Du jihad au maintien de l'ordre: à Kaboul, les débuts de la police talibane

Dans sa version «talibanisée», la tenue des policiers ne comporte plus de pantalon et de veste, mais une tunique traditionnelle afghane, le shalwar kameez (Photo, AFP).
Dans sa version «talibanisée», la tenue des policiers ne comporte plus de pantalon et de veste, mais une tunique traditionnelle afghane, le shalwar kameez (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

Du jihad au maintien de l'ordre: à Kaboul, les débuts de la police talibane

  • La «police talibane» compte aujourd'hui 4 000 hommes dans la ville, le porte-parole de la police de Kaboul
  • Ils apparaissent aussi dépaysés par le spectacle de la capitale, très éloigné de leur vie dans les zones rurales, bien plus conservatrices

KABOUL: Rahimullah a passé 13 ans dans les rangs des combattants talibans. Aujourd'hui, avec sa patrouille de policiers, il doit rester debout à un poste de contrôle ou sillonner les rues de Kaboul pour attraper "les voleurs, les assassins, ceux qui boivent du vin".

Comme le reste du mouvement taliban, il expérimente cette transition hésitante d'un quotidien fait de violence, de guerre et d'insurrection aux défis de l'administration civile d'un pays.

Le policier se retrouve à la tête "d'une voiture et de huit hommes", en charge du maintien de l'ordre et de la lutte contre la petite criminalité dans le secteur dit "Police District 10", au centre de la capitale afghane.

"Ce travail n'est pas risqué", juge d'emblée l'ex-combattant de 28 ans. "C'était vraiment dangereux de se battre", dit l'homme originaire de la province du Wardak, à l'ouest de Kaboul. Il raconte avoir rejoint adolescent les rangs des talibans, "pour l'islam et pour son pays".

La "police talibane" compte aujourd'hui 4.000 hommes dans la ville, explique Afez Sirajuddin Omeri, porte-parole de la police de Kaboul, assis au volant d’une vieille Corolla poussiéreuse, l'autoradio branché sur des chants religieux. 

"Sous le précédent gouvernement, il y avait 300 ou 400 crimes rapportés par jour, aujourd'hui, j'en reçois environ 15", dresse le fonctionnaire dans un premier bilan impossible à vérifier.

Messages sans équivoque

Les talibans ont adressé à la population des messages sans équivoque, comme ces quatre cadavres de kidnappeurs pendus à une grue dans la ville de Hérat (ouest), ou ces voleurs exhibés le visage peint en noir à Kaboul.

En quelques semaines, reconnaissent les habitants de Kaboul, les nombreux vols et enlèvements ont marqué le pas.

Le mouvement islamiste, qui applique l'une des visions les plus rigoristes de la charia, avait fait régner la terreur lorsqu'il dirigeait le pays entre 1996 et 2001, à coups de lapidations, exécutions publiques dans des stades, coups de fouet en pleine rue ou mains coupées...

Vingt ans plus tard, ces mesures n'ont pas pour le moment été remises à l'ordre du jour.

Arrêter les voitures, ouvrir les coffres, interroger les conducteurs... Dans la patrouille, certains des policiers semblent encore chercher leurs marques.

Ils apparaissent aussi dépaysés par le spectacle de la capitale, très éloigné de leur vie dans les zones rurales, bien plus conservatrices.

Cachés ou en fuite

Dans sa version "talibanisée", la tenue des policiers ne comporte plus de pantalon et de veste, mais une tunique traditionnelle afghane, le shalwar kameez. Cet habit est imprimé dans du tissu militaire bleu, la couleur de l'uniforme de leurs prédécesseurs.

De l'ancienne police afghane, mise en place et formée par les forces internationales, il reste peu. A l'arrivée des talibans, il y a sept semaines, la plupart des policiers ont déserté leurs postes.

Redoutant vengeance et exactions, beaucoup d'anciens haut-fonctionnaires se sont cachés ou ont fui le pays, notamment les quelques rares femmes gradées de la police. 

Mais Qari Sayed Khosti, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, les invite désormais à revenir à leur poste, car, dit-il, "ils connaissent leur travail". 

"Il y a un programme de formation en cours et il y aura des professionnels dans tous les domaines", assure le responsable ministériel. 

Maintenir l'ordre, la sécurité, lutter contre la corruption et protéger les civils font en effet partie des promesses phares des talibans.

Mawlawi Shaker, 34 ans, le commandant du district 10 de Kaboul, dirige 200 hommes et s'occupe "des problèmes de sécurité, des disputes judiciaires, des incidents criminels".

"Ce n'est pas notre travail favori, mais c'est notre responsabilité", admet le commandant au grand turban noir, assis dans son bureau au commissariat.

Sur le mur, on peut encore voir l'emblème de la police de l'ancien gouvernement et, à côté, le drapeau taliban.

Passer d'un quotidien exalté de violence extrême à celui, en retenue, du maintien de l'ordre met au défi les jeunes recrues talibanes.

Mais Yahya Mansoor, 25 ans, chargé d'un poste de contrôle dans l'ouest de Kaboul, assure que lui et ses camarades sont avant tout là "pour servir le peuple".

"Auparavant, nous servions en faisant le jihad, maintenant nous construisons notre pays", déclare le jeune homme, tout en reconnaissant que, s'il ne regrette pas les combats, l'esprit de "la lutte sainte" lui manque.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.