DUBAÏ: Une fusée réutilisable, une exploitation agricole en plein désert où les cultures poussent grâce à l’eau salée, des théâtres éphémères, un véhicule Hyperloop qui permettra à ses passagers de voyager au moyen d’un système d’aspiration ultrarapide: ce ne sont là que quelques-unes des expériences que les visiteurs auront la joie de découvrir au cours des six prochains mois dans le cadre de l’Expo 2020 de Dubaï.
En 2013, à Paris, Dubaï a conquis le jury en présentant son projet. Depuis, cette exposition est sans conteste l’événement dont on parle le plus aux Émirats arabes unis.
En effet, l’Expo 2020 est devenue un synonyme de célébration non seulement en raison de la portée et de l’ambition des projets et des pavillons exposés, mais aussi parce que les organisateurs misent sur le fait qu’elle changera la donne pour Dubaï.
L’événement, qui a démarré jeudi dernier avec une remarquable cérémonie d’ouverture, compte 200 participants en provenance de 192 pays et comprend 60 événements. Les attentes n’ont fait que croître dans la mesure où le lancement a été retardé d’un an en raison de la pandémie de Covid-19.
Que l’exposition puisse se tenir à une telle échelle, avec «25 millions de visites» prévues, au moment où les déplacements restent difficiles, après dix-huit mois de fermetures et de reports, constitue sans aucun doute un exploit à part entière.
Le site s’étend sur 4,38 kilomètres carrés dans le quartier de Dubai South, près du nouvel aéroport international Al-Maktoum, le deuxième de la ville. Il a subi de nombreuses transformations au cours de ces huit dernières années. Le point central est Al-Wasl Plaza, surplombé par un énorme dôme d’acier conçu par la firme américaine Adrian Smith + Gordon Gill Architecture.
La structure permanente compte 130 mètres de large et 67 mètres de haut. On peut y projeter des images aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Elle accueillera les principales cérémonies d’ouverture de l’exposition.
L’Expo 2020 de Dubaï se fixe un objectif ambitieux: susciter un changement durable dans le monde.
«Ce qui est extraordinaire, c’est la diversité des programmes que l’Expo 2020 a mis en place. Il s’agit, bien sûr, d’une célébration mondiale très visible grâce aux événements et aux festivités des 192 pays participants, dont chacun présente sa propre culture, son patrimoine et ses innovations», déclare à Arab News Sumathi Ramanathan, vice-présidente de la stratégie commerciale et des ventes.
«En outre, l’Expo 2020 met en évidence la mentalité inclusive des Émirats arabes unis, où plus de 200 nationalités cohabitent.»
La première exposition universelle remonte à 1851, lorsqu’un événement intitulé «La grande exposition des œuvres de l’industrie de toutes les nations» s’est tenu à Londres.
Cette manifestation a lieu tous les cinq ans dans une ville internationale sur une durée qui va de trois à six mois. À Dubaï, on assiste actuellement à la 34e exposition universelle après celle de Milan, organisée en 2015. La prochaine édition devrait avoir lieu en 2025 dans la ville japonaise d’Osaka, qui a déjà accueilli l’exposition de 1970.
Aujourd’hui, l’objectif est de trouver des solutions aux problèmes et aux défis mondiaux. Les pays du monde entier ont construit des pavillons qui présentent leurs dernières innovations architecturales et technologiques, conformément à un thème spécifique.
Pour l’Expo 2020, le thème est «Connecter les esprits, construire l’avenir». L’objectif est d’explorer les possibilités dans les domaines des opportunités, de la mobilité et de la durabilité. La technologie exposée doit être unique, pionnière et durable.
Selon Ramanathan, cet événement prend place «à un moment crucial au sein de notre société». En effet, il est devenu rare de pouvoir se rassembler pour célébrer quoi que ce soit.
«Cela fait presque deux ans environ que les gens n’ont pas eu l’occasion de se réunir. Nous organisons un événement au moment où le monde essaie de surmonter les défis d’une pandémie», fait observer Ramanathan.
