Afghanistan: impuissante, l'administration Biden dans l'embarras face aux exfiltrations d'Américains

Le président américain Joe Biden, le 7 septembre 2021. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden, le 7 septembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

Afghanistan: impuissante, l'administration Biden dans l'embarras face aux exfiltrations d'Américains

  • Le département d'Etat s'est félicité lundi d'avoir « facilité » le départ de quatre Américains par la route vers un pays frontalier de l'Afghanistan
  • C'est la première opération depuis le retrait des Etats-Unis fin août, qui a sonné le glas du pont aérien ayant permis d'évacuer de Kaboul 123 000 personnes en une quinzaine de jours

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont promis de tout faire pour évacuer les Américains coincés en Afghanistan. Mais leurs moyens sont limités, ouvrant la voie à des tentatives d'exfiltration à l'initiative d'élus républicains, anciens militaires ou organisations privées qui mettent dans l'embarras le gouvernement de Joe Biden.

Le département d'Etat s'est félicité lundi d'avoir "facilité" le départ de quatre Américains par la route vers un pays frontalier de l'Afghanistan. Les talibans, au courant, n'ont "pas empêché" leur sortie, a souligné un responsable américain.

C'est la première opération depuis le retrait des Etats-Unis fin août, qui a sonné le glas du pont aérien ayant permis d'évacuer de Kaboul 123 000 personnes en une quinzaine de jours - des Américains, d'autres étrangers et des Afghans susceptibles de subir des représailles des nouveaux maîtres islamistes du pays.

Or le président Biden a promis de continuer à "faire sortir" la centaine d'Américains toujours coincés en Afghanistan.

Mais des républicains ont accusé mardi la diplomatie américaine de tirer la couverture à elle et d'avoir, au contraire, mis des bâtons dans les roues de l'évacuation de ces quatre Américains, une femme prénommée Mariam et ses trois enfants.

"C'est un mensonge", a réagi le député Markwayne Mullin sur CNN, au sujet du rôle de facilitateur revendiqué par Washington.

"Le département d'Etat n'a absolument rien fait pour ces gens pendant douze jours à part risquer de les faire tuer à plusieurs reprises", a tweeté son collègue Ronny Jackson, ancien contre-amiral de la Marine.

Ces deux élus affirment avoir initié l'exfiltration depuis les Etats-Unis et mandaté un candidat républicain au Congrès, Cory Mills, ancien combattant de l'armée ayant servi en Afghanistan, pour la mettre en oeuvre sur le terrain.

Tous les trois assurent que l'administration Biden a d'abord empêché l'évacuation de la famille par avion privé depuis Kaboul lorsque les Américains étaient encore présents, puis refusé d'assister l'équipe chargée de l'exfiltration par voie terrestre.

« Prise d'otages »

Cory Mills a raconté sur Fox News que les talibans avaient en fait longtemps fait obstacle à la sortie de cette famille, invoquant l'absence de "coordination avec les Américains". Il a ajouté avoir dû multiplier les "ruses" pour obtenir un laissez-passer.

Ces républicains se sont appuyés sur la Sentinel Foundation, qui se présente comme une organisation dévouée à lutte contre l'exploitation des enfants, avec une expertise en renseignement et des spécialistes des "opérations spéciales".

Le député Mullin affirme maintenant vouloir faire sortir d'autres Américains.

Il n'en était pas à son coup d'essai: des responsables américains l'avaient accusé d'avoir fait pression, fin août, sur l'ambassadeur américain au Tadjikistan pour l'aider à entrer en Afghanistan avec une grande quantité d'argent liquide afin d'exfiltrer des concitoyens par hélicoptère.

Le problème, pour le gouvernement américain, c'est qu'en retirant tous ses militaires et diplomates d'Afghanistan, il a perdu tout moyen d'action sur le terrain. Il en est donc réduit à compter sur le bon vouloir des talibans, qui furent longtemps ses ennemis jurés.

Le secrétaire d'Etat Antony Blinken a déclaré mardi, au Qatar, avoir reçu un nouvel engagement des talibans qu'ils "laisseraient les personnes avec des documents de voyage partir librement".

Cette position expose l'administration Biden aux accusations d'inaction.

Et laisse le champ libre aux initiatives privées, qu'elle ne peut contrôler -- et que des responsables américains attribuent parfois, en petit comité, à des pieds nickelés prenant des risques inconsidérés.

Antony Blinken a ainsi dû se défendre d'avoir favorisé une "prise d'otages" à Mazar-i-Sharif, dans le nord de l'Afghanistan, comme l'en accusent des ténors républicains.

Des informations parfois confuses font état de la présence sur place de plusieurs centaines de personnes, dont moins d'une vingtaine d'Américains, qu'un assemblage hétéroclite d'ONG, vétérans de l'armée ou individus privés tentent de faire partir à bord de six avions.

Ne disposant pas de personnel au sol, "nous ne sommes pas en mesure de vérifier (...) l'identité des passagers de ces avions, les protocoles de sécurité aérienne ou les endroits où ils entendent se poser", a déclaré le secrétaire d'Etat dans un aveu d'impuissance.

Il a expliqué qu'un "nombre relativement petit d'Américains" était dans un groupe plus grand d'Afghans qui tous n'ont pas de papiers en règle pour être accueillis dans un pays tiers, ce qui complique le départ.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.