PARIS : En résistance : c'est le mot d'ordre du Printemps de Bourges, avec un format inédit dédié à la scène musicale émergente, pour que le spectacle reste vivant en dépit du contexte sanitaire, à l'image d'autres festivals de septembre.
Voici donc Printemps Inouïs, de mercredi à vendredi, avec une trentaine de jeunes talents repérés et sélectionnés par les 300 professionnels du réseau affilié au festival. Toutes les esthétiques sont représentées, du rock à guitares furieuses de Bandit Bandit, aux nouvelles voix féminines rap/rnb comme Sally, Alicia (présente sur un titre du dernier Grand Corps Malade) ou encore Leys, parrainée par Kery James.
La majorité de ces artistes sont français, mais on trouve aussi de l'électro-pop suisse avec Baron.e ou belge avec Yellowstraps. Les concerts de Pomme et Aloïse Sauvage, aux carrières déjà lancées, mais freinées par six mois d'arrêt, concluront les trois jours.
Le Printemps s'est donc recentré sur son activité principale à l'année, dénicher des pépites et les faire briller. « Il y a la volonté absolue de sauver des carrières, car percer se joue souvent à pas grand-chose, comme un concert donné devant des pros », expose à Boris Vedel, directeur du festival.
« Aller au bout »
Le Printemps de Bourges, qui devait se tenir du 21 au 26 avril, fut le premier gros festival français à baisser le rideau en raison de l'épidémie. Une version digitale a bien eu lieu aux dates prévues. Mais comme le dit le boss de l'évènement, « aller au bout de nos activités, c'est proposer au public et aux pros une prestation scénique des jeunes artistes ».
Les contraintes sanitaires sont toujours un casse-tête. « On pose tellement d'entraves pour la culture, davantage pénalisée que d'autres secteurs économiques », peste Boris Vedel, qui se félicite toutefois du dialogue constructif avec les autorités locales. Printemps Inouïs se déroulera dans la salle du Palais d'Auron à la capacité limitée à 700 personnes (contre 2.500 en temps normal).
Bandit Bandit, infatigable, enchaînera avec le Hop Pop Hop, festival défricheur, à Orléans, vendredi et samedi.
Le Chainon Manquant, à Laval et Changé (de mardi à dimanche), mêlant musique -avec l'élégant Jawhar en vedette-, arts de la rue, humour, danse, cirque, a également relevé le défi.
« Dans notre rôle »
Et ce, alors que des foyers épidémiques du coronavirus avaient été identifiés dans ce département de la Mayenne en juillet, avant d'être jugulés. « On s'est habitués à ne plus penser comme avant, on s'est dit à l'époque, attendons de voir, ça pourra peut-être se faire », commente Kevin Douvillez, codirecteur d'un rendez-vous là encore basé sur la détection de talents et leur exposition par un réseau de professionnels. « Nous sommes plus que jamais dans notre rôle, après six mois où les artistes n'ont pu monter sur scène et où les programmateurs n'ont pas pu découvrir de nouveaux talents », insiste-t-il.
L'an dernier, 13.000 spectateurs avaient été accueillis en salles au total. Cette année, le festival a eu « l'autorisation de la préfecture d'aller jusqu'à 80% des jauges car nous sommes en zone verte », détaille Kevin Douvillez.
A Paris, il y a le Smmmile, festival « vegan et pop », comme il se présente, au Parc de la Villette. Sa programmation hybride alterne concerts, sets de DJ en extérieur et, par exemple, des ateliers de cuisine anti-gaspillage (samedi et dimanche).
« L'idée est de soutenir la scène émergente et d'impulser une transition écologique sociétale et désirable », brosse Clémence Landeau, directrice du festival. L'année dernière, l'évènement avait rassemblé 14.000 festivaliers au total. Cette fois la jauge a été ramenée « à 1.270 personnes à un moment de la journée », avec comptage des entrées/sorties et personnel veillant à distanciation et port du masque.