PARIS: "Adieu Bébel": après l'hommage national rendu aux Invalides à Jean-Paul Belmondo, place à son public, venu parfois de loin, pour saluer l'acteur de légende qui a traversé "six décennies de vie française", selon les mots du président Macron.
Les portes des Invalides doivent s'ouvrir à partir de 19H30 à ceux qui souhaitent se recueillir devant le cercueil. Un dispositif exceptionnel qui avait déjà été mis en œuvre après le décès de Jacques Chirac en 2019, permettant à des milliers de personnes de dire adieu à l'ancien Président.
Cet honneur fait suite à une cérémonie un peu plus solennelle, mais forte en émotion, avec personnalités du 7e art, membres du gouvernement et la famille de l'artiste.
Marseillaise jouée par la garde Républicaine, revue des troupes par Emmanuel Macron et fans émus étaient au rendez-vous pour saluer l'acteur de "Pierrot le fou".
"Il n'a cessé de chercher le bonheur mais aussi de le donner": tels furent les mots de Victor Belmondo, petit-fils de l'acteur, comédien lui aussi, qui a pris la parole, accompagné des autres petits-enfants de l'acteur et de sa petite dernière, Stella.
"Nous aimons Belmondo parce qu'il nous ressemblait", a salué le président Macron dans son éloge funèbre. "Flic, voyou, toujours magnifique", a-t-il poursuivi, en clin d'œil à sa filmographie, avant de conclure "Adieu Bébel".
Dans la cour des Invalides, près de 1 000 personnes du public ont pu assister à l'hommage, munies de leur pass sanitaire. "On t'aime Bébel", a crié a plusieurs reprises Denis Vandevyvere, 52 ans, fonctionnaire venu dès le matin de Belgique.
Grand admirateur de l'acteur, il a accumulé depuis ses 12 ans 2 500 pièces (posters, cassettes, DVD), à l'effigie de l'acteur. "C'était un grand Monsieur".
«Il est immortel»
Pour ceux qui ne pouvaient pas entrer, des écrans géants étaient installés sur l'esplanade où la foule s'était massée. "C'était un bel hommage. Les mots étaient justes, bien choisis. C'est une page qui se tourne en espérant que celle à venir soit meilleure", a déclaré Bernadette Vincent, 64 ans, fonctionnaire à la retraite, la voix étranglée par l'émotion.
Le cercueil de l'acteur est ensuite sorti au son de "Chi Mai", musique d'Ennio Morricone dans "Le Professionnel", jouée par l'orchestre de la Garde républicaine.
Cette cérémonie avait réuni de nombreuses stars, telles Patrick Bruel, Gilles Lellouche, le couple Guillaume Canet et Marion Cotillard, le DJ Bob Sinclar, Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, ou encore Cyril Hanouna.
"Il est unique, personne ne remplacera Jean-Paul Belmondo. Comme acteur, on a tous Jean-Paul Belmondo en nous", a déclaré à la presse Jean Dujardin, peut-être un des héritiers à l'écran de Belmondo.
"Saint-Augustin disait, les morts sont des invisibles, pas des absents. Pour moi Jean-Paul, il n'est pas absent. Jean-Paul c'est comme Johnny il est là. Il n'aurait pas voulu qu'on fasse la gueule. Il est immortel, Jean-Paul, il partira jamais", a soufflé Michel Drucker, au micro de BFMTV.
"Belmondo transpirait boxe, (...) il aimait les boxeurs", a glissé de son côté Brahim Asloum, champion du noble art. Le monde sportif était aussi représenté par Luis Fernandez, ancien joueur et entraîneur du PSG.
Vendredi matin, les obsèques de Jean-Paul Belmondo se dérouleront en l'église Saint-Germain-des-Prés, dans le centre de Paris, dans l'intimité de la famille.
Figure de proue de la Nouvelle Vague ("A bout de souffle", "Pierrot le fou"), avant de devenir champion du box-office dans des comédies et des films d'action (comme "Le Marginal"), il a enchanté des générations de Français au fil de quelque 80 films, cinéphiles pointus ou amateurs de cascades spectaculaires.
L'acteur avait disparu du grand écran depuis près de 15 ans, après un AVC aux lourdes séquelles. Mais il était toujours aussi populaire.