Qatar: Ahmad, réfugié afghan dans une résidence du Mondial de football

«Physiquement je suis à Doha, mais mentalement je suis en Afghanistan avec ma famille. Je suis comme mort». (Photo, AFP)
«Physiquement je suis à Doha, mais mentalement je suis en Afghanistan avec ma famille. Je suis comme mort». (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 04 septembre 2021

Qatar: Ahmad, réfugié afghan dans une résidence du Mondial de football

  • Ahmad Wali Sarhadi, qui travaillait aussi pour une association humanitaire financée par les États-Unis, dit être recherché par les talibans depuis deux ans et demi
  • «Quand je les ai entendu arriver dans la rue, j'ai sauté de l'autre côté d'un mur. J'ai mis (...) un turban pour ressembler à un taliban», raconte Ahmad

DOHA: Le Qatar a beaucoup investi pour accueillir avec faste la Coupe du monde de football en 2022. Mais en attendant, le complexe résidentiel conçu par le comité d'organisation reçoit des hôtes improbables: des réfugiés afghans. 

"Chez nous, on n'a pas tous ces équipements", témoigne Ahmad Wali Sarhadi, un Afghan de 28 ans, installé dans un bâtiment à deux étages avec un compagnon d'infortune, Khalid Andish, 24 ans.   

Deux canapés, une télé écran plat, deux lits, une cuisine équipée et la climatisation. Il semble surréaliste d'imaginer Ahmad, quelques jours plus tôt, dans sa maison de Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, avec sa femme et ses cinq enfants. 

Ce journaliste, qui travaillait aussi pour une association humanitaire financée par les États-Unis, dit être recherché par les talibans depuis deux ans et demi.

1
Les réfugiés afghans Khalid Andish (à gauche), 24 ans, et Ahmad Wali Sarhadi (au centre), 28 ans, posent pour une photo avec des enfants réfugiés à l'extérieur de leur logement à Park View Villas. (Photo, AFP)

Quand il raconte sa fuite, on dirait qu'il sent encore sur sa nuque le souffle des talibans, les nouveaux maîtres de Kaboul, dont le premier passage au pouvoir, il y a plus de 20 ans, n'a laissé que des souvenirs d'exécutions et de politique moyenâgeuse.  

"Quand je les ai entendu arriver dans la rue, j'ai sauté de l'autre côté d'un mur. J'ai mis (...) un turban pour ressembler à un taliban", raconte Ahmad. 

«Ne le dis à personne»

"J'ai appelé ma femme. Elle pleurait. 'Je vais à Kaboul, ne le dis à personne'".

Le débit est rapide. L'émotion est enterrée, retenue par de fortes doses d'antidépresseur.

Arrivé à Kaboul, il raconte s'être rendu tous les jours devant l'aéroport tôt le matin pour essayer d'y entrer. Le Comité de protection des journalistes (CPJ, une ONG américaine) l'informe qu'il va l'aider. Puis, "j'ai eu un appel des Qataris (...) Depuis le 13 août, je n'ai eu aucun contact avec ma famille".

Dans sa main gauche, amputée de ses doigts par une bombe des talibans il y a plus de dix ans, il tient le smartphone sur lequel défilent des photos de sa famille. Selfie de sa petite fille, au sourire lumineux. 

Le complexe dans lequel est logé Ahmad, le Park View Villas, d'une capacité de 1 500 personnes, est le fruit de la volonté du Qatar d'investir dans le sport pour rayonner sur la scène internationale. Des délégations, des médias et des personnalités y seront logés pendant le prochain Mondial, prévu du 21 novembre au 18 décembre 2022. 

Mais pour l'heure, le complexe constitue un refuge inespéré pour les Afghans.

1
Khalid Andish et Ahmad Wali Sarhadi se tiennent avec d'autres réfugiés dans un centre d'accueil près de leur logement à Park View Villas. (Photo, AFP)

Quasiment tous ces réfugiés sont des journalistes, présents grâce au Qatar qui entretient des liens étroits depuis des années avec les talibans. En évacuant quelque 50 000 personnes depuis l'arrivée au pouvoir des islamistes, le 15 août, le richissime émirat est devenu un partenaire incontournable et s'offre une belle réputation.

"Personne ne s'intéresse à nous, sauf les Qataris", estime Ahmad.

Il y a quelques semaines, il a été invité à suivre un master de journalisme en Inde. Mais il a renoncé. "Il me faudrait un soutien financier".

De Kandahar, il lui reste un sac à dos, un smartphone, un livre, un ordinateur et sa seule vraie richesse: ses papiers et ses diplômes. Sa vie tient dans une pochette en plastique. 

"Physiquement je suis à Doha, mais mentalement je suis en Afghanistan avec ma famille. Je suis comme mort", confie Ahmad.

«Aucun espoir»

Dehors, des enfants jouent dans un square. Tourniquet et toboggan. Des femmes passent en discutant. Un homme arbore sur un tee-shirt, en anglais, cette phrase d'espérance: "Commence quelque chose de nouveau, maintenant. Être un humain".  

À son tour, Khalid Andish relate son histoire, à la fois singulière et semblable aux quelque 600 autres réfugiés présents dans la résidence. Le 15 août, ce célibataire fuit la radio de quartier dans laquelle il travaillait à Kaboul. Il n'a pas de nouvelles de ses frères et sœurs depuis.

"J'étais sur la liste des talibans, ils pourraient viser ma famille s'ils ne me trouvent pas", s'inquiète-t-il. 

Il espère un jour "être capable de servir (son) pays comme journaliste, activiste, enseignant, formateur...". "Mais pour le moment je n'ai aucun espoir de rentrer". 

Dans chaque maison, se ressassent des récits de fuite et d'angoisses. On y trouve un peu d'espoir aussi, chez ceux qui savent où ils iront s'installer. Irlande, Irak, Rwanda, États-Unis, Grande-Bretagne... Comme une loterie de mauvais goût. 

Ahmad, lui, attend: "Je ne sais pas qui va m'accepter comme réfugié".


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Short Url
  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Short Url
  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Short Url
  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com