Au Soudan, malgré l'accord de transition, l'armée a toujours la haute main

Le gouvernement de transition emmené par Abdallah Hamdok a vu sa popularité fondre à mesure qu'il annonçait des réformes économiques et ne faisait pas avancer devant la justice la cause des familles des victimes de l'ère Béchir. (AFP)
Le gouvernement de transition emmené par Abdallah Hamdok a vu sa popularité fondre à mesure qu'il annonçait des réformes économiques et ne faisait pas avancer devant la justice la cause des familles des victimes de l'ère Béchir. (AFP)
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Publié le Lundi 13 septembre 2021

Au Soudan, malgré l'accord de transition, l'armée a toujours la haute main

  • «La politique étrangère du Soudan post-Béchir a été redessinée par l'armée et cela s'est traduit par des liens plus étroits avec les Etats-Unis»
  • Si «l'armée a traîné des pieds», les civils ont ajouté «des divisions» à leur «absence de pouvoir», empêchant la transition de s'amorcer explique Jonas Horner, de l'International Crisis Group

KHARTOUM: Il y a deux ans, les militaires s'engageaient à remettre le pouvoir aux civils au Soudan, mais aujourd'hui encore, les premiers ont toujours la haute main tandis que les seconds peinent à organiser la transition, notent des experts.


En août 2019, les généraux signaient un accord historique avec les factions politiques à la pointe du mouvement populaire qui venait de renverser l'autocrate Omar el-Béchir, après 30 ans d'un règne sans partage. 


Ils décidaient ensemble d'une transition -- prévue pour trois ans et finalement allongée en octobre après un accord de paix entre le gouvernement et une coalition de groupes rebelles.  


L'armée devait partager les pouvoirs régaliens jusqu'à ce qu'un gouvernement civil et un Parlement mènent la transition à son terme. 


"Il y a des relations cordiales entre les deux camps mais ils n'ont que rarement travaillé main dans la main et l'armée a gardé tout son pouvoir", explique à l'AFP Jonas Horner, de l'International Crisis Group.


Car, détaille le chercheur, si "l'armée a traîné des pieds", les civils ont ajouté "des divisions" à leur "absence de pouvoir", empêchant la transition de s'amorcer.

Politique étrangère «redessinée»
Les dissensions internes rongent les Forces pour la liberté et le changement (FLC), moteur de la révolution populaire. Surtout, le gouvernement de transition emmené par Abdallah Hamdok a vu sa popularité fondre à mesure qu'il annonçait des réformes économiques et ne faisait pas avancer devant la justice la cause des familles des victimes de l'ère Béchir.


Dans ce contexte, le Soudan n'a toujours pas d'Assemblée législative. Or, affirme M. Horner, "sa formation sera la clé qui mènera à un droit de regard sur ce que fait l'armée".


Mais, dit-il, "les forces de sécurité comme les partis politiques historiques, qui redoutent de perdre leurs prérogatives actuelles, bloquent cette réforme cruciale".


De ce fait, l'armée tient toujours l'économie, la gestion de la paix avec les groupes rebelles et surtout la politique étrangère. C'est elle qui a ainsi signé en janvier un accord portant sur la normalisation des relations avec Israël, décidée en 2020.


Légalement toutefois, répète M. Hamdok, cet accord doit encore être ratifié par le pouvoir législatif pour être appliqué.


Mais pour Magdi el-Gizouli, chercheur au Rift Valley Institute, c'est acté: "la politique étrangère du Soudan post-Béchir a été redessinée par l'armée et cela s'est traduit par des liens plus étroits avec les Etats-Unis", parrains des accords d'Abraham qui ont vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël.


La paix avec les rebelles a aussi été négociée par les généraux et c'est le commandant paramilitaire et membre du Conseil de souveraineté qui pilote la transition Mohamed Hamdan Daglo, surnommé "Hemeti", qui a signé au nom du gouvernement.


Pour ces accords, la participation des civils a été "limitée", notamment parce qu'eux-mêmes ont "laissé l'armée gérer seule ce dossier", décrypte pour l'AFP l'expert militaire Amin Ismaïl. 

«Résistance» de l'armée

Et surtout, l'année dernière, le Premier ministre a reconnu que 80% des ressources du pays n'étaient toujours pas sous le contrôle de son ministère des Finances. Nul ne sait quelle part de l'économie est entre les mains des militaires, mais ils tiennent de nombreuses entreprises allant de l'élevage de volailles au BTP.


Une source militaire l'avoue à l'AFP sous le couvert de l'anonymat: impliquer les civils dans les affaires de l'armée est une question "extrêmement sensible". 


Pour cela, poursuit cette source, "les appels à la réforme des civils continueront à essuyer de la résistance", même si de nombreux gouvernements occidentaux, dont Washington, s'en sont fait l'écho.


Des dirigeants civils et d'anciens commandants rebelles ont à plusieurs reprises appelé à intégrer des groupes armés ou paramilitaires aux forces régulières. Toutefois, Omar al-Digeir, un des leaders des FLC, reconnaît que l'accord de 2019 laisse un flou, donnant peu de marge de manoeuvre aux civils: "les deux parties sont censées ensemble" réformer l'appareil sécuritaire. 


"La transition veut que les civils parviennent finalement à exercer un droit de regard sur l'armée", renchérit M. Horner. 


"Mais l'armée n'a envoyé aucun signal indiquant qu'elle était prête à renoncer à son rôle dominant dans le pays", souligne le spécialiste.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".