La lutte autour de TikTok maintient les créateurs de contenu du Moyen-Orient à l’affût

 La page de téléchargement de l’application TikTok s’affiche sur un iPhone le 7 août 2020. (AFP)
La page de téléchargement de l’application TikTok s’affiche sur un iPhone le 7 août 2020. (AFP)
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Publié le Mercredi 09 septembre 2020

La lutte autour de TikTok maintient les créateurs de contenu du Moyen-Orient à l’affût

  • Les utilisateurs gagnent du temps alors que le décret de Trump qui vise à interdire l’application de partage de vidéos est confronté à un défi juridique
  • L’Arabie saoudite est classée au huitième rang des pays en nombre d’utilisateurs en 2019, selon Route Note

DUBAÏ: La course pour acheter l’une des applications de médias sociaux les plus populaires du marché s’intensifie, alors que son propriétaire actuel se prépare à une bataille judiciaire avec le gouvernement américain.

Certaines des plus grandes entreprises du monde sont en pourparlers pour acquérir la plate-forme chinoise de partage de vidéos TikTok après le décret du président américain, Donald Trump, le mois dernier, qui interdirait l’application aux États-Unis pour des raisons de sécurité nationale à moins qu’une autre entreprise ne l’achète d’ici à mi-septembre.

Le 24 août, TikTok et un employé de l’entreprise ont intenté des poursuites distinctes en Californie contre le décret du 6 août.

Les utilisateurs du Moyen-Orient s’inquiètent des ramifications régionales d’une éventuelle interdiction américaine.

L’application vidéo TikTok a déclaré le 22 août qu’elle contesterait devant le tribunal la répression de l’administration Trump contre le service populaire chinois, que Washington accuse d’être une menace pour la sécurité nationale. (AFP / Photo Fichier)

Avec plus de 800 millions d’utilisateurs actifs, selon DataReportal, et plus de 2 milliards de téléchargements en avril 2020, l’application se classe parmi les 10 plates-formes de médias sociaux les plus populaires au monde.

Au Moyen-Orient, les influenceurs des médias sociaux et les créateurs de contenu ont accueilli l’application avec enthousiasme.

En 2019, l’Arabie saoudite se classait au huitième rang des pays en ombre d’utilisateurs, selon RouteNote.

C’est à Dubaï, aux Émirats arabes unis (EAU) qui occupent la deuxième place parmi les États membres du Conseil de coopération du Golfe, que TikTok a installé, en 2018, son bureau régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Au Moyen-Orient, les influenceurs des médias sociaux et les créateurs de contenu – tels qu’Abbas, Sarah Miladd et Saad Abdallah – ont accueilli l’application avec enthousiasme. (Photo Fournie)

Les EAU se classent au 11e rang mondial en nombre d’influenceurs sur TikTok, avec une moyenne de 380 vidéos téléchargées sur leurs pages.

« TikTok a connu une croissance rapide cette année, et en particulier au Moyen-Orient où il a été très bien accueilli », explique Rami Zeidan, responsable de la vidéo et de la création au bureau de TikTok à Dubaï.

« Nous avons vu du contenu émerger dans plusieurs parties de la région, en particulier grâce à la participation de nos créateurs de contenu à certains défis hyper locaux, et nous avons récemment constaté une augmentation du contenu dans les domaines du fitness, de la technologie et du jeu. »

Selon Zeidan, un des principaux engagements de l’application dans la région est de cultiver la communauté TikTok à travers différents défis sur la plate-forme et d’autres initiatives adaptées au public arabe.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec les membres de notre communauté TikTok et nous les encourageons à exprimer leur créativité à travers une variété de secteurs allant de la musique à la nourriture, à l’éducation, aux voyages, au fitness, à la mode et à la comédie, car nous ne priorisons aucun domaine », ajoute-t-il.

Cette popularité grandit avec l’incertitude quant à l’avenir de l’application à la suite du décret de Trump et des défis juridiques.

Le décret interdit toute transaction américaine avec la société mère chinoise de TikTok, ByteDance.

Le décret stipule que les données collectées par TikTok « menacent de permettre au Parti communiste chinois d’accéder aux informations personnelles et exclusives des Américains » et pourraient permettre à la Chine de localiser les employés et les sous-traitants fédéraux.

En vertu de ce décret, TikTok serait définitivement bloqué pour des millions d’utilisateurs aux États-Unis à moins qu’une autre entreprise n’acquière l’application d’ici au 20 septembre.

Après à ces attaques, TikTok fait valoir qu’elle n’a pas eu la possibilité de répondre, et que les préoccupations en matière de sécurité nationale entourant l’application sont sans fondement.

