Le Hezbollah et le mouvement Amal s’affrontent pour contrôler la plus haute autorité religieuse chiite au Liban

L'ancien président libanais, Amin Gemayel, présentant ses condoléances à l'occasion du décès de cheikh Qabalan. (Photo, AN)
L'ancien président libanais, Amin Gemayel, présentant ses condoléances à l'occasion du décès de cheikh Qabalan. (Photo, AN)
La délégation du mouvement du Futur, dirigée par la députée Bahia Hariri, présentant ses condoléances à l'occasion du décès de cheikh Qabalan. (Photo, AN)
La délégation du mouvement du Futur, dirigée par la députée Bahia Hariri, présentant ses condoléances à l'occasion du décès de cheikh Qabalan. (Photo, AN)
Short Url
Publié le Mercredi 08 septembre 2021

Le Hezbollah et le mouvement Amal s’affrontent pour contrôler la plus haute autorité religieuse chiite au Liban

  • Cheikh Abdel Amir Qabalan était à la tête du Conseil suprême islamique chiite depuis deux décennies, avant de décéder à l'âge de 85 ans
  • «Les deux parties pourraient se mettre d’accord pour partager à nouveau le pouvoir ou suspendre le processus d'élection du chef du Conseil», affirme l’universitaire Mona Fayad

BEYROUTH: Mardi, le drapeau libanais a été mis en berne à la suite du décès de cheikh Abdel Amir Qabalan, chef du Conseil suprême islamique chiite, décédé à l'âge de 85 ans.

Le Conseil est la référence officielle de la communauté chiite au Liban. Qabalan était à la tête de cette institution depuis deux décennies. Le parti Amal et le Hezbollah entament désormais une lutte de pouvoir pour déterminer qui sera le prochain président du Conseil.

Le Hezbollah, parti politique et groupe militant islamiste chiite libanais, est soutenu par l'Iran, tandis qu’Amal est dirigé par Nabih Berri, président du Parlement libanais depuis 1992.

Les éloges funèbres de cheikh Qabalan se sont concentrés sur son rôle dans le «maintien de la coexistence et de la paix», mais sa mort mettra l’accent sur le fossé grandissant entre le Hezbollah et Amal.

«Le différend entre les deux partis se manifeste ordinairement au niveau de la base, et non à celui des dirigeants», affirme à Arab News l'universitaire et militante Mona Fayad. «Ils pourraient se mettre d’accord pour partager à nouveau le pouvoir ou suspendre le processus d'élection du chef du Conseil.»

Le Conseil gère les affaires des chiites, et vise à améliorer leurs conditions sociales et économiques. Son programme précise également qu’il «soutient la résistance palestinienne et participe activement avec les pays arabes frères à la libération des territoires occupés, dans le cadre d'une stratégie arabe unifiée».

Selon un recensement effectué en 2020 au Liban, les musulmans constituent environ 69,4% de la population, avec 31,7% de chiites et 31,3% de sunnites, ainsi que d’autres minorités, les alaouites et les ismaéliens.

Cependant, le Conseil s’est divisé sur l'expansion du Hezbollah au sein de la communauté chiite libanaise.

EN BREF

Cheikh Abdel Amir Qabalan était à la tête du Conseil suprême islamique chiite depuis deux dernières décennies, avant de décéder à l'âge de 85 ans.

Certains membres du Conseil sont des partisans du Hezbollah, tandis que d'autres soutiennent le mouvement Amal. Le fossé s'est creusé au cours des deux dernières années, alors que les différends entre les départements du conseil se sont intensifiés après la détérioration de la santé de cheikh Qabalan.

Des religieux chiites indépendants ont en effet critiqué la corruption enracinée au sein du Conseil, qui s’est manifestée par des violations de la loi, du favoritisme et la course Hezbollah-Amal pour le contrôle de la communauté chiite.

Fayad assure à Arab News que le Conseil a même joué un rôle négatif sur les droits des femmes chiites.

«Le rôle du Conseil n'est plus clair, car les élections ont connu un coup d’arrêt. Le corps électoral, qui est composé de personnalités culturelles, économiques, professionnelles et politiques, ne s'est pas réuni une seule fois», précise-t-elle.

«Le Conseil est actuellement en faveur du Hezbollah, et a perdu de son efficacité. Nous ne connaissons pas l'étendue de la présence des forces opposées au parti au sein du conseil, ni leur influence.»

Le différend entre Amal et le Hezbollah sur la direction du Conseil sera-t-il révélé au grand jour?  Pour l’universitaire, l'Iran rejettera certainement tout différend concernant l'autorité du Conseil.

«Le Hezbollah et le mouvement Amal sont particulièrement vulnérables», indique-t-elle. «La population les tient pour responsables de l'effondrement actuel, et la présidence du Conseil est une question insignifiante face à l’enfer que traversent les Libanais.»

Le Conseil a été créé par l'imam Moussa Sadr et approuvé par le Parlement en 1967. Deux ans plus tard, Moussa Sadr était désigné comme son premier chef. Après sa disparition en Libye en 1978, cheikh Mohammed Mahdi Shams al-Din l’a remplacé. Lorsque celui-ci est décédé en 2001, le vice-président du conseil, cheikh Qabalan, a pris sa tête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".