Espagne: le leader indépendantiste catalan Carles Puigdemont arrêté en Italie

 L'eurodéputé indépendantiste et ex-président catalan Carles Puigdemont. (AFP).
L'eurodéputé indépendantiste et ex-président catalan Carles Puigdemont. (AFP).
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Publié le Vendredi 24 septembre 2021

Espagne: le leader indépendantiste catalan Carles Puigdemont arrêté en Italie

  • Le leader catalan, âgé de 58 ans, a été arrêté à Alghero, a confirmé sur Twitter son chef de cabinet, Josep Lluis Alay
  • Le nouveau président régional de la Catalogne, Pere Aragones, un séparatiste, mais de tendance plus modérée que M. Puigdemont, a immédiatement réagi sur Twitter, "(condamnant) fermement la persécution et cette répression judiciaire"

MADRID: L'eurodéputé indépendantiste et ex-président catalan Carles Puigdemont, en exil en Belgique depuis 2017 après la tentative de sécession de la Catalogne, a été arrêté jeudi en Italie, faisant planer le risque d'une nouvelle crise entre Madrid et Barcelone.


"Le président Puigdemont a été arrêté à son arrivée en Sardaigne, où il se rendait en tant qu'eurodéputé", a affirmé son avocat Gonzalo Boye sur Twitter, expliquant que son arrestation avait eu lieu sur la base d'un mandat d'arrêt européen datant du 14 octobre 2019.


Le leader catalan, âgé de 58 ans, a été arrêté à Alghero, a confirmé sur Twitter son chef de cabinet, Josep Lluis Alay.


"À son arrivée à l'aéroport d'Alghero, il a été arrêté par la police aux frontières italienne. Demain (vendredi), le président sera présenté aux juges de la Cour d'appel de Sassari, qui est compétente pour décider de sa libération ou de son extradition" vers l'Espagne, a indiqué M. Alay.


Le nouveau président régional de la Catalogne, Pere Aragones, un séparatiste, mais de tendance plus modérée que M. Puigdemont, a immédiatement réagi sur Twitter, "(condamnant) fermement la persécution et cette répression judiciaire".


"Assez. L'amnistie est la seule voie. L'autodétermination la seule solution. A tes côtés Carles", a lancé M. Aragones.


A Madrid, le gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sánchez a exprimé "son respect pour les décisions des autorités et des tribunaux italiens".


"L'arrestation de M. Puigdemont correspond à une procédure judiciaire en cours qui s'applique à tout citoyen de l'UE devant répondre de ses actes devant les tribunaux", a affirmé dans un communiqué le palais de la Moncloa, siège du gouvernement espagnol, ajoutant que M. Puigdemont devrait "se soumettre à l'action de la justice comme tout autre citoyen".

 

Puigdemont, le visage de l'indépendantisme catalan

Marié avec une journaliste roumaine dont il a eu deux filles, M. Puigdemont était pourtant presque inconnu -- en dehors des milieux indépendantistes -- à son arrivée à la tête du gouvernement régional catalan.


Avant son élection à la tête de la Catalogne, il avait pour seule expérience politique celle de maire du bastion indépendantiste de Gérone, une ville de 100.000 habitants.


A peine un an et demi après son arrivée au pouvoir, cet ancien journaliste de 58 ans à l'épais casque de cheveux bruns avait organisé avec son gouvernement, malgré l'interdiction de la justice, un référendum d'autodétermination émaillé de violences policières qui avait été suivi, quelques semaines plus tard, d'une déclaration d'indépendance mort-né.


Le gouvernement espagnol, alors dirigé par les conservateurs, avait réagi en mettant la région sous tutelle, en démettant M. Puigdemont de ses fonctions et en arrêtant les principaux dirigeants du mouvement.


Il était depuis installé à Waterloo, au sud de Bruxelles.


Né à Amer, village montagneux de 2.200 habitants à 100 km de Barcelone, où sa famille tient toujours la pâtisserie de son père, Carles Puigdemont, deuxième d'une fratrie de huit, a l'indépendance dans le sang.


