Au Maroc, le street art redessine l'espace urbain

Les prémices de cet art urbain ont vu le jour au début des années 2000 à Casablanca. (AFP)
Les prémices de cet art urbain ont vu le jour au début des années 2000 à Casablanca. (AFP)
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Publié le Mardi 28 septembre 2021

Au Maroc, le street art redessine l'espace urbain

  • Il suffit de longer les avenues ou ruelles de la capitale pour voir émerger d'imposantes fresques de créatures fantasmagoriques ou de scènes de la vie courante
  • A Tanger, cet été, les autorités communales avaient commencé à effacer un portrait de la photographe marocaine Leïla Alaoui, tuée en 2016 lors d'un attentat à Ouagadougou avant de revenir sur cette décision

RABAT: "Le street art c'est comme un sport", lance le jeune muraliste Omar Lhamzi. Depuis peu, une nouvelle génération d'artistes marocains investit l'espace public pour dessiner son univers à grande échelle, et changer la face de villes comme Rabat ou Casablanca.


Il suffit de longer les avenues ou ruelles de la capitale pour voir émerger d'imposantes fresques de créatures fantasmagoriques ou de scènes de la vie courante. 

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De bon matin, Omar Lhamzi alias «Bo3bo3», gilet jaune, débardeur, jogging et chaussures éclaboussés de peinture, ne tient pas en place. (AFP)


Elles sont signées par des artistes marocains et du monde entier, invités par le Festival Jidar ("mur" en arabe) dont la 6e édition s'est achevée dimanche à Rabat.


De bon matin, Omar Lhamzi alias "Bo3bo3", gilet jaune, débardeur, jogging et chaussures éclaboussés de peinture, ne tient pas en place. 


Il dispose ses pots et bombes de peintures, choisit avec soin ses pinceaux et rouleaux pour "attaquer" son mur dans le quartier populaire de Yaacoub al-Mansour.

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Ce projet séduit alors les riverains mais également les structures institutionnelles et privées qui cherchent à dupliquer l'expérience à Rabat, Marrakech, Agadir et dans des localités reculées du royaume. (AFP)

Ce jeune homme de 25 ans n'aurait pas parié un dirham sur un avenir de muraliste quand il a décroché en 2018 son diplôme à la réputée Ecole nationale des Beaux-Arts de Tétouan (nord). 


"Jamais je n'aurais imaginé qu'un jour mon travail serait visible dans l'espace public", explique à l'AFP cet artiste qui a réalisé ses premières fresques il y a quatre ans dans sa ville natale d'Agadir (sud).

«A l'aise»
Dans un autre quartier de Rabat, Imane Droby, perchée sur sa nacelle, casque et casquette vissés sur le crâne, façonne le portrait hyperréaliste d'une brodeuse sur la façade d'une école publique. 

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Imane Droby, perchée sur sa nacelle, casque et casquette vissés sur le crâne, façonne le portrait hyperréaliste d'une brodeuse sur la façade d'une école publique. (AFP)


Comme Bo3bo3, cette Casablancaise de 36 ans a atterri dans l'art mural "un peu par hasard". "J'y ai pris goût. Transformer un mur blanc en oeuvre d'art est impressionnant".


Toutefois, elle concède que le monde du street art "est difficile pour tout le monde mais encore plus pour les femmes, il faut redoubler d’efforts pour s'imposer".


Les prémices de cet art urbain ont vu le jour au début des années 2000 à Casablanca. 


Au coeur de cette mégapole tentaculaire, une association de cultures alternatives, EAC-L'Boulvart (Education artistique et culturelle), a multiplié les expérimentations jusqu'à la création en 2013 du Festival Sbagha Bagha.  

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Comme Bo3bo3, cette Casablancaise de 36 ans a atterri dans l'art mural «un peu par hasard». «J'y ai pris goût. Transformer un mur blanc en oeuvre d'art est impressionnant». (AFP)


"Au début, c'était très compliqué car contrairement au graffiti ou au pochoir, la peinture murale nécessite une organisation", souligne à l'AFP Salah Malouli, directeur artistique de Jidar et Sbagha Bagha. 


"A l'époque, personne ne se sentait à l'aise pour travailler dans l'espace public. Beaucoup d'appréhensions qui commencent à se dissiper aujourd'hui", dit-il.  


Ce projet séduit alors les riverains mais également les structures institutionnelles et privées qui cherchent à dupliquer l'expérience à Rabat, Marrakech, Agadir et dans des localités reculées du royaume.

«Affichage sauvage»
Cet engouement se heurte parfois à l'hostilité destructrice des propriétaires d'immeubles.


A Tanger, cet été, les autorités communales avaient commencé à effacer un portrait de la photographe marocaine Leïla Alaoui, tuée en 2016 lors d'un attentat à Ouagadougou (Burkina Faso) avant de revenir sur cette décision. 


L'affaire a fait grand bruit sur les réseaux sociaux et dans les médias. 


"C'est à Casablanca que l'effaçage (des oeuvres) est le plus flagrant à cause de l'affichage sauvage. L'espace public est envahi par les pubs, ce qui complique notre travail", déplore Salah Malouli. 


Deux oeuvres du street artiste italien Millo y ont été effacées en 2018 et 2020.


Mais pas question de rendre les armes: "C'est le prix (à payer) pour travailler dans l'espace public, il faut accepter ce qu'il en sort, bien ou mauvais", plaide le directeur artistique. 


Pour Omar Lhamzi, "le street art c'est comme un sport à travers lequel tu apprends à parler avec les gens et à les écouter".


Avec une palette de couleurs explosives, son univers surréaliste truffé de références au skate ou au gaming, bouscule la monotonie du paysage urbain.  


Comme en témoigne sa dernière création: un bonhomme avec six oreilles à la peau verte et rose fluo, comme suspendu dans une obscurité abyssale, un clin d'oeil à "La nuit étoilée" de Van Gogh.  


Chaque année, la scène marocaine grandit et le festival y contribue en invitant des débutants de tous horizons à donner leurs premiers coups de pinceaux sur un "mur collectif", comme ce fut le cas précédemment pour Bo3bo3 et Imane Droby. 


Cette année, c'est l'artiste plasticien Yassine Balbzioui qui orchestre cet atelier d'initiation, une aubaine pour lui, car, dans la rue, "tout est possible". 


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com