France : Une saison tout schuss après deux hivers plombés par le Covid ? Malgré des réservations qui s'annoncent très bonnes, les stations de ski françaises, « échaudées » par la saga des restrictions sanitaires, hésitent encore à y croire et réclament de la visibilité au gouvernement.
Leur prudence s'explique par le « traumatisme » subi l'an dernier lorsque le gouvernement, après plusieurs rebondissements, a finalement décrété que les remontées mécaniques resteraient fermées tout l'hiver.
« Nous étions tellement optimistes », se remémore Alex Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF), qui représente les exploitants des 250 stations de ski françaises.
Mais au final, ce fut « une année horrible: une saison blanche, une année noire », a-t-il rappelé jeudi, lors du congrès annuel de l'association à Chambéry, dans les Alpes françaises (sud-est).
« Nous ne comprendrons jamais pourquoi nous avons été fermés », souligne-t-il, tout en « remerciant » l'État pour le généreux soutien financier alloué en compensation.
Au total, ce sont « près de 6 milliards d'euros (qui ont été) mobilisés par les pouvoirs publics jusqu'à présent pour accompagner la montagne française », dont un plan de diversification de 650 millions d'euros, a rappelé le ministre délégué chargé des Petites et Moyennes entreprises, Alain Griset, lors de ce même congrès. « L'État a pris ses responsabilités », a-t-il affirmé.
Pour nombre de professionnels du ski pourtant, le gouvernement avait au départ largement sous-estimé le coût de cette décision.
« Les dégâts économiques ont été terribles. (...) Cette année, (le président français) Emmanuel Macron saura qu'une fermeture se chiffre en milliards et pas en millions », relève Laurent Vanat, consultant spécialisé basé à Genève, en Suisse.
Selon lui, ce n'est pas un hasard si seules la France, l'Italie et l'Allemagne ont pris la décision de fermer leurs remontées mécaniques: ce sont « tous les trois des pays où les gouvernements sont très loin des montagnes et n'en perçoivent pas tous les enjeux ».
Ces décisions ont « coûté 8 milliards d'euros à notre pays et elles ont fragilisé 400.000 emplois », s'est agacé le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.
-« Cet hiver, nous skierons! » -
Les largesses de l'État, la bonne saison estivale et l'évidente fringale du public pour la montagne ont depuis permis d'apaiser quelque peu les esprits, désormais tournés vers la prochaine saison. A quoi faut-il s'attendre cette fois?
« Le message est très clair: cet hiver, nous skierons! », leur a lancé le secrétaire d'État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne.
« Il faut y aller tout schuss et on va faire une bonne saison. Il y a une envie de grand air, c'est l'occasion de reconquérir certaines clientèles éloignées du ski, notamment en France », veut-il croire.
Mais la pandémie rôde toujours, admet-il, et le gouvernement entend par conséquent préserver « la possibilité de recourir » au pass sanitaire jusqu'à l'été 2022.
De quoi conserver sous la main des outils « à déclencher au cas où ». En tout état de cause, « le droit ne prévoit pas à ce stade que le pass sanitaire soit demandé dans les remontées mécaniques », a-t-il rappelé.
Les professionnels du ski, actuellement en pleins préparatifs de la prochaine saison, avec notamment le recrutement des saisonniers, avertissent que le pass sanitaire dans les domaines skiables serait « ingérable ». Ils ne cachent pas qu'ils auraient préféré entendre quelque chose de « plus concret ».
« L'année dernière, nous avons eu des reports d'ouverture à répétition et on a peur que ça se reproduise », confie un responsable d'une petite station alpine.
D'autant que la clientèle semble déjà au rendez-vous, y compris à l'étranger.
« Nous avons lancé les ventes de forfaits en mai. Ca cartonne, les gens ont vraiment envie de venir au ski », souligne Yves Dimier, ancien champion et directeur de la station de Val-Cenis. « On sait que tous les voyants sont au vert mais on quand même été échaudés ces deux dernières années. Globalement la saison s'annonce bien, attendons!»