Présidentielle: Zemmour, un sulfureux éditorialiste au bord de la candidature

Dans cette photo d'archive prise le 22 avril 2021, l'idéologue d'extrême droite français Eric Zemmour pose lors d'une séance photo à Paris. Eric Zemmour sera jugé le 8 septembre 2021 après ses propos sur les migrants mineurs en 2020 sur la chaîne de télévision CNews. (Joel Saget / AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 22 avril 2021, l'idéologue d'extrême droite français Eric Zemmour pose lors d'une séance photo à Paris. Eric Zemmour sera jugé le 8 septembre 2021 après ses propos sur les migrants mineurs en 2020 sur la chaîne de télévision CNews. (Joel Saget / AFP)
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Publié le Samedi 11 septembre 2021

Présidentielle: Zemmour, un sulfureux éditorialiste au bord de la candidature

  • A sept mois de l'élection, et alors que la France est déjà quasiment entrée en campagne électorale, le cas Zemmour agite de plus en plus le landerneau politique et médiatique
  • Un sondage début septembre le créditait d'environ 8% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, un score largement insuffisant pour passer au 2e tour, mais qui pourrait handicaper la candidate de l'extrême-droite Marine Le Pen

PARIS : On l'exècre ou on l'adore. Il est loué pour son «courage» ou fustigé pour son «racisme». Cultivé, virulent, obsédé par l'identité française, l'immigration et l'islam, l'éditorialiste Eric Zemmour fait planer depuis des mois une possible candidature à la présidentielle.

A sept mois de l'élection, et alors que la France est déjà quasiment entrée en campagne électorale, le cas Zemmour agite de plus en plus le landerneau politique et médiatique.

Sortie d'un livre («La France n'a pas dit son dernier mot») dans quelques jours, multiplication des interviews, début d'une tournée littéraire aux allures de campagne électorale... Eric Zemmour occupe avec un plaisir évident le centre de l'attention du moment, se délectant des angoisses provoquées par son éventuelle candidature dans les camps de droite et d'extrême-droite.

Un sondage début septembre le créditait d'environ 8% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, un score largement insuffisant pour passer au 2e tour, mais qui pourrait handicaper la candidate de l'extrême-droite Marine Le Pen, finaliste en 2017, et pour l'instant bien placée pour accéder de nouveau au 2e tour.

Agé de 63 ans, marié et père de 3 enfants, cet homme fluet au regard vert perçant, issu d'une famille juive algérienne modeste, a commencé sa carrière comme journaliste politique. Auteur de plusieurs livres, il commence à être connu du grand public au début des années 2000, dans des émissions «d'infotainment» à la télévision.

Mais c'est avec son arrivée en 2019 sur CNews, parfois qualifiée de «Foxnews française» et propriété du milliardaire français Vincent Bolloré, que «l'éditorialiste écrivain» a vu sa notoriété exploser.

Tous les soirs à 19h, Zemmour décline dans de longs éditoriaux ses thèmes de prédilection -- immigration, musulmans, déclin de la France, «féminisation» de la société -- sans être interrompu ou contredit par l'animatrice et ses autres comparses éditorialistes.

Ses «punchline» font florès, qu'il s'agisse de l'Afghanistan -- «Nous n'avons rien à faire chez les Afghans et les Afghans n'ont rien à faire chez nous» --, des musulmans -- «La France est en danger de mort. En 2050 nous serons une République islamique», ou de la mort de l'acteur Jean-Paul Belmondo -- «une incarnation de l'homme français, une époque où il n'y avait pas l'idéologie LGBT»...

L'émission bat des records d'audience -- 700.000 telespectateurs en moyenne chaque soir -- et constitue, pour un candidat potentiel, un puissant outil de campagne. A tel point que l'autorité de régulation audiovisuelle a récemment demandé un «décompte» des interventions de M. Zemmour consacrées au «débat politique national».

- Poursuites judiciaires -

«Censure», a répliqué l'éditorialiste, qui se pose régulièrement en victime du «politiquement correct» et du «système» politique et judiciaire.

Car ses prises de positions lui valent depuis des années des dizaines de poursuites en justice. Plusieurs fois relaxé, il a toutefois été condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale.

Mais elles lui assurent aussi sa notoriété, son aura sulfureuse et confortent ceux qui pensent qu'«il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas».

«C'est un lanceur d'alerte qui s'apprête à franchir le pas. Un patriote souverainiste qui place l'intérêt national au dessus de tout, qui a du courage», s'enthousiasme Stanislas Rigault, président de «génération Zemmour», un mouvement de quelque 2000 jeunes qui soutiennent la candidature du polémiste.

Selon Bernard Sananes, président de l'institut Elabe, Zemmour a autant de soutien chez les cadres que chez les ouvriers, chez les électeurs de droite que chez ceux d'extrême-droite.

Mais il attire aussi, selon M. Rigault, beaucoup de «primo-militants» jusqu'à présent peu interessés par la politique.

«Il y a une grande lassitude des Français vis à vis de leur personnel politique, certains recherchent un nouveau visage, une nouvelle figure disruptive, ce qu'était d'ailleurs un peu Macron en 2017», analyse Adelaïde Zulfikarpasic, directrice de BVA Opinion.

«Pour autant, est ce que le phénomène va prendre dans l'opinion?» s'interroge-t-elle.

- Ressorts émotionnels -

«C'est un aventurier d'extrême-droite, favorisé par une conjoncture de crise et de peur», estime Gérard Noiriel. Cet historien a consacré en 2019 un livre à Zemmour, «le venin dans la plume», dans lequel il dresse un parallèle entre l'éditorialiste et Edouard Drumont, journaliste chantre de l'antisémitisme français à la fin du XIXe siècle.

«Tous deux viennent de milieux populaires, en tirent leur +légitimité+. Ils fonctionnent sur les mêmes ressorts de l'affect, de l'émotionnel. La France est la victime, et il y a un coupable: les juifs pour Drumont, les musulmans pour Zemmour», estime M. Noiriel.

Reste qu'il y a loin de la notoriété au succès électoral.

«Aujourd'hui, M. Zemmour s'exprime sur les thèmes qu'il choisit, mais s'il est candidat, il devra répondre à des questions sur l'économie, l'éducation, le social», relève M. Sananès.

«J'écoute Zemmour tous les jours fidèlement, avec un grand plaisir. C'est un intellectuel brillant, avec une culture et une pensée carrée. Mais ce n'est pas un bon candidat, il n'a rien de ce qu'il faut pour l'être, pas d'expérience, pas de parcours politique», estime Michel Auffray, ancien professeur de philosophie et patron de bar parisien.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.