ALGER: Le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué mercredi l'ambassadeur de France en Algérie pour protester contre la décision de Paris de réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens, selon un communiqué officiel.
L'ambassadeur, François Gouyette, s'est vu notifier « une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France », a précisé le ministère dans un communiqué.
Paris a annoncé mardi la réduction du nombre de visas accordés aux ressortissants du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie en raison du « refus » de ces pays du Maghreb de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.
« Cette décision qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne comporte l'anomalie rédhibitoire d'avoir fait l'objet d'un tapage médiatique générateur de confusion et d'ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d'application », a estimé le ministère algérien.
Il a en outre déploré un « acte malencontreux qui frappe de précarité et d'incertitude un domaine sensible de coopération » entre les deux pays.
Le Maroc avait déploré mardi la décision de la France la qualifiant d'« injustifiée ».
Contrairement à ses voisins, la Tunisie n'a pas réagi officiellement, mais nombre de ses citoyens affichaient leur inquiétude mercredi devant les bureaux de TLS Contact, la société privée seule habilitée à recevoir les pré-demandes de visas pour la France.
Des dizaines de personnes entrent et sortent en flux continu du grand immeuble des berges du lac à Tunis.
Mahassen Jmel-Keskes, la cinquantaine, est désemparée. Elle vient de déposer sa demande de visa pour aller assister en France à un congrès d'esthétique.
« Mes deux sociétés risquent d'avoir des problèmes car les échanges internationaux permettent la création et l'innovation, ce mélange est magnifique », souligne Mme Jmel-Keskes, qui gère deux salons d’esthétique.
Mourad Gamar se dit « inquiet » parce qu'il rend chaque année visite à sa famille en France et pour la première fois le quinquagénaire « a peur de ne pas obtenir » son visa.
Même inquiétude chez Walid Ben Mnasser, 46 ans, en possession d'un visa mais qui accompagne sa femme au dépôt de son dossier, en vue de retrouvailles avec leur fille étudiante en médecine en France.
« L'Afrique du Nord ne mérite pas un tel traitement de la France. Certes, il y a un problème avec les immigrés clandestins mais il y a des gens réglos ici qui ont contribué au développement de la France », dit-il, déplorant « une discrimination ».
Choukri Boubaker, directeur d'une agence de voyage, en veut aux autorités tunisiennes. « Depuis novembre, nos dirigeants sont endormis. La France les a prévenus, ils n'ont rien fait du tout, c'est notre gouvernement qui doit bouger et régler ce problème des clandestins pour que les autres puissent voyager normalement », lance-t-il.
Il redoute une chute de son activité, estimant que toutes les agences qui vendent des billets pour l'Europe vont être touchées. « Pas de visas, pas de billets vendus », souligne sa responsable de billetterie.