.» Il «l'attendait». Elle est arrivée en janvier 2021.
Ce jour là, dit-il, «la lumière n'est pas apparue avant 8H30; vers 9H15 je me suis dit que j'allais rester au lit mais soudain il s'est mis à neiger et je crois que j'ai capturé cet instant. Ça a duré 35 minutes environ avec de la neige sur les branches; l'après-midi tout avait fondu».
Sa technique numérique «offre une vue à 360 degrés autour de sa maison», commente Cécile Debray, directrice de l'Orangerie. «C'est un moment privilégié de concentration sur la création avec une touche numérique très abstraite, pixelisée, qui amplifie le caractère réaliste de l'image. A 84 ans c'est sans doute l'un des peintres les plus innovants. Il résout ce que Monet cherchait désespérément: la saisie instantanée d'un motif».