SAMOS: A l'entrée du nouveau camp fermé de l'île grecque de Samos, la police fouille les migrants, à la recherche d'éventuels objets dangereux. "Les gens pensent que c'est une prison" mais "ce sera mieux que" dans le bidonville, confie un jeune Camerounais.
Quelques heures à peine après l'embrasement d'une partie du bidonville de Vathy, où ils s'entassaient jusqu'ici dans des conditions insalubres, les premiers demandeurs d'asile ont débarqué d'un bus lundi matin devant les fils barbelés qui encerclent la nouvelle structure inaugurée samedi à un quart d'heure de route de la ville.
Alignés en rangs, les nouveaux arrivants, chargés de ballots et de cartons, sont fouillés par la police, avant d'être pris en charge par le personnel d'encadrement du camp qui leur remettent des draps propres et leur expliquent le fonctionnement de leurs nouveaux badges électroniques, a constaté l'AFP.
Avec ces badges, doublés d'un contrôle d'empreintes digitales, les demandeurs d'asile pourront aller et venir de 08H00 à 20H00 à l'extérieur du camp mais devront impérativement rentrer le soir, des sanctions disciplinaires étant prévues pour ceux qui n'auraient pas regagné le camp après 20H00 locales.
Avec ses fils barbelés, ses portails magnétiques et ses scanners à rayon X, le nouveau camp de Zervou a été conçu pour contenir un maximum de 3.000 migrants. Mais seules 270 personnes devraient le rejoindre lundi et mardi en provenance du bidonville qui s'étend depuis 2015 jusqu'aux portes de la ville de Vathy.
Le vieux camp, dont des barraques abandonnées ont pris feu dimanche soir, sans faire de victime, a été longtemps décrié pour ses conditions insalubres, véritable bidonville où erraient les rats. Il a abrité près de 7.000 demandeurs d'asile au pic de la crise migratoire entre 2015 et 2016, pour une capacité initiale de 680 personnes.
"C'est un jour historique", a déclaré sur ERT Manos Logothetis, secrétaire général pour l'asile au ministère grec des Migrations, se réjouissant de l'ouverture imminente des nouvelles installations qui apportent "protection et valeurs humanitaires" aux demandeurs d'asile.
Ici, "ce sera mieux que là-bas, pas de moustiques, pas de rats", estime aussi Didier Tcakonmer, un Camerounais de 28 ans, qui a passé 2,5 ans dans le bidonville de Samos.
"Les gens pensent que c'est une prison, moi je ne crois pas", dit-il à l'AFP.
Parmi les nouveaux arrivants, certains sont venus avec des chats errants pour se protéger d'éventuels rats.
Le feu « n'était pas une surprise »
D'un coût de 43 millions d'euros, selon le ministère des Migrations, le nouveau camp est le premier des cinq structures "à accès contrôlé et fermé" financées par l'Union européenne sur les cinq îles grecques qui reçoivent le plus de migrants arrivant des côtes turques voisines.
Sur les 400 demandeurs d'asile vivant encore dans le bidonville, "270 ont déclaré volontairement qu'ils voulaient être tranférés dans le camp" de Zervou, a déclaré M. Logothetis, dimanche soir à l'AFP.
Il a assuré sur les lieux de l'incendie "ne pas avoir de raison de croire qu'ils ont mis le feu" au camp de Vathy. Mais lundi matin sur la chaîne publique, il a jugé qu'il était "habituel" que les demandeurs d'asile brûlent des affaires lors d'un transfert.
Le feu "n'était pas une surprise, nous y étions préparés", a-t-il dit.
La population locale de Samos est opposée au nouveau camp, réclamant la relocalisation pure et simple de tous les migrants de l'île vers le continent grec ou d'autres pays européens.
Les organisations de défense des droits des migrants ont dénoncé le caractère fermé du nouveau camp, où un centre de rétention est prévu pour les déboutés du droit d'asile voués à être renvoyés en Turquie.
Il y a un an, le camp de Moria sur l'île grecque de Lesbos, également décrié pour ses conditions insalubres, a été réduit en cendres dans deux incendies successifs, laissant quelque 13.000 migrants sans abri pendant plusieurs jours.