Afghanistan: les Américains partis, le temps est venu de gouverner pour les talibans

Des combattants talibans lors d'un rassemblement à Kaboul le 31 août 2021. (Photo, AFP)
Des combattants talibans lors d'un rassemblement à Kaboul le 31 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 01 septembre 2021

Afghanistan: les Américains partis, le temps est venu de gouverner pour les talibans

  • Les talibans avaient dit attendre le départ des derniers soldats étrangers d'Afghanistan pour annoncer la composition de leur gouvernement
  • Les talibans se sont plusieurs fois dits déterminés à former un « gouvernement inclusif »

KABOUL: Après avoir célébré le départ de l'envahisseur américain, les talibans commencent mercredi à s'atteler à une tâche gigantesque, celle de gouverner l'un des pays les plus pauvres au monde, qui ne sait pas encore exactement quoi attendre d'eux.

Les talibans avaient dit attendre le départ des derniers soldats étrangers d'Afghanistan pour annoncer la composition de leur gouvernement. C'est désormais chose fait depuis le retrait final lundi, une minute avant minuit, de l'armée américaine.

Ce départ, que le président américain Joe Biden a encore défendu avec âpreté mardi, a mis fin à 20 années d'une guerre déclenchée par l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis pour chasser les talibans du pouvoir, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. 

Les talibans se sont plusieurs fois dits déterminés à former un "gouvernement inclusif". Pour la communauté internationale, leur capacité à tenir cet engagement sera un premier signal pour évaluer la confiance qui peut leur être accordée.

Depuis qu'ils ont repris le pouvoir le 15 août, à l'issue d'une campagne militaire dont les succès rapides ont surpris les Occidentaux, les talibans se sont efforcés d'afficher une image d'ouverture et de modération.

Mais leurs promesses laissent sceptiques de nombreux Afghans et dirigeants étrangers, qui gardent en mémoire le régime fondamentaliste mis en place par les talibans lorsqu'ils dirigeaient le pays entre 1996 et 2001.

Beaucoup d'Afghans et d'Occidentaux craignent un retour en arrière sur les droits humains acquis ces deux dernières décennies, notamment pour les femmes, qui ont accédé à l'éducation, sont entrées en politique ou dans les médias.

Reporters sans frontières a ainsi indiqué mercredi que sur les 700 Afghanes journalistes en poste en 2020, elles sont désormais moins d'une centaine à encore exercer leur métier aujourd'hui. 

La plupart des pays ont prévenu qu'ils jugeraient sur les actes et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a prévenu que "la légitimité et le soutien" devaient "se mériter".

Défilé militaire

"Nous voulons avoir de bonnes relations avec les États-Unis et le monde", a répondu mardi le principal porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid.

La communauté internationale exige aussi des talibans, qui avaient refusé de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, après le 11-Septembre, qu'ils ne laissent pas l'Afghanistan redevenir un sanctuaire du terrorisme.

Al-Qaïda a félicité mardi les talibans pour leur victoire. "La débâcle afghane de l'Amérique et de l'Otan marque le début de la fin pour l'ère sombre de l'hégémonie occidentale et de l'occupation militaires des terres islamiques", a souligné l'organisation.

Les talibans ont tenu de samedi à lundi un conseil de leurs dirigeants à Kandahar (sud), leur berceau spirituel, sous la houlette de leur chef suprême Hibatullah Akhundzada, lequel n'a encore jamais fait d'apparition publique depuis sa nomination en mai 2016, selon un communiqué publié mardi.

Ces discussions ont porté notamment sur la formation du gouvernement, la situation sécuritaire et la remise en route des services publics.

Mercredi, ils ont fait défiler des dizaines de véhicules militaires à Kandahar, dont nombre de Humvees pris sur le champ de bataille aux troupes américaines, de l'Otan ou de l'ancienne armée gouvernementale.

Les islamistes, qui ont promis de ne pas se venger de ceux ayant travaillé pour le gouvernement précédent, doivent remettre sur les rails une économie dévastée par la guerre et qui dépend essentiellement de l'aide internationale, en grande partie gelée ces derniers jours.

Leur défi le plus urgent sera de trouver les fonds pour verser les salaires des fonctionnaires et maintenir en état de marche les infrastructures vitales (eau, électricité, communications).

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde mardi contre "une catastrophe humanitaire" en Afghanistan et "la menace d'un effondrement total des services de base".

Les talibans doivent aussi prouver qu'ils ont l'expertise pour diriger le pays, alors que des dizaines de milliers d'Afghans, souvent parmi les plus éduqués et qualifiés, ont fuit l'Afghanistan depuis leur arrivée au pouvoir.

Un avion qatari à Kaboul

Ils seront aussi attendus sur leur gestion de l'aéroport de Kaboul, d'où les Occidentaux ont fait évacuer dans l'urgence plus de 123 000 personnes, afghanes et étrangères, entre le 14 et le 30 août.

Un avion qatari transportant une équipe technique s'est posé mercredi sur cet aéroport d'une importance cruciale pour faire transiter le soutien médical et humanitaire dont le pays a besoin.

Une source proche du dossier a indiqué à l'AFP que le Qatar avait envoyé cette équipe pour discuter de "la reprise des opérations de l'aéroport", les talibans ayant fait une requête d'"assistance technique".

Le Qatar leur a aussi demandé mercredi d'ouvrir un "passage sûr" aux personnes voulant quitter le pays, les rappelant à leur engagement de laisser les Afghans circuler librement vers l'étranger. 

Ils doivent aussi trouver un terrain d'entente avec les quelques pays, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont encore des ressortissants en Afghanistan et envisagent de faire partir ceux qui le souhaitent.

Dans un discours depuis la Maison Blanche, le président Biden a défendu dans la nuit son choix de quitter l'Afghanistan et de mettre fin à la plus longue guerre qu'ait connue l'Amérique.

"Je suis convaincu que c'est la bonne décision, une sage décision, et la meilleure décision pour l'Amérique", a-t-il déclaré.

"Nous n'en avons pas fini avec vous", a-t-il aussi lancé à l'adresse du groupe jihadiste État islamique au Khorasan, qui a revendiqué l'attentat qui a fait plus de 100 morts, dont 13 soldats américains, jeudi à l'aéroport de Kaboul.

M. Biden est très critiqué dans son pays, nombre de ses concitoyens se demandant à quoi aura finalement servi l'engagement en Afghanistan. Les États-Unis déplorent quelque 2 500 morts et une facture de 2 313 milliards de dollars en 20 ans de conflit, selon une étude de la Brown University. 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.