11 septembre: Traumatisme collectif et créativité

Les personnes en deuil se rassemblent au 9/11 Memorial & Museum à New York le 11 septembre 2020, alors que les États-Unis commémorent le 19e anniversaire des attentats du 11 septembre. (Dossier/AFP)
Les personnes en deuil se rassemblent au 9/11 Memorial & Museum à New York le 11 septembre 2020, alors que les États-Unis commémorent le 19e anniversaire des attentats du 11 septembre. (Dossier/AFP)
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Publié le Jeudi 09 septembre 2021

11 septembre: Traumatisme collectif et créativité

  • Les attentats terroristes n’ont pas uniquement eu une incidence sur la société américaine, le cinéma et la culture populaire mais leur influence est également profonde et durable
  • Considérer une culture entière comme un ennemi ne fait que renforcer la lutte

DUBAÏ: Mardi matin. Quelques minutes avant 9 h, sur la côte est des États-Unis, les Américains subissent sans doute le plus grand traumatisme de leur vie à travers un écran de télévision. C’est exactement le moment où le deuxième avion percute les tours jumelles à New York; un moment à jamais ancré dans la conscience publique; un moment qui façonnera la culture sous tous ses aspects.

D’autres images macabres suivront et seront reproduites dans des productions cinématographiques et culturelles. Il y a, par exemple, l’homme qui tombe. Il saute du bâtiment pour échapper à la fumée et aux flammes.

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Vue générale du mémorial du World Trade Center à New York le 26 février 2021. (File/AFP)

Il y a aussi l’image des deux tours qui s’effondrent, comme de chagrin. Il y a les nuages de fumée et de débris qui envahissent le sud de Manhattan. Il y a les cendres grises qui s’accrochent à tout et à tout le monde – les rues, les voitures de police et même les survivants.

Ces images demeurent si vives et les blessures ont du mal à guérir complètement parce que c’est absurde, parce qu’il n’y pas d’explication à tout cela. Les événements tragiques du 11-Septembre ont soulevé de nombreuses questions sans pour autant donner de réponses satisfaisantes, ni le jour même ni les jours suivants.

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Kristina Hollywood et sa fille Allyson assistent à une veillée aux chandelles pour les victimes du 11 septembre sur un site commémoratif après la mort d'Oussama ben Laden le 2 mai 2011. (File/AFP)

Les Américains avaient besoin de réponses et c’est d’ailleurs ce que la culture populaire a réussi à leur apporter. Plus que tout, la clé du succès dans le monde du cinéma et de la télévision tient dans la mesure où l’œuvre offre un cadre propice à la réflexion. Plus il est confortable mieux c’est.

Au cours des quelques mois qui ont suivi l’attaque, les films les plus célèbres sont ceux qui ont réussi à fournir les réponses les plus satisfaisantes. Les gens se sont précipités pour assister à la première de Le Seigneur des anneaux: La Communauté de l’anneau, trouvant un semblant de confort dans un monde où le bien et le mal sont clairement définis et où l’esprit pur peut tout surmonter. Dans Harry Potter à l’école des sorciers, le premier de la saga, ils ont découvert que l’amour et l’unité peuvent vaincre une force malveillante et secrètement envahissante.

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La famille de la victime du vol 93 C.C. Lyle arrive à la première de "United 93" lors du cinquième festival annuel du film de Tribeca au Ziegfeld Theatre le 25 avril 2006 à New York. (Dossier/AFP)

En appliquant ce scénario à la «vraie vie», cependant, on se rend compte que le besoin des États-Unis de trouver des réponses a fait ressortir ses pulsions les plus sombres. Certaines personnes – y compris de hauts dirigeants – ont rapidement défini le mal comme étant l’autre arabe et musulman. Ce récit n’est pas né le 11-Septembre. Il a simplement été recentré et renforcé.

