Le Pen défend la «civilisation» française, Zemmour en embuscade

Eric Zemmour a dit sur France 2 qu'il n'avait «pas peur» d'être éventuellement candidat et qu'il en avait «envie». (AFP)
Eric Zemmour a dit sur France 2 qu'il n'avait «pas peur» d'être éventuellement candidat et qu'il en avait «envie». (AFP)
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Publié le Dimanche 12 septembre 2021

Le Pen défend la «civilisation» française, Zemmour en embuscade

  • Marine Le Pen n'a pas cité le nom d'Eric Zemmour devant les élus du RN vendredi, même si l'hypothèse de sa candidature inquiète son parti
  • La cheffe du RN se retire, le temps de sa campagne, du parti, dont elle va confier les rênes au jeune premier vice-président Jordan Bardella

FREJUS: Marine Le Pen a plongé en campagne présidentielle dimanche à Fréjus, en défendant la "civilisation" française et ses "libertés", dans un clin d'oeil identitaire au polémiste et potentiel candidat Eric Zemmour.


Elle a aussi passé les rênes du parti à son très jeune (26 ans lundi) numéro deux Jordan Bardella, qui a attaqué frontalement les adversaires de la candidate à l'Elysée, au premier rang desquels Emmanuel Macron.


La présidentielle en 2022 "ne sera pas seulement un choix de société, comme ont pu l'être les précédents scrutins, ce sera un choix de civilisation", a déclaré Marine Le Pen, devant quelque 900 militants réunis dans le théâtre romain de la ville, qui scandaient "Marine présidente".


"Il n'y aura que deux alternatives" en 2022, "soit la dilution de la France par déconstruction et submersion (migratoire), soit le sursaut salutaire qui fera entrer la France dans le troisième millénaire autour de l'idée de Nation", a ajouté Mme Le Pen, dans une allusion à la théorie du "grand remplacement" (de la population européenne par une population immigrée) vantée par M. Zemmour mais dont elle ne partage pas l'aspect complotiste.


"En France, les Français ont le droit de vivre comme des Français. Les délinquants seront mis hors d'état de nuire, les délinquants français en prison, les étrangers dans l'avion", a-t-elle promis.

«Talibans»

S'affichant comme la "présidente des libertés françaises", son slogan de campagne, elle a proposé "la gratuité des trains" pour les jeunes et la création, "à l'échelle européenne, d'un réseau social libre et gratuit". Mme Le Pen comme M. Zemmour dénoncent régulièrement la "censure" à leur encontre des groupes internet.


Fustigeant sous les huées le "silence assourdissant des prétendues féministes", cible fréquente du polémiste de CNews, elle a promis de libérer les femmes du "joug obscurantiste" des "talibans de l'intérieur", proposant que les personnes condamnées pour outrages sexistes soient inscrites au fichier des criminels et délinquants sexuels.


Mme Le Pen pense que la France n'attend pas "un Trump" et qu'Eric Zemmour "n'ira pas jusqu'au bout" de la campagne présidentielle. 


M. Zemmour, qui entame la semaine prochaine la promotion de son livre au parfum de campagne électorale, a dit sur France 2 avoir "envie" d'être candidat, et redit que Mme Le Pen "ne gagnerait jamais" en 2022. "Je ne trouve pas qu'elle ait progressé" depuis son débat raté contre Emmanuel Macron en 2017.


Sébastien Chenu, porte-parole du RN, a répliqué dimanche sur France Inter que Mme Le Pen et M. Zemmour n'étaient pas "de même calibre et de même niveau", questionnant l'utilité d'une "candidature de témoignage".


«Astre mort»

Jordan Bardella, qui reprend la présidence par intérim du parti d'extrême droite, a invité les militants, encore sonnés par l'échec des régionales et en perte d'adhérents, à se "retrousser les manches" pour la présidentielle. Il débutera la semaine prochaine une tournée des fédérations.


Il a particulièrement attaqué le président Macron, "un homme de nulle part qui ne mène nulle part", "qui promettait une révolution et n’a pas mené une seule des réformes" promises.


Il s'en est pris aussi à la socialiste Anne Hidalgo, qui a annoncé dimanche sa candidature à la présidentielle et sera au 20H00 de France 2 au même moment que Marine Le Pen au 20H00 de TF1, qui "a transformé les quartiers de notre capitale en terrains vagues", et s'est moqué des Républicains, un "astre mort", qui finiront par rallier M. Macron.


La veille, Marine Le Pen avait présenté son directeur de campagne, Christophe Bay, un ancien préfet et pas un politique comme David Rachline en 2017, et évoqué des déplacements thématiques sur deux ou trois jours, pour "prendre le temps" d'échanger avec les Français autour des 22 propositions de son programme, au lieu de 144 en 2017.


Dans un opuscule de conseils à sa "chère Marine" qu'il soutient pour 2022, le maire de Béziers Robert Ménard lui suggère de quitter définitivement la présidence du parti, pour montrer qu'elle se "donne totalement à cette campagne".


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.