PARIS: Vers une adaptation du pass sanitaire et des contraintes différentes selon les régions ? Si les chiffres de l'épidémie s'améliorent en France, les autorités doivent encore trouver le bon curseur pour desserrer les restrictions tout en maintenant l'épidémie sous contrôle.
Les indicateurs sont-ils tous au vert ?
La situation s'« améliore », se félicite le gouvernement. Selon les derniers chiffres publiés dimanche, le nombre de malades atteints de la Covid-19 et hospitalisés continue à reculer légèrement, avec 8.887 patients à l'hôpital. Le taux de positivité, qui mesure la proportion de cas positifs par rapport au nombre de personnes testées, est au plus bas depuis la mi-juillet. Le taux d'incidence est également »très faible » dans une trentaine de départements, avec moins de 50 cas pour 100 000 habitants, a souligné ce week-end le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
En métropole, « on a une tendance à la baisse qui est robuste », confirme l'épidémiologiste Mircea Sofonea. « On observe depuis plusieurs semaines un plafonnement de la dynamique épidémique et hospitalière ».
En Outre-Mer, la situation s'améliore par endroits. Selon l'agence Santé publique France, la semaine dernière la circulation du virus « diminuait toujours en Martinique et en Guadeloupe ». Toutefois, malgré des admissions hospitalières en baisse, un excès de mortalité persiste. En Guyane, on observe une « stabilité du taux d'incidence et une augmentation des hospitalisations ».
Les Français, bientôt tous vaccinés ?
Vendredi, le cap de 50 millions de Français ayant reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid a été franchi. Mais après un coup de fouet survenu cet été avec la mise en place du pass sanitaire, l'emballement est retombé. Le taux de couverture plafonne dans toutes les classes d'âge, notamment les ados et les plus âgés: au-delà de 75 ans, 10% n'ont reçu aucune dose.
A l'approche de l'automne, les autorités sanitaires espèrent néanmoins limiter les dégâts avec la « dose de rappel » proposée à 18 millions d'adultes - plus de 65 ans et malades à risque.
Reste que si les vaccins sont très efficaces contre les formes graves de la maladie, ils le sont moins contre la propagation du virus.
Les contraintes vont-elles être desserrées ?
Face à l'amélioration de la situation épidémique, le président Emmanuel Macron s'est dit prêt jeudi à « lever certaines contraintes » dans les « territoires où le virus circule moins vite », sans donner d'échéancier.
Un Conseil de défense pour adapter les règles à la situation locale se tiendra « probablement mercredi », selon le gouvernement.
Pour autant, un projet de loi pour proroger le pass sanitaire au-delà du 15 novembre « est en cours d'élaboration et sera présenté le 13 octobre en Conseil des ministres », a annoncé lundi l'entourage du Premier ministre Jean Castex.
« Imaginez que la vague continue de baisser, ça veut dire qu'on allège les mesures (...) mais on reste aussi capable de remettre en place des outils pour lutter contre l'épidémie. (...) Pour cela, il nous faut une loi qui, dans la durée, (...) nous permette d'utiliser ces outils si la situation l'exige », a expliqué le ministre de la Santé Olivier Véran, sur BFMTV.
Quels allègements sont possibles ?
« Toute la question est de savoir comment relâcher les contraintes en maintenant malgré tout l'épidémie sous contrôle », synthétise Mircea Sofonea.
« Il y a évidemment plus d'enjeux à maintenir le pass sanitaire au coeur d'une agglomération, en particulier dans des lieux bondés où l'air ne peut être renouvelé, que dans des territoires ruraux », souligne-t-il par exemple.
Dans un récent tweet, l'épidémiologiste Antoine Flahault considère qu'« au-dessous de 30 cas pour 100 000 habitants d'une population sur une semaine, on entre en zone verte: passe et gestes barrières sont probablement moins nécessaires, à condition que les autorités sanitaires restent vigilantes et ré-instaurent ces mesures dès le seuil dépassé ».
Risque-t-on un rebond épidémique ?
En raison de la baisse actuelle, »même s'il y avait un rebond important, cela prendrait un certain temps avant de s'observer en population générale », souligne Mircea Sofonea.
Mais la rentrée scolaire ou l'arrivée de l'automne, qui pourraient toutes deux accélérer à nouveau la circulation du virus, sont autant de risques à prendre en considération, ajoute l'épidémiologiste.
Un facteur pourrait pousser le gouvernement à la prudence: les Français respectent de moins en moins les gestes barrières, c'est-à-dire le comportement à adopter pour limiter la propagation de l'épidémie.
« L'adhésion aux mesures barrières tend à baisser, certaines d'entre elles étant moins suivies chez les vaccinés », prévenait vendredi Santé publique France.
Les personnes interrogées sont notamment de moins en moins nombreuses à se laver régulièrement les mains et à éviter de se serrer la main ou de faire la bise, avec une proportion d'à peine plus de moitié début septembre.