NATIONS UNIES : Les récentes mesures d'exception renforçant les pouvoirs du président tunisien Kais Saied visent à assurer "une démocratie authentique et paisible" en Tunisie, a affirmé lundi à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU le chef de la diplomatie tunisienne.
"En Tunisie, nous avons commencé une entreprise de renforcement des capacités fondée sur l'espoir d'une démocratie authentique et paisible, répondant à la volonté du peuple tunisien, à ses aspirations légitimes dans un système protégeant sa souveraineté, ses droits, ses libertés, sa dignité", a dit Othman Jerandi.
Evoquant "une crise économique et sanitaire qui fait rage", le ministre a affirmé que le président avait "dû prendre des mesures exceptionnelles fondées sur (la) Constitution pour mettre de nouveau le pays sur la bonne voie pour respecter les principes de la démocratie".
Kais Saied, élu fin 2019, avait annoncé le 25 juillet le limogeage du Premier ministre et la suspension des activités du Parlement. Après des mois de blocage politique et en pleine crise sanitaire du Covid-19 aggravant les difficultés économiques et sociales du pays, ce coup de force avait été accueilli par des scènes de liesse populaire.
Depuis, des manifestations s'opposant au virage autoritaire du président ont été organisées, la dernière dimanche à Tunis ayant rassemblé environ 2.000 personnes, soit le plus grand rassemblement depuis le coup de force de juillet.
"La démocratie en Tunisie est la seule option, un choix dont nous ne nous départirons jamais. Les droits humains, les libertés individuelles sont garanties et protégées par des institutions érigées sur le socle de l'Etat de droit et la bonne gouvernance", a insisté Othman Jerandi.
"Il est impossible de faire naître un système véritablement démocratique sans lutter contre la corruption et sans mettre fin à l'impunité", des "fléaux qui ont épuisé" la Tunisie, a fait valoir le ministre tunisien dont le pays est actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU.
Mercredi, Kais Saied a accentué son emprise sur le pays en faisant publier un décret qui se substitue à divers chapitres de la Constitution, contenant "des mesures exceptionnelles". Celles-ci pérennisent le gel du Parlement, lui permettent de légiférer par décret, de présider le Conseil des ministres et d'édicter des lois dans tous les domaines.