DUBAÏ: Le prix du pétrole a fait un bond lundi dernier: il a presque atteint 80 dollars le baril (1 dollar = 0,86 euro). Ce niveau, le plus élevé depuis près de trois ans, est attribuable à la réévaluation des perspectives de reprise économique mondiale effectuée par les opérateurs dans un contexte de resserrement de l'offre de pétrole brut.
Le brut de référence mondiale, le Brent, a clôturé la journée à 79,60 dollars le baril, soit une augmentation de 90% en un an. Les analystes prévoient une hausse de la demande de pétrole dans la mesure où la reprise de l'économie mondiale après la pandémie se fait plus rapidement que prévu.
Damien Courvalin, analyste spécialiste des matières premières auprès de la banque américaine Goldman Sachs, affirme: «Bien que nous estimions depuis longtemps que les prix du pétrole allaient augmenter, le déficit actuel de l’offre et de la demande mondiales est plus important que nous ne le pensions.» Il précise que la reprise de la demande mondiale après le variant Delta a été encore plus rapide que ne le prévoyaient les estimations précédentes. Goldman Sachs a relevé ses estimations du prix du pétrole brut Brent à la fin de l'année, le faisant passer à 90 dollars le baril, soit une augmentation de 10 dollars.
Christian Malek, qui travaille chez JP Morgan, confirme ce qu'il avait prévu: le baril de pétrole s'échangera à 100 dollars dans la mesure où les matières premières traversent toutes un «supercycle» au niveau des prix. «Le pétrole traverse aujourd’hui un supercycle», confie-t-il.
La hausse des prix du pétrole observée depuis le printemps dernier s'explique en partie par le redressement de la situation économique dans le monde, mais aussi par les mesures prises par les pays de l'Opep+ – l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, dirigée par l'Arabie saoudite et la Russie – pour restreindre l'offre en période de faible demande.
Si l'Opep+ a commencé à revenir sur ces réductions de production en autorisant la production de 400 000 barils supplémentaires par mois jusqu'au mois de décembre 2022, Goldman Sachs estime que le marché pétrolier connaîtra en 2023 un nouveau «déficit structurel», puisque la demande excédera l'offre et que les investissements resteront limités.
En dépit de la hausse des quotas de production des pays de l'Opep+, certains grands producteurs éprouvent des difficultés à atteindre ces nouvelles limites et à satisfaire les demandes du marché mondial. L'Arabie saoudite, dotée de la plus grande capacité parmi les nations de l'Opep+, sera sans doute la grande gagnante de cette hausse des prix et de la production.
Par ailleurs, les pénuries de gaz en Europe et dans d'autres régions devraient, elles aussi, donner une impulsion aux prix du pétrole. «Les risques liés à la demande pendant la saison d'hiver semblent être favorables, dans la mesure où la pénurie de gaz à l'échelle mondiale entraînera une plus grande production d'électricité à partir du pétrole», indique Goldman Sachs.
Lors de sa prochaine réunion, l'Opep+ déterminera s’il se conformera à l'augmentation de production prévue, à hauteur de 400 000 unités. Toutefois, il sera confronté au dilemme suivant: les prix continueront-ils à augmenter? Selon certains spécialistes de l'énergie, le pétrole de schiste américain est susceptible de connaître une reprise qui pourrait réduire la part de marché de l'Opep+.
Le brut américain, le West Texas Intermediate (WTI), s'échangeait hier à plus de 75 dollars le baril, un seuil que de nombreux producteurs de pétrole jugent suffisant pour relancer les activités de forage.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com