TUNIS: Des partis politiques tunisiens ont dénoncé mardi le « pouvoir absolu » que s'est arrogé, selon eux, le président Kais Saied, avertissant que ses décisions controversées pourraient faire sombrer le pays dans la violence.
Quatre formations de gauche ont vivement critiqué, lors d'une conférence de presse à Tunis, les mesures prises depuis le 25 juillet par M. Saied, notamment le limogeage du gouvernement, ainsi que la suspension du Parlement et de chapitres clés de la Constitution, estimant qu'elles débouchaient sur un « pouvoir absolu » concentré aux mains d'un seul homme.
« Le président a choisi la fuite en avant (...). D'un trait de plume, il a établi un pouvoir absolu », a déploré Ghazi Chaouachi, président du Courant démocrate (Attayar, ndlr), parti qui a 21 sièges au Parlement suspendu.
Selon lui, « nous vivons dans une période d'illégitimité » puisque le président Saied a « violé la Constitution et s'est retourné contre la légitimité constitutionnelle ».
Si le président, qui cherche à « satisfaire ses désirs », ne revient pas sur ses mesures, le pays « risque de glisser vers la violence » voire « une guerre civile », a-t-il averti.
« Nous allons recourir à tous les moyens de pression et de lutte légale et pacifique pour défendre la démocratie et les acquis de la révolution » de 2011 ayant écarté le président Zine el Abidine Ben Ali après 23 règne sans partage.
Craignant un scénario libanais en Tunisie avec une paralysie prolongée des institutions de l'Etat, le président du parti Afek Tounes (deux sièges au Parlement), Fadhel Abdelkefi, a souligné la gravité de la crise actuelle et ses répercussions sur l'économie tunisienne.
« La priorité doit être accordée au sauvetage » du secteur économique qui pâtit des tiraillements et de l'instabilité politique, a estimé cet économiste et ancien ministre du Développement et de l'Investissement
Des ONG nationales et internationales ont fustigé samedi « l'accaparement du pouvoir » par le président Saied, qu'elles ont qualifié de « dérive sans précédent ».