PARIS: « Un choc » énorme: les premières victimes des attentats du 13 novembre 2015 en France ont commencé à témoigner mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris, racontant leurs traumatismes six ans après cette nuit d'horreur.
Ces attentats, les plus sanglants jamais commis en France, ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris et à Saint-Denis, en banlieue.
La cour a commencé à entendre mardi après-midi les témoignages des victimes du Stade de France, aux abords duquel trois kamikazes se sont fait exploser, faisant un mort.
« Un kamikaze s'est fait exploser devant nous. Je garde en moi l'explosion, le bruit et l'odeur (...) J'ai été choqué par ce tronc humain coupé en deux, ces morceaux de chair un petit peu partout », a déclaré, tremblant à la barre, un retraité de la gendarmerie, Pierre, toujours « traumatisé ».
Le soir des attentats, il patrouillait avec des collègues devant le stade où se jouait une rencontre amicale de football.
En « 33 ans de carrière », Philippe, major de gendarmerie à la retraite, a assuré n'avoir jamais connu un tel « choc ».
« Gendarmes, policiers, pompiers, on est tous formés (...) Quand on est appelé pour une intervention, on se prépare sur le trajet. (Mais) on n'est pas formé à voir un kamikaze », at-il expliqué.
« Environ 350 » parties civiles - rescapés des attaques et proches des victimes - ont demandé à témoigner, a rappelé le président Jean-Louis Périès avant de donner le coup d'envoi de cinq semaines d'auditions. Il a souhaité « qu'on évite, dans la mesure du possible, les redites à la barre ».
Le président de l'association de victimes Life for Paris, Arthur Dénouveaux, rescapé de la salle de concert du Bataclan, a souligné que « le travail de préparation auprès des victimes a été de leur dire: ‘Ce qui vous intéresse, c'est de dire ce que vous avez vécu, sans vous préoccuper des autres’. C'est comme ça que cela aura du sens ».
Au total, plus de 2 200 personnes se sont constituées parties civiles à ce procès, qui juge depuis le 8 septembre et pour environ neuf mois vingt accusés, dont le seul membre encore en vie des commandos Salah Abdeslam.