«Les gens n’ont pas pu se rencontrer, interagir, vivre des expériences ou même échanger dans un environnement physique, et c’est d’ailleurs ce qui rend cette exposition incroyablement spéciale. Elle est en mesure de servir de plate-forme de collaboration et de coopération dans un moment où le monde en a peut-être le plus besoin.»
En dépit des difficultés, l’Expo 2020 possède toujours l’objectif ambitieux d’enregistrer 25 millions de visites en six mois. Elle se poursuit jusqu’au 31 mars 2022.
Chacun des 192 participants initiaux, ajoute Ramanathan, sera représenté à l’Expo 2020. Les pavillons des différents pays ne sont d’ailleurs pas les seuls à espérer attirer l’attention.
En effet, les visiteurs pourront découvrir de nombreuses autres attractions. Ainsi, une collaboration avec Cartier a pour but de mettre en lumière la contribution des femmes au Moyen-Orient.
Lancée quelques semaines seulement avant le coup d’envoi de la Conférence des nations unies sur les changements climatiques (COP26) qui s’est tenue à Glasgow, au Royaume-Uni, l’Expo 2020 accorde naturellement une grande importance à la protection de l’environnement et à la durabilité.
«Terra – The Sustainability Pavilion» («Terra – Le pavillon Durabilité»), conçu par Grimshaw Architects, une entreprise située au Royaume-Uni, a pour objectif d’obtenir la plus haute accréditation disponible pour l’architecture durable, la certification Leed Platine.
Il y a également «Alif – The Mobility Pavilion» («Alif – le pavillon Mobilité»), conçu par le cabinet d’architectes plusieurs fois primé Foster + Partners, qui le définit comme le plus grand ascenseur de personnes au monde. Il serait capable de transporter plus de 160 individus à la fois.
Ce pavillon se consacre aux découvertes dans le domaine des appareils de mobilité de pointe et il dispose d’une voie de 330 mètres dont une partie est en plein air, ce qui permet aux visiteurs d’observer les nouveaux gadgets et technologies en mouvement.
Dans le style typique de Dubaï, la cérémonie d’ouverture a présenté des performances de haute technologie et a réuni un impressionnant plateau de vedettes internationales: le chanteur d’opéra Andrea Bocelli, le pianiste classique Lang Lang, les artistes pop Ellie Goulding, Andra Day et Angélique Kidjo, ainsi que des artistes régionaux comme Mohammed Abdu, Ahlam et Hussain al-Jassmi.
Ramanathan précise que plus de 1 000 artistes et techniciens ont travaillé sur ce spectacle grandiose de quatre-vingt-dix minutes qui, selon les organisateurs, changera la façon dont les gens du monde entier perçoivent Dubaï et les Émirats arabes unis.
Elle indique par ailleurs que la vente de billets va bon train, avec une augmentation de la demande des pays du monde entier, notamment le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, les États-Unis et la région Mena.
Si un visiteur étranger souhaite participer à l’événement, il lui suffit d’un test PCR négatif et d’un billet d’avion.
«L’accent est vraiment mis sur ce que cette exposition signifiera pour vous en fonction de ce qui vous intéresse», explique Ramanathan, ajoutant que la programmation est adaptée à la fois à l’individu et à un collectif plus large, qu'il s’agisse de réseaux d’affaires, de changement social et environnemental, de connaissances et d’apprentissage, de voyages et d’exploration spatiale, ou d’arts et de culture.
Un exercice d’enrichissement des connaissances sur d’autres peuples et d’autres lieux est proposé, ainsi que la présentation de philosophies et d’idéologies nouvelles, poursuit-elle.
«Le plus intéressant réside sans doute dans la fusion de la programmation que nous proposons. Vous pouvez à la fois découvrir des aspects traditionnels, comme le patrimoine de chaque pays, et la technologie et l’innovation les plus avant-gardistes», conclut Ramanathan.