BEYROUTH: Le nouveau Premier ministre libanais, Najib Mikati, qui a pris ses fonctions la semaine dernière en promettant de reprendre les négociations avec le FMI, a déclaré lundi qu’il n’y avait pas de temps à perdre ni de voie facile à suivre pour faire face à l’un des pires effondrements économiques de l’histoire.
Le nouveau gouvernement, formé après un peu plus d’un an de blocage politique, s’est réuni pour la première fois lundi. Il remplace une administration sortante qui avait démissionné au lendemain de l’explosion du port de Beyrouth l’année dernière. Cette déflagration, le 4 août 2020, a fait des centaines de morts et des milliers de blessés.
«Il est vrai que nous n’avons pas de baguette magique. La situation est très difficile», a affirmé au cabinet M. Mikati, milliardaire devenu politicien, selon un communiqué publié à l’issue de la première réunion du gouvernement. Les Libanais espèrent que la nouvelle administration trouvera une solution à la crise qui a causé une dévaluation de la monnaie de 90% depuis fin 2019, et plongé les trois quarts de la population dans la pauvreté.
M. Mikati s’est engagé à mettre fin aux pénuries de carburant et de médicaments. Des produits qui sont de moins en moins disponibles, en raison de l’épuisement des réserves de devises fortes dans le pays, qui dépend largement des importations. L’électricité d’État n’est disponible que quelques heures par jour, voire pas du tout, et la plupart des foyers et établissements libanais dépendent de plus en plus des générateurs privés. L’un d’entre eux a d’ailleurs explosé lundi dans la clinique d’un dentiste à Tyr, faisant sept blessés.
Les pays occidentaux, notamment les États-Unis et la France, ont salué la formation du cabinet, tout en appelant à mettre rapidement en œuvre les réformes que les créanciers internationaux ont exigées avant de pouvoir accorder des prêts. «Nous avons besoin de l’aide du FMI, de la Banque mondiale et des fonds régionaux et internationaux», a déclaré Michel Aoun, qui a approuvé le nouveau gouvernement après des mois de tractations. «Ce qu’il faut, ce sont des mesures urgentes et décisives pour commencer les réformes», a-t-il affirmé.
M. Mikati a assuré que la reprise des négociations avec le FMI serait une priorité. Vendredi, il a indiqué que les divisions politiques devaient être mises de côté, et qu’il ne pourrait pas participer aux négociations avec le FMI s’il devait faire face à une opposition dans son pays.
En guise de soutien au gouvernement, le ministère des Finances a annoncé que le Liban recevrait un total de 1,135 milliard de dollars en droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI – l’équivalent de 960 millions d’euros – soit plus que les 730 millions d’euros qui étaient attendus dans le cadre d’une allocation générale du FMI. En effet, la somme comprend 230 millions d’euros datant de 2009, a précisé le ministère, ajoutant que la somme serait déposée auprès de la Banque centrale le 16 septembre.
Les négociations avec le FMI ont été interrompues l’été dernier, les politiciens et les banques contestant l’ampleur des vastes pertes exposées dans le plan de redressement financier du gouvernement sortant, que l’organisation monétaire avait approuvé. M. Aoun appelé le gouvernement à inclure ce plan de redressement financier dans son programme politique, ainsi que les réformes définies par une feuille de route française en 2020.
Le gouvernement précédent n’a pas réussi à mettre en œuvre les réformes structurelles que les donateurs réclament depuis des années, notamment des mesures visant à lutter contre la corruption et le gaspillage de l’État, qui sont à l’origine de la crise.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com