FRANCFORT : L'inaction des gouvernements et des entreprises dans le domaine climatique pourrait provoquer une perte drastique de produit intérieur brut sur le long terme dans la zone euro, sous le coup des dégâts liés au réchauffement, a mis en garde mercredi la Banque centrale européenne.
A partir de 2030, l'absence de mesures ordonnées pour décarbonner l'économie pourrait affecter le PIB de l'UE jusqu'à lui faire perdre plus de 10% d'ici 2100, en comparaison d'un scénario où les gouvernements mettraient rapidement en place des politiques actives de transition écologiques, selon les résultats d'un test de résistance climatique menée par la BCE.
Ce manque à gagner serait encore significatif mais atténué dans un scénario intermédiaire dit de transition "désordonnée" vers une économie décarbonée, où le retard dans l'action politique est rattrapé de manière abrupte et où les coûts de la transition pour les entreprises sont majorés.
"Sans politiques de transition vers une économie plus verte, les risques physiques augmenteront avec le temps" et "de manière "non linéaire", en raison de la "nature irréversible du changement climatique", affirme Luis de Guindos, vice-président de la BCE, dans un communiqué.
L'institution veut sensibiliser le secteur privé sur le sujet en affirmant que la transition vers une économie plus verte reste "une opportunité en or" pour ne pas subir les méfaits futurs du climat.
Ces adaptations vont représenter à court terme un surcoût pour les acteurs économiques, notamment dans les secteurs polluants de l'énergie, mais ces dépenses permettront à long terme de gagner en efficacité et de mieux supporter les aléas dus au réchauffement climatique, estime la BCE.
L'exercice mené sur 2,3 millions d'entreprises et 1.600 banques de la zone euro révèle également qu'en cas d'inaction politique, les portefeuilles de crédit avec une forte exposition au risque climatique ont 30% de chances supplémentaires de faire défaut en 2050 par rapport à 2020.
Ce test de résistance climatique à l'échelle de l'économie précède un prochain exercice qui sera mené courant 2022 sur les banques de la zone euro, que l'institut supervise directement.