Au lendemain de ce jour fatidique, les Arabes deviennent les cibles de crimes motivés par la haine à travers le pays. L’islamophobie est désormais un discours dominant acceptable. Le besoin des États-Unis de s’inspirer du monde réel pour trouver un méchant a porté l’image du terroriste musulman à l’écran, même dans des séries télévisées célèbres comme 24 ou Homeland.

Tous les personnages de la région sont dépourvus de toute nuance, une tendance qui se poursuit dans de nombreuses productions cinématographiques et télévisées comme La Chute de Londres et les films de Jack Ryan qui répètent les mêmes tropes avec uniquement des améliorations sur le plan esthétique.

11 sept

Pour les acteurs arabes, l’après-11 septembre 2001 devient à la fois monde de possibilités et de chagrin. Une scène du film AmericanEast, du réalisateur américano-égyptien Hisham Issawi, dépeint parfaitement cette expérience. Dans ce film, plusieurs immigrants arabes tentent de s’intégrer dans la culture américaine. L’un des personnages, Omar, connaît un certain succès en tant qu’acteur. Son rôle le plus réussi est celui d’un musulman extrémiste qui terrorise les États-Unis et ses espoirs de perpétuer ce succès en jouant d’autres rôles sont rapidement anéantis.

Dans l’une des scènes, Omar est choisi pour un rôle clé dans une série télévisée en tant que médecin qui, par pur hasard, est musulman. Lorsqu’il arrive sur le lieu du tournage, il se rend compte que le rôle a été transformé en celui de terroriste arabe. Quand il cherche à comprendre le côté humain du personnage, le réalisateur, exaspéré, lui répond: «C’est un terroriste. Il est rempli de haine. C’est tout ce que l’on te demande.»

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Janice Ryan pointe du doigt alors qu'elle trouve le nom de son amie au mémorial du World Trade Center à New York le 26 février 2021. (File/AFP)

Injustement, Omar est contraint de choisir: réaliser son rêve ou déshumaniser sa personne et son peuple? Il s’agit là d’un choix que de vrais acteurs ont dû faire dans des circonstances plus désespérantes. Pire encore, le vrai visage des Arabes aux États-Unis et à l’étranger n’est pas montré dans les médias qui continuent de les décrire comme des personnes dépourvues de valeurs et d’humanité.

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Des membres de la Garde côtière américaine rendent hommage aux anciens combattants tués lors des attentats du 11 septembre au mémorial de Ground Zero lors de la Journée des anciens combattants le 11 novembre 2020 à New York. (Dossier/AFP)

Au cours de ces mêmes années, les films qui décrivent les vrais événements derrière le 11-Septembre, ainsi que les guerres qui ont été menées en son nom, ont souvent été accueillis avec indifférence. Le film Démineurs de Kathryn Bigelow – qui traite de la guerre en Irak – a remporté l’Oscar du meilleur film en 2009. Cependant, c’est le film le moins rentable à avoir reçu cette récompense, ce qui signifie que même le prix le plus prestigieux du cinéma ne suffit pas à favoriser la réflexion sur de tels événements dans la psyché culturelle.

Le monde n’avait pas besoin de plus de questions. Il voulait désespérément des réponses. Et s’il existe un truisme auquel les amateurs de films et de séries peuvent se fier, c’est qu’un héros peut leur fournir toutes les réponses qu’ils cherchent. C’est l’idée d’un héroïsme effréné qui a poussé Jack Bauer à devenir un symbole culturel au début des années 2000 dans 24. Les gens ont pu se délecter d’une série qui décrit des événements similaires à ceux du 11-Septembre parce que, au cœur de l’action, il y a un homme qui a tout compris, qui sait pourquoi ça s’est passé et comment y mettre fin.