Il s'était fait élire député européen en mai 2019.


En quittant la Catalogne pour la Belgique, cet homme au caractère imprévisible avait abandonné nombre de ses anciens "ministres", arrêtés puis condamnés à la prison pour sédition en 2019 lors d'un procès qui s'était tenu sans lui.


Les neuf indépendantistes incarcérés ont été graciés en juin par le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez.


Parfois taxé par ses détracteurs de "fugitif" ou de "lâche", Carles Puigdemont avait continué à occuper le terrain politique avec son parti Ensemble pour la Catalogne (JxC).


Il avait d'abord été remplacé à la tête de la région par son dauphin Quim Torra, avant que Pere Aragonès, un indépendantiste modéré, soit élu en mai président régional au terme d'élections qui avaient reconduit au pouvoir les partis indépendantistes. 


Depuis l'élection de M. Aragonès, les relations entre Madrid et Barcelone se sont apaisées, permettant la semaine dernière une reprise des négociations pour tenter de trouver une issue politique à la crise.

 

« Alerte maximale »

Des appels indépendantistes à manifester vendredi, jour férié en Catalogne, devant le consulat d'Italie à Barcelone commençaient à circuler sur les réseaux sociaux, alors qu'un ancien président régional, Quim Torra, a qualifié de "catastrophique" une éventuelle extradition de M. Puigdemont vers l'Espagne et appelé les indépendantistes à être "en alerte maximale".


M. Alay, le chef de cabinet de M. Puigdemont, a précisé que celui-ci s'était rendu à Alghero afin de participer à un festival culturel et de s'entretenir avec des élus de l'île italienne.


L'arrestation en Italie de M. Puigdemont est survenue une semaine après la reprise des négociations entre le gouvernement central de gauche et l'exécutif régional catalan, dont l'objectif est de trouver une issue à la crise politique en Catalogne.


Le Parlement européen avait levé l'immunité parlementaire de M. Puigdemont et de deux autres eurodéputés indépendantistes le 9 mars à une large majorité, mesure qui avait été confirmée le 30 juillet par le Tribunal de l'UE.


Mais la décision du Parlement européen a fait l'objet d'un recours dont le jugement définitif sur le fond de la part de la justice de l'UE doit être prononcé "à une date ultérieure".


Selon l'interprétation de l'avocat de M. Puigdemont, Gonzalo Boye, la décision du Parlement est donc "suspendue". 


Exilé en Belgique depuis la tentative de sécession manquée de 2017 afin d'échapper aux poursuites de la justice espagnole, Carles Puigdemont n'avait pas bénéficié de la grâce accordée fin juin à neuf indépendantistes incarcérés en Espagne, le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez souhaitant toujours qu'il soit jugé en Espagne.


Carles Puigdemont est poursuivi pour "sédition" et "détournements de fonds publics".

Crise majeure 

Principale figure de la tentative de sécession de la Catalogne de 2017, Carles Puigdemont avait été destitué par Madrid.


Il s'était alors enfui en Belgique pour échapper à la justice espagnole, qui avait condamné en octobre 2019 à la prison plusieurs anciens membres de son équipe gouvernementale pour sédition.


En mars 2018, il  avait été arrêté une première fois à la demande de l'Espagne, en Allemagne cette fois. Mais il avait été libéré quelques jours plus tard après l'abandon par la justice allemande de l'accusation de "rébellion" à son encontre.


La tentative de sécession de la Catalogne, en octobre 2017, a été l'une des pires crises vécues par l'Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.


Malgré l'interdiction de la justice, le gouvernement régional présidé par M. Puigdemont avait organisé un référendum d'autodétermination émaillé de violences policières et suivi, quelques semaines plus tard, d'une déclaration d'indépendance mort-née.


Le gouvernement espagnol, alors dirigé par les conservateurs, avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les principaux dirigeants du mouvement qui n'avaient pas fui à l'étranger.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.