« Le décret n’est pas enraciné dans de véritables problèmes de sécurité nationale », lit-on dans la plainte publiée sur le site Web de la société. 

« Des experts indépendants de la sécurité nationale et de la sécurité de l’information ont critiqué la nature politique de ce décret et ont exprimé des doutes quant à la véracité de son objectif de sécurité nationale déclaré. »

Une poursuite distincte déposée par un employé de TikTok qualifie le décret d’« extrêmement large » et se demande si les salaires des employés seront couverts malgré la partie du décret qui interdit les transactions avec l’entreprise.

De nombreux experts des médias sociaux estiment que la controverse est davantage liée aux tensions américano-chinoises.

« Les applications créent de grands débats autour des données, mais chaque application que nous utilisons contient tellement de données, auxquelles de nombreux gouvernements ont déjà accès » a déclaré à Arab News Alexandra Maia, stratège créative des médias sociaux et PDG de House of Social, une entreprise de conseil basée à Dubaï.

« Puisque TikTok est une application appartenant à des Chinois – et nous savons qu’il y a des tensions entre la Chine et les États-Unis – c’est une recette pour le désastre, et nous devons simplement attendre et voir ce qui va se passer. »

Maia a déclaré qu’une interdiction potentielle aux États-Unis pourrait créer un sentiment temporaire d’incertitude chez les utilisateurs réguliers du monde arabe, mais n’aura pas d’impact sur les « purs créateurs de contenu » qui construisent une marque. 

Sur cette photo prise le 11 août 2020, le logo de l’application vidéo chinoise TikTok est visible sur le côté du nouvel espace de bureau d’une entreprise sur le campus C3 à Culver City, à l’ouest de Los Angeles. (AFP/Photo Fichier)

« La majorité des gens hésitent peut-être un peu à continuer à créer fréquemment du contenu, mais un petit groupe de créateurs engagés continuera à le faire parce qu’ils comprennent le jeu », ajoute-t-elle.

« Nous observons cela avec TikTok au Moyen-Orient, tout comme nous l’avons observé avec Snapchat en Arabie saoudite. Les jeunes générations arrivent en premier parce qu’elles sont les plus avisées et sont les plus précoces dans leurs goûts. L’ancienne génération commence alors à rattraper son retard. »

En termes pratiques, TikTok a initialement attiré des adolescents en raison de ses outils d’édition uniques et faciles à utiliser, mais il est rapidement devenu populaire parmi les trentenaires, le hashtag #over30’sclub devenant viral ces derniers temps. Malgré la controverse, Maia, comme beaucoup d’autres analystes, pense que TikTok est « là pour durer ».

Le buzz autour des acheteurs potentiels, y compris Twitter, Microsoft et plus récemment Oracle, crée une anticipation sur l’avenir de TikTok dont la valeur est estimée aujourd’hui à 75 milliards de dollars selon PitchBook.

L’homme derrière l’application, laquelle compte des millions de personnes qui publient des vidéos de courte durée sur leur portable, est le milliardaire chinois Zhang Yiming, dont la fortune nette s’élève à 16,2 milliards de dollars.

L’homme derrière l’application est le milliardaire chinois Zhang Yiming. (Reuters)

Connu pour être extrêmement secret quant à sa vie personnelle, Zhang a qualifié la demande de Trump de vendre l’application de « déraisonnable ».

Un porte-parole de TikTok a déclaré à Arab News: « Depuis que nous avons annoncé publiquement, il y a deux semaines, que nous évaluons les changements apportés à la structure d’entreprise de TikTok, de nombreuses suggestions ont été faites par des personnes externes non impliquées dans les discussions de l’entreprise. Nous ne commentons pas les rumeurs ou les spéculations. Nous sommes très confiants dans le succès à long terme de TikTok et rendrons nos projets publics lorsque nous aurons quelque chose à annoncer. »

TikTok a lancé un portail d’actualités appelé « The Last Sunny Corner of the Internet » pour répondre aux commentaires concernant le décret de l’administration Trump, et pour expliquer son approche de la lutte contre la désinformation et la feuille de route de sécurité de l’application.

Pour les créateurs de contenu concernés dans le monde arabe, Maia a quelques conseils: « En tant que spécialistes du marketing et hommes d’affaires, nous devons simplement nous concentrer sur la création de contenu, la construction de notre marque, être transparent avec nos abonnés et commencer à nous préparer un peu à une stratégie de sortie en cas de besoin. Mais d’ici là, créez votre contenu et votre communauté vous suivra là où vous voulez qu’elle vous suive. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".