DEAUVILLE: Le conte fantastique français "Ogre", avec l'actrice Ana Girardot, a fait frissonner les spectateurs du 47e festival de Deauville, les replongeant dans les peurs liées à l'enfance dans un film qui épouse en partie le point de vue d'un petit garçon.
Fuyant la ville et une situation familiale difficile, Chloé part refaire sa vie dans un petit village de la région française du Morvan où elle est institutrice, avec son fils Jules qui souffre d'un déficit auditif. Cette néo-rurale s'acclimate tant bien que mal à sa nouvelle vie et fait connaissance avec un médecin, séduisant et énigmatique.
Mais Jules, huit ans, mal accueilli par les enfants du village, sent qu'une bête rôde la nuit, alors que le bétail est décimé, et découvre qu'un petit garçon a disparu mystérieusement.
"Il y avait cette envie de faire un conte fantastique français où c'était une façon de mêler ma culture de spectateur de film fantastique anglo-saxon ou espagnol et de se dire qu’on avait quelque chose à raconter en l'ancrant dans une géographie et dans la société française", a expliqué dimanche le réalisateur Arnaud Malherbe.
Ainsi, celui-ci a souhaité raconter une histoire "de notre propre culture de peurs", rappelant que la figure de l'ogre dans la culture avait ses racines en France.
Plusieurs séquences replongent le spectateur dans les contes de l'enfance, comme les chasseurs (Pierre et le Loup), le bois (Le petit chaperon rouge), des acteurs en ombres chinoises autour d'un lac menaçant ou encore la femme du maire rappelant la sorcière de Hänsel et Gretel.
Le film aborde aussi largement le thème de la difficulté des adultes à comprendre le monde de l'enfance. "Les films de genre permettent de parler de rapports familiaux, de problèmes psychologiques enfouis", a expliqué Ana Girardot. "Son fils essaye de la prévenir et elle ne voit rien. J'essaye de défendre le personnage sans aucun jugement", a ajouté l'actrice française.
Le film, dont la sortie est prévue pour le 9 mars prochain, avait connu un tournage délicat: débutée en février 2020, la production avait dû être stoppée quinze jours plus tard à cause de la pandémie, faisant peser des craintes pour la suite du tournage, notamment à cause de la croissance de l'acteur jouant le petit garçon.
Le tournage avait finalement pu reprendre en juin de la même année.
Dédié au cinéma américain, le festival de Deauville projette également plusieurs films français, hors compétition.