GRENOBLE : Le mont Blanc, plus haut sommet d'Europe occidentale, a été mesuré à la mi-septembre à 4.807,81 m, soit près d'un mètre en moins par rapport à la mesure réalisée en 2017, selon une équipe de géomètres-experts, qui met toutefois en garde contre toute "conclusion hâtive" liée au changement climatique.
Cette nouvelle mesure correspond finalement à "l'altitude qu’on retrouvait dans nos bouquins (de géographie) à l'école" et qui a été apprise par coeur par des générations d'écoliers français, ont plaisanté deux des membres de l'équipe, Jean des Garets et Denis Borel, lors d'un point presse à Saint-Gervais-Les-Bains (Haute Savoie), au pied du géant blanc. Une mesure qui remontait elle-même à la fin du XIXè.
La mission, conduite par la chambre départementale des géomètres-experts de Haute Savoie, a réalisé à la mi-septembre l'ascension du toit de l'Europe, pour procéder trois jours durant à des relevés, comme elle le fait tous les deux ans depuis une vingtaine d'années.
L'expédition 2021 a bénéficié de conditions météorologiques très favorables, qui lui ont permis de rester trois heures au sommet et de "relever dans ses moindres recoins" la calotte sommitale. De quoi "atteindre un niveau de précision jamais réalisé jusqu'alors", se sont félicités les géomètres-experts.
Pour autant, il faut "rester humble devant cette mesure (…) Il ne faut pas tirer de conclusion hâtive sur des mesures qui ont été réalisées uniquement depuis les années 2001 avec la précision qu’on vous montre aujourd’hui", a insisté M. Borel.
"Nous mesurons, nous constatons (...). Nous sommes là en tant que sentinelles de l’environnement", a-t-il ajouté. Il revient désormais aux "climatologues, glaciologues et autres scientifiques d’exploiter toutes les données recueillies et d’avancer toutes les hypothèses pour expliquer ce phénomène".
L'arc alpin est particulièrement affecté par le réchauffement climatique. L'un de ses glaciers les plus emblématiques, la Mer de Glace dans le massif du Mont-Blanc, a reculé d'environ 2 kilomètres depuis 1850, perdant 120 mètres d'épaisseur au cours du siècle passé.
Plus haut en été qu'en hiver
L'objectif des mesures régulières du mont Blanc est de "modéliser la calotte glaciaire" et "de constituer et de nourrir une banque de données précises et fiables. Celles-ci pourront être exploitées par les experts et surtout transmises aux générations futures", ont expliqué les géomètres-experts.
La dernière mesure rendue publique en 2017 faisait état d'une altitude de 4 808,72 m, elle-même en baisse par rapport à celles des années précédentes. C'est en 2007 qu'a été relevée l'altitude la plus élevée (4 810,90 m).
Les chiffres attestent d'une décrue de l’altitude du sommet d’une "moyenne" de 13 cm par an depuis 2001, ont noté les géomètres-experts.
En réalité, les chiffres varient d'une fois sur l'autre car le sommet est "recouvert d’une couche de +neiges éternelles+ qui fonctionne comme une énorme congère et varie en fonction des vents d’altitude et des précipitations".
"Ainsi donc, depuis la nuit des temps, l’altitude du mont Blanc oscille continuellement". Le sommet "rocheux" culmine pour sa part "à 4 792 m", soulignent les géomètres.
La mesure effectuée en 2019 avait toutefois été tenue "secrète" car "exceptionnellement basse" (4 806,03 m). Décision avait été prise à l'époque "d’attendre la mesure de 2021 pour davantage d’explications pédagogiques et scientifiques".
Il s'agissait d'une "mesure un peu hors du temps car il est vrai qu’il n’y avait pas eu un niveau d’enneigement énorme pendant cet été et qu’il n’est pas du tout significatif par rapport aux années précédentes", a expliqué M. Borel.
L'altitude du sommet varie également selon les saisons, le mont Blanc étant un "complexe dunaire" où le vent, plus violent en hiver, rabote davantage la neige qu'en été. Le sommet est donc plus haut à la fin de la belle saison qu'au printemps.