PARIS : D'un hangar de banlieue à l'autre en attendant un musée digne de ce nom, les Journées du patrimoine les 18 et 19 septembre vont permettre aux amateurs de retrouver les vieux métros, trams, trolleys et autobus ayant circulé dans la région parisienne.
La RATP ouvre exceptionnellement sa réserve de matériel ancien, entreposée depuis 2012 dans un bâtiment ferroviaire près du triage de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).
A l'entrée du hangar anonyme devant lequel manœuvrent des engins de SNCF Réseau, un bus de... Dunkerque.
L'intérieur est une véritable caverne d'Ali Baba, avec ses alignements d'autobus de toutes les époques, ses voitures de métro, sa rame de la ligne de Sceaux (devenue RER B), ses panneaux surannés... Ses toiles d'araignées aussi.
«C'est une réserve de matériel roulant historique. Ce n'est pas un musée», souligne Claire Morillon, responsable du patrimoine à la RATP.
Un mur de véhicules entreposés par l'Association du musée des transports urbains, interurbains et ruraux (AMTUIR) renforce l'impression de bric-à-brac, tout comme une arrière-salle remplie de vieux plans, de mâts signalant les stations ou de nez de vieilles rames de métro.
On trouvera dans la partie «visitable» des dizaines d'autobus de toutes les époques -à plateforme, à impériale, articulés, ou juste normaux-, un tramway, un trolleybus, un module du projet de métro automatique Aramis des années 1970 et, surtout, des voitures du métro parisien.
Particulièrement impressionnante, la reconstitution du premier métro de 1900, tout en bois, carrément luxueux en première classe. «Les Parisiens volaient les ampoules», remarque Mme Morillon. Ce modèle a très peu roulé, l'incendie de la station Couronnes -qui a fait 84 morts en août 1903- ayant conduit à adopter un matériel moins inflammable.
Parmi ses successeurs, la réserve de Villeneuve-Saint-Georgesconserve des voitures des mythiques Sprague-Thomson qui ont roulé de 1908 à 1983, le très beau Nord-Sud de 1925 ou le prototype du premier métro sur pneus.
- Visites théâtralisées -
«On garde des modèles qui ne circulent plus», remarque Mme Morillon. C'est pourquoi on trouvera ici des bus assez récents, tandis que les métros présentés remontent au moins aux années 1950.
Pour les Journées du patrimoine, «on aura des visites théâtralisées, avec une troupe de six comédiens qui viendra raconter l'histoire de la RATP à travers le matériel roulant», explique Marie Aulanier, chargée des événements culturels à la Régie.
Les inscriptions sont obligatoires, ouvertes les 7 et 14 septembre sur ratp.fr/voyageursdupatrimoine.
Pour compléter la visite, il faut aller jusqu'à Chelles (Seine-et-Marne), où l'AMTUIR conserve d'autres reliques des transports parisiens dans un espace provisoire, préfiguration d'un futur Musée des transports urbains en France.
L'endroit est théoriquement ouvert un samedi par mois, et évidemment --sans réservation-- pour les Journées du patrimoine.
L'AMTUIR se bat depuis des années pour recréer un musée des transports publics, le vieux dépôt de Saint-Mandé (Val-de-Marne) qui abritait les collections ayant fermé ses portes en 1998.
«Nous sommes indépendants de la RATP (et) nous essayons de construire un projet avec la Réunion des musées nationaux-Grand Palais», explique le président de l'association, Michel Arlais.
Un site est trouvé, toujours à Chelles, et la structure définitive devrait voir le jour en 2025 ou 2026 dans le cadre d'un projet immobilier confié à Atland et Vinci par la Métropole du Grand Paris.
«Il manque 5.000 mètres carrés si on veut rapatrier le matériel de Villeneuve-Saint-Georges», calcule-t-il, notant que la collection comprend des modèles venus de toute la France, dont «30 à 40% de véhicules parisiens».
En attendant, l'AMTUIR en présente la moitié avec 70 tramways, trolleybus et autobus.
Pour les Journées du patrimoine, des vieux bus feront la navette avec la gare de Chelles, sur le RER E.
L'association va également prêter un véhicule pour des balades au départ de la Maison de la RATP, à Paris.
Pour compléter le programme, la RATP propose des «visites insolites» dans le métro, un jeu dans le réseau, ou des découvertes du chantier de la ligne 14, au sud de la capitale.
Là encore, il faut s'inscrire sur ratp.fr/voyageursdupatrimoine.