STRASBOURG: Le Comité des ministres du Conseil de l'Europe a intimé vendredi à la Turquie de libérer l'opposant Osman Kavala d'ici la fin novembre, sans quoi il engagera une procédure de sanction contre Ankara.
Osman Kavala, 63 ans, mécène et personnalité de la société civile, a été arrêté en octobre 2017 et est poursuivi sous diverses charges résultant de manifestations antigouvernementales en 2013 et du coup d'Etat manqué en 2016. Il est emprisonné depuis plus de trois ans sans avoir été condamné.
Il nie les accusations portées à son encontre mais n'a toujours pas été libéré malgré l'injonction faite à Ankara par un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de décembre 2019.
Le fait que M. Kavala soit toujours derrière les barreaux "suggère un refus des autorités (turques) d'obéir à cet arrêt définitif de la cour", regrette le Comité des ministres.
Cette instance, qui réunit les ministres des Affaires étrangères des 47 pays membres du Conseil de l'Europe ou leurs délégués, s'est réunie de mardi à jeudi pour examiner l'exécution des arrêts rendus par la CEDH.
Comme Ankara n'a pas obtempéré à l'arrêt de la CEDH de 2019, le Comité des ministres "exprime sa volonté de notifier formellement à la Turquie son intention de lancer une procédure" lors de sa prochaine réunion, du 30 novembre au 2 décembre, si M. Kavala n'est pas libéré d'ici là.
Cette procédure, qui nécessitera l'aval des deux-tiers des pays membres (soit 32 sur 47) pour valider d'éventuelles sanctions, n'a été utilisée qu'une seule fois jusqu'à présent, contre l'Azerbaïdjan en 2017. Là aussi, Bakou n'avait pas libéré un leader de l'opposition, Ilgar Mammadov.
Face à la menace de sanctions, celui-ci avait finalement été remis en liberté en août 2018.
Les sanctions possibles que peut prendre le Comité des ministres n'ont pas été précisées.
Le directeur Europe d'Amnesty International s'est réjoui sur Twitter que la Turquie ait été "mise en demeure pour persécution politique persistante".
Si Ankara ne libère pas Osman Kavala, elle "subira la honte d'être renvoyée devant la CEDH". "La balle est dans les mains des tribunaux turcs, il est grand temps de faire ce qu'il faut et de le libérer immédiatement", a-t-il indiqué.