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Même lorsqu'un film sur la guerre en Irak a remporté l'Oscar du meilleur film en 2009, "The Hurt Locker" de Kathryn Bigelow était le film le moins rentable à avoir jamais reçu cet honneur. (Prix IMP)

Plus encore, le paysage cinématographique de l’après-11 septembre 2001 a été témoin de l’essor des films de superhéros qui avaient eu du mal à véritablement s’imposer par le passé en dehors de Superman et de Batman. En 2002, à la suite de la sortie de Spiderman, ce genre est devenu dominant – il l’est toujours.

Dans Le Chevalier noir, de Christopher Nolan et Superman, de Zack Snyder, les images de ce mardi matin si tragique – la fumée, les tours qui s’effondrent, les hommes qui tombent – ont été utilisées pour donner l’impression que ces superhéros sauvent le monde tel qu’il était vraiment, celui dans lequel nous avons vécu et non le monde fantastique que nous avons vu par le passé.

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Les films "Dark Knight" de Christopher Nolan et les films "Superman" de Zack Snyder ont pris l'imagerie directe de ce mardi matin tragique. (Prix IMP)

L’univers cinématographique Marvel a par la suite tout éclipsé, répondant aux besoins de narration non élucidés des Américains. Captain America montre le désir de comprendre le bien vu par les Américains. C’est une incarnation de l’innocence qui doit faire face à une époque plus sombre. Dans Iron Man, l’ingéniosité américaine réussit à surmonter l’extrémisme musulman. Dans Vengeurs, le 11-Septembre est reproduit par une force extraterrestre. La seule solution n’est pas l’unité citoyenne du peuple américain autour d’un objectif commun mais le recours à des superhéros pour faire le travail à notre place.

Les États-Unis ont également porté à l’écran des héros de la «vraie vie». En 2014, American Sniper de Clint Eastwood raconte l’histoire de Chris Kyle, tireur d’élite de la Navy Seal. Il s’agit du plus gros succès de cette année-là et du film de guerre le plus rentable de tous les temps. American Sniper a fait abstraction de la nuance qui a miné les films de «guerre contre le terrorisme» pendant plus d’une décennie et l’a remplacée par un personnage qui a l’assurance d’un héros Marvel, parfaitement conscient d’être un bon gars qui tue des méchants et qui n’a jamais commis d’acte injustifiable.

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Le tireur de l'US Navy SEAL, Chris Kyle, a été représenté dans le film "American Sniper" de Clint Eastwood en 2014. (Prix IMP)

Ce fut enivrant pour le public qui a décidé de faire fi du fait que Chris Kyle n’était pas ce Captain America auquel on s’attendait mais qui a plutôt idolâtré le héros Marvel The Punisher, un justicier monstrueux dont l’iconographie est célèbre auprès des forces spéciales américaines. Ainsi, et à mesure que les choses se sont calmées, l’œuvre a semblé plus controversée que le laissent entendre les éloges initiaux.

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Un drapeau américain est suspendu à Oculus au World Trade Center Transportation Hub pour le week-end du Memorial Day à New York le 29 mai 2021. (File/AFP)

Tout n’est pas si sombre, bien entendu. Le cinéma américain est à son apogée lorsqu’il pose un regard critique sur le plan interne et montre plus de compassion à l’extérieur de ses frontières. Les films et les acteurs arabes et musulmans ont remporté beaucoup de prix, et des séries comme Ramy ont montré les événements du 11-Septembre du point de vue des Américains d’origine arabe qui se sont retrouvés brusquement marginalisés.

Le bras de fer au sein de la communauté créatrice pendant les deux dernières décennies semble enfin pencher en faveur d’une réponse qui aurait dû être trouvée directement après la tragédie: la paix, la coexistence et la reconnaissance de l’humanité commune triomphent de tout mal. Considérer une culture entière comme un ennemi ne fait que renforcer la lutte.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Australie: la communauté juive, bouleversée et en colère, enterre «le Rabbin de Bondi»

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies
  • Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé

SYDNEY: Dans une synagogue bondée, emplie de cris et de larmes, la communauté juive de Sydney traumatisée a rendu hommage mercredi au rabbin Eli Schlanger, première victime de l'attentat antisémite de la plage de Bondi a être mise en terre.

Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies.

Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé.

David Deitz, homme d'affaires de 69 ans, qui connaissait M. Schlanger "depuis très, très longtemps", explique à l'AFP que le rabbin a eu "une influence positive sur beaucoup de gens".

"C'est un choc pour l'Australie de voir un tel événement se produire ici. Ce n'est pas dans la nature des Australiens", poursuit-il.

Une forte présence sécuritaire a été mobilisée lors des obsèques, avec des policiers alignés dans la rue fermée au public.

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme.

En 2021, le nombre de juifs australiens était estimé à 117.000.

"Ils auraient pu nous écouter" 

Jillian Segal, la responsable de la lutte contre l'antisémitisme en Australie, a fustigé cette semaine des préjugés antijuifs "qui s’insinuent dans la société depuis de nombreuses années et contre lesquels nous ne nous sommes pas suffisamment élevés".

Mme Segal a été la première nommée à ce poste après une série d'attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, au début de la guerre d'Israël dans la bande de Gaza.

Au cours des 12 mois suivant l’attaque du Hamas en Israel du 7 octobre 2023 qui a déclenché cette guerre, les incidents de nature antisémite en Australie ont augmenté de 316%, dépassant les 2.000, dit-elle.

"Nous devrions pouvoir être qui nous sommes sans avoir peur", a déclaré Brett Ackerman, un analyste de données âgé de 37 ans.

La colère gagne certains membres de la communauté qui estiment que leur cri d'alarme face à la montée de l'antisémitisme depuis le 7-Octobre n'a pas été pris en compte.

"Ils auraient pu nous écouter" se désole M. Ackerman. Pour lui, l'attaque n'était "pas une surprise".

A côté de lui, le rabbin Yossi Friedman acquiesce. "Le message était clair depuis un peu plus de deux ans", soutient-il. "Est-ce que nous nous sentons en sécurité? Pour être honnête, pas vraiment."

"Nous pensions être en sécurité. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient des survivants de la Shoah, et beaucoup d’entre eux sont venus ici pour échapper à la haine et au sang versé, aux pogroms, à la persécution (...) et c'est ce qu'on retrouve ici", observe-t-il.

"Problème de société"

Le Premier ministre Anthony Albanese a dénoncé l'attaque de Bondi comme un acte terroriste antisémite de "pure méchanceté" perpétré par des hommes inspirés par l’idéologie jihadiste du groupe État islamique.

Mais il a rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement n'avait pas réagi suffisamment à l'appel de Mme Segal.

Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait pénalisé les discours de haine et interdit le salut nazi et les symboles haineux, entre autres.

Depuis la fusillade, M. Albanese mène une initiative conjointe entre le gouvernement central et les Etats d'Australie en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. L'assaillant le plus âgé possédait six armes dûment enregistrées.

Mais pour l'écrivain Danny Gingef, 66 ans, "la réforme des armes à feu est une diversion totale par rapport au vrai problème, qui est la haine, il faut identifier la haine là où elle commence".

Au départ du cercueil, les spectateurs ont entonné des chants en hébreu. Submergés par l’émotion, certains se sont effondrés dans les bras de leurs proches, à peine capables de tenir debout.

"Je sens que ces dernières années, les Juifs ont été en état d’alerte maximale", dit M. Gingef. Il se sent triste et en colère, et fait référence aux "marches de la haine" où il a vu des manifestants porter des drapeaux du Hezbollah.

Pour lui, il n’y a pas "beaucoup plus que nous puissions faire" sans le soutien des autorités et d’autres groupes.

"L’antisémitisme n’est pas un problème que les Juifs doivent résoudre, c’est un problème de société".

lec-oho/mjw/lgo/alh/pt

 


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en-dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com